4G : mais que fait Orange ?

Christophe Laporte |

2016 aura réservé plein de surprises en ce qui concerne le déploiement de la 4G en France ! Qui aurait vraiment imaginé que SFR puisse refaire pratiquement l’intégralité de son retard sur Orange en matière de sites 4G en service ?

SFR a quasiment rattrapé son retard sur Orange

Une fois encore en décembre, l’opérateur au carré rouge a explosé les statistiques en activant 730 sites, selon les statistiques de l’ANFR. Avec 9 835 sites, SFR frôle la barre des 10 000 sites, qu’Orange a justement dépassée de peu. Avec 274 nouveaux sites, l’opérateur historique en est précisément à 10 038 sites.

Non seulement il est en passe de se faire doubler par SFR, mais il se fait distancer par Bouygues (10 600 sites) qui a ouvert quasiment 500 nouveaux sites le mois dernier. Enfin, de son côté, Free Mobile est sur le même tempo qu’Orange avec 270 nouveaux sites ouverts.

Mais, et c’est l’un des enseignements de 2016, le trublion apparait comme décroché de ses concurrents avec 7568 sites ouverts. Rappelons qu’il y a quasiment un an, Free était passé devant SFR (lire : Déploiement 4G : SFR se fait surprendre par Free Mobile) .

Nombre de nouveaux sites 4G mis en service en 2016

Suite à la publication des résultats, SFR, tableau à l’appui (voir ci-dessus), n’a pas manqué de se féliciter d’avoir été l’opérateur le plus offensif sur la 4G l’année dernière.

Couverture et débit ne vont pas de pair

On ne peut pas résumer le déploiement de la 4G à un nombre de sites ou d’antennes en activité, même si c’est un facteur important. Encore faut-il derrière que le réseau de l’opérateur suive. Et ça c’est une autre histoire…

Il est intéressant de constater à quel point le déploiement de la 4G diffère de celui de la 3G. Et d’une certaine manière, cela est préoccupant pour Orange. Si l’on raisonne en sites activés, l’opérateur historique a une vraie avance sur ses concurrents. Toujours selon les statistiques de l’ANFR, la firme dirigée par Stéphane Richard avait 20 087 sites 3G en service au 1er janvier. C’est 2 700 de plus de que SFR, 6 500 de plus que Bouygues Telecom et 12 000 de plus environ que Free Mobile.

Orange, qui a toujours pratiqué des tarifs un peu plus chers que ses concurrents en faisant valoir un meilleur réseau (ce qui est objectivement vrai si l’on se base sur les différentes études indépendantes), se trouve dans une situation moins confortable qu’à l’accoutumée en ce qui concerne la 4G.

Si l’opérateur historique propose actuellement l’un (ou le) des meilleurs réseaux 4G sur le territoire, il n’a pas la même marge qu’il avait pour la 3G. Mais peut-être qu’en 2016, les priorités du groupe de Stéphane Richard étaient ailleurs. Ces derniers mois, Orange a notamment poussé très fort en ce qui concerne le déploiement de la fibre optique.

Ce resserrement des écarts, on le constate également d’une certaine manière dans le dernier baromètre nPerf portant sur le quatrième trimestre 2016. L’une des statistiques intéressantes de cette étude, c’est le taux de connexion en 4G. Autrement dit, le nombre de fois que les tests ont été réalisés avec de la 4G. Et là pas de surprise : Bouygues arrive en tête avec 83,15 % de connexions en 4G, devant Orange (77,85 %), SFR (77,8 %) et Free (66,18 %).

Tableau issu de la dernière étude nPerf

Il y a la question de la couverture en 4G et celle des débits. Pour avoir une bonne couverture, il vaut mieux émettre avec de basses fréquences. Historiquement, cela a toujours été l’option de SFR qui dispose de plus de 9 000 antennes émettant dans la bande des 800 MHz. L’opérateur avait à l’époque beaucoup dépensé pour obtenir une part importante de ce qu’on appelait alors les fréquences en or. Bouygues a initialement opté pour la bande des 1800 MHz, mais est également très présent sur les 800 MHz. Cela explique sans doute pourquoi c’est l’opérateur qui affiche le taux de connexion en 4G le plus élevé.

À l’inverse, Free possède un taux de connexion inférieur en 4G, mais offre quasiment les meilleurs débits (quand on est connecté en 4G), car il a longtemps déployé son réseau uniquement sur la bande des 2 600 MHz. Free mise beaucoup sur la bande des 700 MHz avec à ce jour plus de 236 antennes activées en Île-de-France. Orange, pour sa part, est présent dans les « extrêmes » avec un grand nombre d’antennes dans les bandes 800 et 2600 MHz, ce qui lui assure à la fois une bonne couverture en 4G et de bons débits. Il est à noter que de manière générale, les opérateurs ont tendance ces derniers mois à beaucoup déployer dans les bandes 800 et 1800 MHz.

Tableau issu de la dernière étude nPerf

SFR : n°1 de la 4G fin 2017 ?

À quoi ressemblera le podium de la 4G en France à la fin de l’année 2017 ? Si SFR poursuit sur sa lancée, il pourrait très bien revenir au sommet. Dans son dernier communiqué, l’opérateur annonce d’ailleurs la couleur : « Ces déploiements massifs se poursuivront en 2017 et permettront à SFR de couvrir 90 % de la population en 4G d’ici la fin de l’année ».

Il y a un autre point qui permet également de deviner les tendances dans les mois à venir. Actuellement, ce sont Bouygues Telecom (12 554) et SFR (12 256) qui ont en leur possession le plus grand nombre d’autorisations pour déployer des sites 4G. À ce petit jeu, Orange est légèrement distancé (11 528). Si l’on en croit les objectifs des opérateurs pour fin 2018, cela pourrait être très serré. Outre SFR, Free Mobile compte couvrir 90 % de la population d’ici la fin de l’année. Orange et Bouygues Telecom prévoient pour leur part de couvrir respectivement 95 % et 99 % de la population d’ici fin 2018.

Enfin en cette année d’élection, il convient enfin de mettre à mal deux idées reçues, qui ont été émises soit par le personnel politique soit par des analystes. La première voulait qu’un marché à 4 opérateurs soit une mauvaise chose pour l’investissement. La vitesse à laquelle les opérateurs ont déployé la 4G ces derniers mois met à mal ce postulat. Le second, c’est que les prix allaient finir par remonter. Là encore, vu la guerre des prix à laquelle se sont livrés les opérateurs pendant les fêtes, il est permis d’en douter !

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