L'Apple A6, une puce dessinée « à la main »

Anthony Nelzin-Santos |

L'Apple A6 n'en finit plus de surprendre. On savait qu'il s'agissait de la première puce AX entièrement conçue par Apple, qui a tenté d'équilibrer puissance et économie d'énergie et d'espace. Ce que l'on ne savait pas, c'est qu'il s'agit aussi d'un des rares SoC de ces dernières années à être conçu en partie manuellement.

L'Apple A6. Image Chipworks / iFixit.

Depuis quelques décennies, la conception des circuits électroniques complexes est assistée par ordinateur : on programme l'arrangement des composants plutôt que de le faire à la main, et on peut tester le comportement des circuits avant même de les fabriquer. VLSI Technology, l'un de deux fondateurs d'ARM avec Acorn et Apple, était d'ailleurs un des spécialistes de systèmes de CAO électronique et de l'optimisation des circuits générés « automatiquement », ce qui n'est pas étranger à l'avance qu'a pu obtenir ARM dans les applications mobiles.

L'analyse de l'Apple A6 par Chipworks a révélé qu'Apple avait au moins partiellement conçu manuellement certains de ses circuits. Alors que les cœurs graphiques sont organisés de manière très carrée et très… logique, les cœurs processeur ont un petit côté désordonné qui trahit l'intervention humaine. Une intervention d'ailleurs permise par la licence ARM d'Apple, qui fait partie de la poignée de sociétés à pouvoir non seulement reprendre les designs de base, mais aussi les personnaliser.

Il n'est pas rare que des ingénieurs doivent reprendre des circuits conçus par ordinateur pour corriger des erreurs provenant de la programmation. Mais il semble ici qu'il ne s'agisse pas d'une simple correction, mais bien d'un travail de réorganisation d'ensembles par ailleurs créés par programmation, voire de création manuelle de circuits extrêmement complexes. Dans tous les cas, il s'agit d'un travail pénible au point d'en être titanesque. Un effort rare dans le domaine, mais qui est souvent récompensé par un gain en performance et en économie d'énergie.

On retrouve sans doute là les fruits des acquisitions d'Intrisity, spécialiste de la CAO électronique, et de P.A. Semi, spécialiste de l'optimisation des circuits et de la création de cœurs processeur de zéro. Une petite merveille d'ingénierie sur laquelle Apple n'a pour ainsi dire pas communiqué, pour ne se concentrer que sur ses bénéfices : plus de puissance en moins d'espace et avec moins d'énergie que les solutions précédentes et les solutions concurrentes. De l'avantage de créer ses propres puces, pour paraphraser Steve Jobs…

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