Retour sur l'accord Apple-Nokia

Arnaud de la Grandière |

En annonçant la fin du litige avec Apple (lire Accord à l'amiable entre Apple et Nokia, Nokia adopte le ton sobrement victorieux qui sied aux communiqués de partenariats stratégiques entre deux grandes sociétés :

« Nous sommes très satisfaits de voir Apple rejoindre le nombre croissant de licenciés de Nokia », a indiqué Stephen Elop, affichant un triomphe modeste.

L'accord met fin à plus d'un an et demi d'une bataille juridique amère et sans la moindre concession entre deux des plus grosses sociétés au monde de la téléphonie mobile. Le pugilat a sans aucun doute paru indigne de leur stature à bien des reprises.

Nokia est celle qui a lancé l'offensive, en accusant Apple de refuser de payer la licence sur ses brevets fondamentaux qu'elle a versés à la technologie GSM, au cœur de tout téléphone mobile. Mais la version d'Apple est venue apporter un éclairage bien différent : selon elle, ce sont les conditions extravagantes de Nokia qui l'ont poussée à se passer de sa licence, et qui lui ont fait préférer purement et simplement remettre en question la validité même des brevets de Nokia.

Selon elle, Nokia aurait exigé, outre le tarif « raisonnable » exigé en matière de standards (et observé pour tous les autres fabricants), un accord de licence croisé portant sur les brevets exclusifs de l'iPhone, ce à quoi Apple ne pouvait résolument consentir. Cette version paraît plausible : on imagine bien plus volontiers qu'Apple aurait refusé de partager ses technologies exclusives plutôt que de simplement se refuser à payer la licence des brevets portant sur le GSM, dont elle a largement les moyens financiers.

Le reste n'aura été qu'écritures juridiques, chaque société gonflant le poitrail en ajoutant autant de brevets prétendument violés par son opposante, et joignant moultes juridictions diverses et variées au dossier. Les victoires et les échecs, de forme jusqu'ici, ont été plus ou moins également réparties entre les belligérantes.


La carte des procédures, cc Florian Mueller

Difficile de dire ce qui aura convaincu les sociétés de trouver un accord, entre les diverses victoires et l'évolution même du marché. Parmi les éléments qui ont pu jouer, la situation de plus en plus inquiétante sur le plan stratégique de Nokia, qui commence à sérieusement se faire sentir sur ses résultats (lire Nokia publie un avertissement sur ses résultats), et l'accord avec Microsoft.

Au delà du retrait de toutes les plaintes de part et d'autre, les termes de l'accord, comme le veulent la tradition et le maintien des apparences, resteront secrets.

On ignorera donc, qui d'Apple ou de Nokia, aura fini par céder sur la question cruciale des technologies de l'iPhone, si du moins la version d'Apple était avérée, ce qui serait le nœud gordien de l'affaire et déterminerait son vrai vainqueur : Nokia si Apple a concédé ses technologies, ou Apple si, comme elle affirme le vouloir depuis le début de l'affaire, elle s'est contentée de payer pour la licence des brevets du GSM.

Accédez aux commentaires de l'article