La rupture est consommée entre Netflix et le festival de Cannes

Mickaël Bazoge |

En n'autorisant en compétition officielle que les films qui sont sortis en salles (ou qui prévoient de l'être), le célèbre festival a définitivement fermé la porte aux services de streaming comme Netflix (lire : Cannes persiste et signe : Netflix interdit de tapis rouge).

Ted Sarandos, le patron des contenus de Netflix, a bien reçu le message. Dans une interview à Variety, il annonce que l'entreprise ne participera pas au festival. Ça va mieux en le disant c'est certain, mais cela ne changera pas grand chose, aucun film produit par Netflix ne pouvant être sélectionné de toute manière.

« Nous avons choisi de nous tourner vers le futur du cinéma. Si Cannes préfère rester coincé dans l'histoire du cinéma, très bien », assène le dirigeant qui regrette évidemment que les réalisateurs ayant choisi de travailler pour Netflix ne puissent pas monter les marches du palais du festival.

Si Netflix ne sera donc pas de la fête sur le tapis rouge, en coulisses l'histoire est différente. L'entreprise sera bien présente au marché du film, là où les professionnels vendent et achètent leurs productions. « Personnellement, je n'irai pas [au festival] », explique Ted Sarandos. « Mais nous aurons des gens qui seront là pour acquérir des films, parce qu'il y a beaucoup de films qui n'ont pas encore de distributeur ». Les affaires sont les affaires.

L'absence de Netflix dans la vitrine du festival va néanmoins se faire sentir cette année, alors que le service de streaming présentait l'an dernier deux œuvres très intéressantes, Okja et The Meyerowitz Stories. Pourquoi se priver de sélectionner des films importants pour des histoires aussi techniques que la distribution en salles ?

La direction du festival a « choisi de célébrer la distribution plutôt que l'art du cinéma », expose Sarandos. « Comme c'est aussi le cas de tous les autres festivals dans le monde ». Manière de dire que Cannes n'a pas choisi le bon combat… D'après le représentant de Netflix, Thierry Frémaux le délégué général du festival a érigé une règle qui « punit » aussi bien les réalisateurs que les amoureux du cinéma.

Ted Sarandos garde tout de même l'espoir que la direction du festival fera machine arrière, « nous espérons qu'ils vont se moderniser (…) Nous encourageons Cannes à rejoindre la communauté du cinéma et nous les y accueillerons de nouveau ». Le festival de Cannes aura lieu du 8 au 19 mai ; la sélection sera connue demain jeudi 12 avril. Elle ne comportera aucun film Netflix.

Accédez aux commentaires de l'article