RIM dévoile BlackBerry 10

Anthony Nelzin-Santos |

Comme prévu, RIM a profité du BlackBerry World pour présenter BlackBerry 10, sa prochaine plateforme mobile qui sera enfin une réponse adaptée à iOS et Android.

BlackBerry 10, autrefois connu sous le nom de BBX, dérive de l'OS de la tablette PlayBook et est comme lui basé sur QNX, l'UNIX propriétaire de RIM. Il offre néanmoins une interface tout à fait différente et qui fait la synthèse entre la grille d'icônes d'iOS, les widgets d'Android, et les tuiles de Windows Phone 7 dans une proposition originale. L'écran d'accueil affiche ainsi au sommet une barre de notifications, et à sa base une barre de raccourcis permettant de lancer rapidement l'application Téléphone, la recherche universelle, et l'appareil photo. Entre les deux, on trouve des widgets interactifs : météo, calendrier, galerie photo, lecteur musical. On retrouve une grille plus classique d'applications au second plan.

L'accent est mis sur la fluidité du système : l'appareil de démonstration a de ce point de vue parfaitement tenu la charge et il a été impossible de déceler le moindre ralentissement. Mais la fluidité n'est pas qu'une question de puissance : l'interface invite à la manipulation. Pour afficher les options de l'appareil photo, il faut ainsi balayer le cadre ; pour revenir à la liste des mails après avoir lu un courrier, il faut là encore balayer la vue : l'interface apprend les gestes à l'utilisateur par une suite de transitions plutôt bien conçues.

On sent d'ailleurs l'influence de TAT, le studio de design de RIM, à travers cet OS qui semble extrêmement bien fini : le tactile y est considéré comme un acquis, et les gestes un peu moins évidents. Les grands débutants seront peut-être perdus, mais l'ensemble paraît plutôt puissant. Le système de notifications est à remarquer : on peut rapidement « tirer » une notification de nouveau courrier pour voir sa liste de mails, puis la relâcher pour revenir à l'application en cours, un système de multitâche élégant.

Élégant, c'est le mot qui vient à la bouche à la fin de la démonstration des principales fonctions de BB10, comme l'appareil photo qui prend des clichés en rafale au déclenchement et permet de choisir la meilleure photo au long d'un fil d'Ariane, ou le clavier qui suggère des mots non sur une barre séparée qu'il faut aller chercher du doigt, mais sur la prochaine lettre à taper. Thorsten Heins assure que même en passant au tout-tactile, RIM restera un spécialiste du clavier.

Élégant, ce n'est par contre pas un bon adjectif pour décrire l'appareil de développement avec lequel sont repartis les invités. Il s'agit comme prévu d'un appareil assez grossier, mais qui montre que le tactile est le futur du BlackBerry. Il est doté d'un écran 4,2" 1280x768 px et d'une puce NFC, utilise une micro-SIM et un port micro-HDMI. Il préfigure le premier appareil grand public qui embarquera BlackBerry 10 d'ici la fin de l'année. Trop tard ? Peut-être pas : RIM a pris son temps, mais semble avoir particulièrement travaillé son OS pour le distinguer des autres et ne pas être une simple copie servile d'iOS.

Une stratégie qui rappelle celle de Microsoft, qui n'a pour le moment pas payé : RIM peut certes compter sur la puissance de la marque « BlackBerry », mais doit encore faire ses preuves dans le développement d'un écosystème d'applications et de services. Les développeurs ont donc été particulièrement choyés au BlackBerry World : en plus de repartir avec une mule, ils pourront bientôt se former aux nouveaux outils de développement de RIM, qui a enfin décidé de simplifier son approche. Le framework Cascade de BB10 offre deux possibilités : on utilisera C/C++ ou Qt pour les développements les plus lourds (avec une librairie standard d'éléments d'interface), ou les langages du web pour les développements les moins exigeants.

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