4G+ : Orange dépasse 500 Mbit/s en conditions réelles à Villefranche-sur-Saône

Anthony Nelzin-Santos |

Villefranche-sur-Saône n’est plus seulement la capitale du Beaujolais : depuis quelques jours, c’est aussi « la ville la plus rapide de France en 4G ». Orange y présentait ce matin les dernières évolutions de son réseau 4G+, capable d’atteindre des débits théoriques de 680 Mbit/s en réception.

Nicolas Roy, directeur technique réseaux et services d'Orange. Image iGeneration.

De la 4G à 680 Mbit/s en théorie, 250 à 500 Mbit/s en pratique

En pratique, et d’après 1 600 mesures réalisées par la société lyonnaise nPerf au mois de juin, le réseau délivre des débits supérieurs à 500 Mbit/s en pointe. Ces tests ayant été menés avec des Sony Xperia XZ Premium, nous avons réalisé plusieurs mesures avec un iPhone 7 Plus, au moment même où Orange mettait son réseau à l’épreuve avec des démonstrations de streaming de contenus en réalité virtuelle.

Résultat, un débit descendant moyen dépassant 260 Mbit/s, avec des pointes à plus de 320 Mbit/s. Décevant ? Non : l’iPhone 7 Plus prend en charge la 4G LTE cat. 12, jusqu’à 450 Mbit/s, alors que le Xperia XZ Premium prend en charge la 4G LTE cat. 16, jusqu’à 1 Gbit/s. Les performances réelles sont toujours inférieures aux résultats en labo, et ces résultats sont conformes aux attentes.

De fait, si le débit montant n’était pas limité à 45 Mbit/s en moyenne, ce réseau 4G+ offrirait des performances supérieures au réseau Wi-Fi 802.11ac déployé dans nos locaux lyonnais, reliés à une fibre gigabit. De telles performances sont obtenues grâce à l’agrégation de trois porteuses pour une bande passante totale de 50 MHz : 10 MHz sur la bande des 800 MHz, 20 MHz sur la bande des 1 800 MHz, et 20 MHz sur la bande des 2 600 MHz.

Le multiplexage permet d’augmenter les débits, le MIMO 4x4 faisant travailler quatre antennes en émission et quatre antennes en réception. La modulation d’amplitude 256 QAM, elle, permet d’optimiser le débit. L’ensemble de ces technologies, ici déployées par Nokia, doit permettre de maintenir le niveau des performances dans le temps.

Villefranche d’abord, avant le reste de la France

Pourquoi Villefranche-sur-Saône ? Parce que c’est une « ville moyenne », le centre d’une grande aire urbaine mêlant zones résidentielles et zones industrielles. Sa proximité de Lyon, où travaillent 9 000 salariés de l’opérateur, n’est pas étrangère à la décision, mais Orange dit s’intéresser « en priorité » à ce genre de villes dont l’économie locale pourrait être dopée par la fibre et la 4G/4G+.

Des arguments longuement développés par Bernard Perrut, le député-maire de Villefranche-sur-Saône, qui fait part de sa « satisfaction »… mais aussi de son impatience en matière de déploiement de la fibre. Visiblement pas contenté par les annonces de l’opérateur, il a exhorté Orange à « aller le plus vite possible » sur la fibre, devant les sourires crispés de l’assistance.

« Les habitants de Villefranche-sur-Saône ne vont pas consommer ces ressources immédiatement », explique Nicolas Roy, le directeur technique réseaux et services d’Orange. Mais l’opérateur veut accompagner voire précéder les usages, notamment en matière de streaming en 4K et de réalité virtuelle. L’enjeu, c’est de conserver cette première place dans les résultats annuels de l’enquête d’évaluation de la qualité de service menée par l’Arcep, occupée depuis sept ans par Orange.

L’opérateur teste à Villefranche-sur-Saône ce qu’il déploiera progressivement sur l’ensemble du territoire français. « Nous sommes focalisés sur l’usage des clients », dit Nicolas Roy, « nous ne couvrons pas les lieux où ils consomment au gré de la croissance du réseau, mais nous ciblons les lieux de travail, les lieux de vie, les lieux de transport. » Cette stratégie de déploiement ciblé explique qu’Orange offre une meilleure qualité de service avec un nombre légèrement inférieur de supports 4G, selon les données de l’ANFR.

Une stratégie de déploiement à 8,5 milliards d’euros

Orange a investi plus de 3,4 milliards d’euros dans son réseau l’an passé, sur une enveloppe totale devant dépasser 8,5 milliards d’euros entre 2015 et 2018. « Les ressources spectrales sont suffisantes, et nous avons des réserves devant nous », explique le directeur technique d’Orange, mais les usages explosent. L’usage de données mobiles double tous les ans, les foyers s’équipent d’appareils qui ne sont pas toujours connectés au Wi-Fi, et l’opérateur veut croire dans la démocratisation de la retransmission des événements sportifs et culturels en réalité virtuelle.

Dans le même temps, Orange ne croit pas dans un report massif des connexions fixes vers les connexions mobiles, alors même que ses concurrents ont relevé (voire supprimé) les quotas d’utilisation. « Les débits mobiles sont maintenant élevés, mais ils restent partagés », explique Nicolas Roy, « sur la fibre et le cuivre, les débits sont dédiés, et augmentent en fonction de l’équipement. » En bout de ligne toutefois, les débits mobiles, même partagés, sont souvent meilleurs que les débits fixes.

Plus que dans le déploiement, qui continuera même si Orange couvre désormais 90 % de la population en 4G, l’opérateur mise sur le dimensionnement. « Il faut assurer la ressource au fur et à mesure de la consommation », dit Nicolas Roy, « adapter les capacités aux usages. » Cela passe notamment par l’installation d’équipements correctement dimensionnés, et surtout alimentés par des fibres optiques, alors que certains concurrents ont déployé à marche forcée sans forcément assurer la qualité de service.

Comme un pied de nez, SFR a envoyé un communiqué de presse quelques heures après la présentation d’Orange, vantant la qualité de son réseau dans une ville six fois plus peuplée que Villefranche-sur-Saône, Reims. L’opérateur au carré rouge y inaugurait un réseau fibre gigabit, et surtout le même réseau 4G+ à 300 Mbit/s déjà déployé dans 200 villes. S’il a manqué le virage de la 4G, SFR veut s’imposer comme le leader de la 4G+. La bataille s’annonce rude et passionnante.

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