Jeu en streaming et navigateurs web : le régulateur britannique va passer Apple sur le gril

Mickaël Bazoge |

Apple et Google vont devoir s'expliquer devant la CMA (Competition and Markets Authority), l'équivalent britannique de notre Autorité de la concurrence. Dans la ligne de mire du régulateur anglais : le jeu en streaming dans les navigateurs web. L'autorité a établi que les deux entreprises constituaient un duopole dans les écosystèmes mobiles, ce qui leur donne une mainmise sur les systèmes d'exploitation, les boutiques d'apps et les navigateurs web sur les appareils mobiles.

Une restriction imposée à un des navigateurs mobiles de référence du marché mobile — autrement dit Safari ou Chrome — peut avoir un impact majeur sur l'usage des utilisateurs et sur celui des joueurs qui passent par des services en streaming pour s'adonner à leur passion dévorante. Ils seraient 800 000 au Royaume-Uni.

La CMA a organisé une consultation publique au mois de juin, qui soutient une enquête approfondie de l'autorité. Parmi les points à éclaircir : la manière dont Apple restreint le jeu en streaming sur l'App Store. Techniquement, le cloud gaming n'est pas interdit par Apple, mais les conditions sont tellement draconiennes que Microsoft (Xbox Cloud Gaming), Nvidia (GeForce NOW) et Google (Stadia) ont préféré passer par Safari.

« Les développeurs web se sont plaints que les restrictions d'Apple, combinées à un sous-investissement possible dans sa technologie de navigateur web, entraînent des coûts supplémentaires et de la frustration », explique la CMA. Les développeurs doivent en effet faire face à des bugs et à des problèmes techniques à tel point qu'ils ne peuvent faire autrement que de créer des applications mobiles « alors qu'un site web pourrait suffire ».

La question du manque d'investissement pour faire de Safari et de WebKit des alternatives convaincantes aux applications natives n'est pas nouvelle. Apple avance lentement sur ce point, même s'il est à noter que des améliorations sont régulièrement apportées.

Apple et Google objectent que ces restrictions sont en place pour « protéger les utilisateurs ». La CMA déterminera si cette explication est fondée, et si de nouvelles règles doivent s'appliquer pour renforcer la concurrence.

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