A6 : un projet démarré il y a quatre ans

Florian Innocente |

Le processeur A6 n'a pas encore révélé tous ses secrets, mais de nouvelles confidences viennent donner l'ampleur des efforts qui ont mené à sa naissance chez Apple.

Un projet entamé il y a quatre ans, lorsqu'Apple a commencé à faire l'acquisition de spécialistes en design de processeurs. Et l'illustration que l'iPhone 5 est une évolution profonde face à ses prédécesseurs.

Linley Gwennap, un ancien d'HP dans la division processeurs, est le fondateur du cabinet de consulting qui porte son nom, et qui est par ailleurs éditeur de la lettre d'information The Microprocessor Report.

Dans un billet, il donne quelques détails sur la conception de l'A6. Il va aussi dans le sens d'une puce conçue sur mesure en interne par Apple. Une théorie déjà développée par Anandtech.

De son point de vue, le travail réalisé sur l'A6 est au niveau de complexité du Cortex A15 ou de la toute nouvelle puce Krait développée par Qualcomm. Linley Gwennap remonte à l'année 2008 avec l'acquisition par Apple de PA Semi pour 278 millions de dollars et sitôt après, l'obtention d'une licence auprès d'ARM pour avoir le droit de concevoir ses propres puces. Un privilège allant beaucoup plus loin qu'avoir le droit de s'appuyer sur les design conçus par la société anglaise (lire Apple se lance dans le processeur & PA Semi : un rachat de matière grise ?).

Avec PA Semi qui avait conçu des PowerPC à basse consommation, Apple récupéra une équipe de vétérans du secteur, dont le PDG Dan Dobberpuh (qui avait derrière lui les puces Alpha de DEC et StrongARM). Mais également Jim Keller et Pete Bannon, le premier a quitté Apple pour AMD il y a un peu plus d'un mois, tandis qu'un ancien d'AMD avait fait le chemin inverse un peu plus tôt.

Cette même année 2008, un groupe de PA Semi se mit au travail sur ce qui allait devenir l'A4, basé sur un coeur ARM de Samsung (le premier processeur d'iPhone mentionné par Apple lors de la sortie de l'iPhone 4). Un autre groupe lança au même moment le projet de l'A6.

D'après une source de Linley Gwennap, Steve Jobs plaça la barre extrêmement haute pour les performances de ce processeur, avant de réaliser que les contraintes physiques que connaissaient les autres fabricants s'appliquaient aussi à Apple… Le chantier prit donc plus de temps que prévu.

Quelques départs de personnages importants dans cette équipe firent également l'actualité, comme ceux de Dan Dobberpuh et Mark Hayter (lire Apple : départ de l'ancien PDG de PA Semi ? & Google rachète la startup d'anciens d'Apple et PA Semi). Ce qui suscita quelques interrogations.

Mais Linley Gwennap explique que ces personnages, bien que de première importance, n'étaient pas impliqués directement dans le développement des processeurs. Surtout, Apple renforça ses effectifs par une campagne vigoureuse d'embauches. Est cité notamment le recrutement de Gerard Williams en 2010 (il s'affiche sur Linkedin comme Platform Architect après un parcours chez ARM, Texas Instruments et Intel). Il était le directeur technique sur les Cortex A8 et A15 et il occupe un rôle de première importance chez Apple dans le développement des processeurs des iPhone et iPad.

En 2010, poursuit Linley Gwennap, le design de l'A6 fut achevé et les tests grandeur nature purent commencer. Pour accélérer les choses et améliorer encore les performances de sa puce, Apple dépensa 120 millions de dollars en avril pour acheter Intrinsity. Une société qui avait déjà épaulé Samsung pour accélérer son Hummingbird, celui-là même qui servit de base à l'A4.

À l'été 2011, les premiers exemplaires de l'A6 furent livrés, et il semble que son entrée en production fut validée au tout début de l'été 2012. Pour Linley Gwennap, il y a de bonnes chances pour qu'Apple revoie son design tous les deux ans au moins, de manière à rester dans la course. Le support du 64 bits et l’utilisation de quatre coeurs seraient ainsi des candidats naturels pour la prochaine grande évolution, ainsi que des progrès supplémentaires côté GPU.

Le consultant observe au passage qu'Apple aura réussi à mettre sur le marché un processeur dans la lignée du Cortex A15 juste quelques mois avant Samsung. Il aura fallu pour cela des investissements conséquents et une volonté, très tôt, de prendre ces développements en main plutôt que de trop dépendre d'acteurs extérieurs.

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