À Hong Kong, le « mode SOS » de l'iPhone sert de rempart face à la police

Stéphane Moussie |

Une fonction assez méconnue de l'iPhone est devenue quasiment vitale pour les manifestants hongkongais. Colin Cheung, soupçonné d'être sur Telegram un administrateur d'un groupe contestataire influent, a empêché la police de consulter son iPhone en exploitant le « mode SOS », rapporte le New York Times.

En pleine arrestation, il a appuyé pendant une poignée de secondes simultanément sur le bouton latéral et un des boutons de volume de son téléphone pour enclencher la fonction appel d'urgence, qui désactive Face ID (ou Touch ID selon les modèles). L'authentification biométrique n'est réactivée qu'après la saisie du code de déverrouillage.

Les quatre policiers en civil avaient attendu qu'il déverrouille son iPhone pour l'attraper dans un centre commercial. Alors que Colin Cheung a eu le temps de verrouiller son iPhone avant que les policiers s'en emparent, ceux-ci l'ont giflé et forcé à ouvrir les yeux devant l'écran pour utiliser Face ID, selon le témoignage de l'homme de 29 ans. Le mode SOS ayant été tout juste enclenché, Face ID n'a pas opéré.

Présente depuis iOS 11, la fonction appel d'urgence peut également s'activer en appuyant rapidement cinq fois sur le bouton latéral de l'iPhone, à condition de cocher l'option correspondante (Réglages > Appel d'urgence > Appeler avec le bouton latéral). Une autre option permet de passer automatiquement un appel aux urgences, en l'occurrence le 112 en Europe, et de prévenir un ou plusieurs contacts personnels.

Manifestation à Hong Kong le 14 juillet. Image Studio Incendo (CC BY 2.0).

L'arrestation de Colin Cheung s'inscrit dans une guerre de surveillance à laquelle se livrent la police et les manifestants de Hong Kong, qui protestent contre le gouvernement local pro-Pékin à la suite d'un projet de loi, désormais suspendu, visant à autoriser les extraditions vers la Chine.

Les autorités tirent parti du vaste réseau de caméras de surveillance pour identifier les protestataires. Certains manifestants cherchent à l'inverse à identifier les policiers, qui ne portent plus de matricules. Sur un groupe Telegram ayant plus de 50 000 membres s'échangent des informations sur les policiers, ainsi que d'autres contenus mêlant guides pour manifester et menaces de morts à l'égard des autorités. Colin Cheung avait commencé à mettre au point un logiciel de reconnaissance faciale qui identifiait les officiers à partir de photos publiées en ligne. L'ancien étudiant en informatique assure ne pas avoir mené à bien ce projet.

Aux États-Unis, pays dans lequel les bavures policières ont fait plusieurs morts, un utilisateur a créé en fin d'année dernière un raccourci « Police » qui ne vise pas à désactiver Face ID mais à filmer discrètement une arrestation en cours. Le raccourci récupère la géolocalisation et l'envoie à un proche par un message, passe l’iPhone en mode Ne pas déranger, réduit sa luminosité au maximum et lance un enregistrement vidéo sur la caméra avant.

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