Les méfaits et gestes d'iOS 7

Stéphane Moussie |

iOS 7 sacré meilleure expérience mobile ? À lire la récente analyse du Nielsen Norman Group, pas sûr que le nouveau système d’Apple mérite le titre décerné par Pfeiffer Consulting.

La société fondée par Jakob Nielsen, un ergonome reconnu, se montre très critique à l’égard d’iOS 7. « Apple a démoli des millions d’heures d’apprentissage de la part des utilisateurs en changeant les icônes », estime Raluca Budia de Nielsen Norman Group. Le changement est utile s’il apporte du mieux, mais est-ce le cas des nouvelles icônes ? Probablement pas, juge l’ergonome. Toutefois, il ne faut que quelques jours, voire quelques semaines, pour que les utilisateurs reprennent leurs automatismes sur ce point — et pendant ce temps-là, les utilisateurs peuvent toujours se référer au nom de l’app placé sous son icône.

Si le renouvellement des icônes est un problème temporaire, ce n’est pas le cas d’autres éléments d’iOS 7. Afin que le système soit facile d’utilisation, les boutons d’action doivent être aisément distinguables du contenu. Avec iOS 7, Apple a effacé toute trace de boutons conventionnels pour ne garder que le texte qu’ils contiennent. Un choix qui ne déstabilisera pas ou peu les utilisateurs des versions antérieures d’iOS, mais qui peut désorienter les novices (lire : Aperçu d’iOS 7 : un OS et des utilisateurs plus adultes). Dans le cas de Mail, pour signifier le bouton de suppression de compte, le texte est en rouge et centré.

Le problème, selon Raluca Budia, c’est qu’il y a aussi un bouton d’action signalé par du bleu et une flèche, des boutons à bascule ON/OFF et un bouton gris accompagné d’une flèche. « Cette incohérence rend l’écran plus difficile à utiliser, et pire, il rend les autres écrans plus difficiles à comprendre car la facilité d’apprentissage est réduite. »


Mobile Inspector

Si ces nouvelles guidelines ne sont respectées qu’à moitié par les développeurs, qui oublient par exemple d’ajouter de la couleur aux éléments d’action, le résultat peut être alors incommodant, comme le montre l’application Mobile Inspector. L’autre retour en arrière mis en exergue par cette application, c’est la nouvelle roue de sélection. Seuls trois choix sont aisément lisibles, les autres étant distordus et plus fins.

Les griefs de Nielsen Norman Group à l’encontre d’iOS 7 en matière d’ergonomie ne s’arrêtent pas là. L’arrivée de nouveaux gestes tactiles entraîne une ambiguïté que tous les utilisateurs du système ont rencontré au moins une fois. En voulant faire apparaître Spotlight, on affiche en fait le Centre de notifications, ou inversement, à cause des deux gestes trop proches. Une ambiguïté qui vaut aussi pour le bas de l’écran avec la présence du Centre de contrôle. L’occasion de rappeler qu’il est possible de désactiver le Centre de contrôle sur l’écran verrouillé et à partir des apps si la mauvaise manipulation arrive trop souvent (Réglages > Centre de contrôle).

Au final, le jugement de Raluca Budia est sévère :

« Apple a ignoré certains problèmes rencontrés par Microsoft avec le flat design et des gestes ambigus sur Windows 8. Il faudra voir si les guidelines d'Apple évitent aux designers de se perdre dans un monde plat en 2D. Mais les expériences avec les premières applications redessinées pour iOS 7 sont assez négatives : plusieurs d'entre elles ont une ergonomie inférieure à leur version iOS 6. »

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