iOS 17.1 : la mise à jour corrective pour le DAS de l’iPhone 12 disponible « au plus tard le 24 octobre »

Anthony Nelzin-Santos |

Le berger répond à la bergère. Quelques jours après qu’Apple a confirmé qu’iOS 17.1 désactivera « la fonctionnalité de détection d’éloignement du corps » qui a justifié l’interdiction de la commercialisation de l’iPhone 12, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) annonce que « ce correctif sera disponible pour tous les utilisateurs au plus tard le 24 octobre ». Ce n’est pas tous les jours qu’une administration publique promulgue une update, mais il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’un ministre parasite sciemment la présentation d’un téléphone.

Image iGeneration.

Apple et l’ANFR s’affrontent depuis dix-huit mois sur le protocole de mesure du débit d’absorption spécifique (DAS) appliqué aux membres. Le DAS quantifie l’énergie véhiculée par les ondes électromagnétiques émises depuis un appareil vers son utilisateur. C’est une mesure du pire, qui n’est pas représentative des émissions moyennes lors de l’utilisation quotidienne, mais indicative des émissions maximales lors de l’utilisation dans les zones où la couverture cellulaire est faible.

Le DAS a longtemps été mesuré au niveau de la tête, le téléphone collé à l’oreille pour simuler les appels, et du tronc, le téléphone placé à 5 mm de distance pour simuler le rangement dans une poche poitrine. Dans un cas comme dans l’autre, les autorités européennes ont fixé une limite légale d’exposition à 2 W/kg sur dix grammes de tissu. Une troisième mesure s’est ajoutée en 2020, le téléphone collé à un membre pour simuler les manipulations dans les mains, avec une limite légale d’exposition fixée à 4 W/kg sur dix grammes de tissu.

Cette mesure est purement déclarative, mais les régulateurs vérifient ponctuellement les dires des fabricants. Lors de la première campagne de contrôle du DAS « membres », l’iPhone SE s’était distingué avec une mesure frôlant la limite légale d’exposition (3,87 W/kg), alors que la plupart des modèles se tiennent largement à distance des limites des DAS « tête » et « tronc » depuis plus d’une décennie.

C’était déjà un effet secondaire de la fonctionnalité de « détection d’éloignement du corps » intégrée à iOS, qui peut augmenter la puissance d’émission de l’iPhone lorsqu’il est posé sur une surface statique. L’ANFR explique que le laboratoire accrédité pour tester l’iPhone 12 en son nom a « constaté un dépassement du DAS “membre” pour plusieurs bandes de fréquences utilisées en Europe, malgré la mise en œuvre d’un protocole stimulant régulièrement l’appareil pour activer les algorithmes de contrôle de sa puissance de transmission à proximité du corps humain. »

Apple assure que « le protocole de test spécifique utilisé par l’ANFR » exige de limiter la puissance à 4 W/kg « même lorsque l’appareil est testé sur une surface statique éloignée du corps » au mépris des normes internationales. Chacun étant persuadé d’être dans son bon droit, la situation s’est enlisée ces douze derniers mois, jusqu’à ce que Jean-Noël Barrot sente la possibilité de faire un « coup » politique. Au moment même où Apple présentait l’iPhone 15, le ministre délégué chargé du Numérique se rendait sur les plateaux pour annoncer l’interdiction de l’iPhone 12… dont la commercialisation venait de cesser.

Apple a pris une (énième) leçon de relations publiques, le ministre méconnu s’est payé une campagne de communication à peu de frais, et l’ANFR s’est retrouvée un peu malgré elle dans une posture offensive. La firme de Cupertino peut geindre tant qu’elle veut, l’ANFR reste droite dans ses bottes, « l’interdiction de commercialisation de l’iPhone 12 restera en vigueur en France jusqu’au déploiement effectif de cette mise à jour auprès du grand public. » Rendez-vous le 24 octobre au plus tard, donc.

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