Neil Young présente Pono, son baladeur pour audiophiles

Anthony Nelzin-Santos |

Neil Young a levé le voile sur Pono, son projet de service de musique en haute qualité. Il sera constitué d'un magasin en ligne, d'outils de conversion, et d'une série de baladeurs optimisés.


En hawaïen, « pono » signifie « juste ». Image CBS

À l'occasion de la dernière conférence D: Dive Into Media, Neil Young avait présenté l'idée derrière Pono, conçu comme un produit de niche certes, mais un produit de niche qui pourrait tirer toute l'industrie vers le haut. Selon le chanteur canadien, le piratage serait « la nouvelle radio » en tant que vecteur de découverte de la musique. Mais alors qu'il y avait une véritable différence de qualité entre la radio et le CD, il n'y a plus de différence de qualité entre le piratage et la musique dématérialisée — pire, le piratage offre parfois une meilleure qualité que l'offre légale !

Neil Young veut réinstaurer la progression logique qui favorisait l'acte d'achat, la conversion d'un auditeur en acheteur : Pono distribuera des fichiers de la plus haute qualité possible, celle des masters (192 kHz / 24-bits). Qobuz propose déjà une offre similaire, mais elle se limite à 1 663 albums ; les trois majors ont signé des accords pour distribuer des albums sur la plateforme Pono, soit déjà 8 000 albums pour Warner Music Group. Pono proposera d'ailleurs des outils pour numériser les sources analogiques à la plus haute qualité possible.

Les puces mobiles sont aujourd'hui assez puissantes pour lire des fichiers d'une telle qualité, mais elles restent énergivores. Le prototype présenté par Neil Young est bien plus petit que toutes les solutions « transportables » pour audiophiles, mais reste considérablement plus encombrant qu'un iPhone ou même qu'un iPod. Il séduira donc sans doute les audiophiles, mais aura peut-être du mal à convaincre le grand public, d'autant qu'il sera sans doute cher, que les fichiers seront extrêmement lourds et que le prix d'un album devrait tourner autour de 15 à 20 €.

Le but de Neil Young n'est néanmoins pas de révolutionner l'industrie, mais de la tirer vers le haut. Alors qu'il discutait régulièrement avec Steve Jobs d'un éventuel « iTunes HQ », il laisse entendre que Pono « forcera iTunes à être meilleur et à améliorer sa qualité plus rapidement. » Un but ambitieux, mais pas forcément irréaliste au vu de la campagne de promotion qui se profile. Le pari de Pono sera paradoxalement réussi si le projet de Neil Young est un jour tué par un futur iTunes en lossless.

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