5G : les opérateurs américains ne couvriront que les villes

Anthony Nelzin-Santos |

Les ondes millimétriques « ne sortiront jamais de petites poches de 5G, de points chauds dans des environnements urbains denses. » Ce n’est pas la prédiction pessimiste d’un analyste, mais la déclaration très sérieuse de Neville Ray, directeur de la technologie de T-Mobile. Un avis partagé par Hans Vestberg, CEO de Verizon, qui rappelle que les fréquences utilisées « ne sont pas un spectre de couverture. » Autrement dit : la 5G restera cantonnée aux villes.

Ericsson et Qualcomm ont passé le premier appel data en 5G sur une porteuse 2,6 GHz en janvier 2019. Image Ericsson.

Il faut bien le dire : plus qu’une analyse fine des tenants et des aboutissants du déploiement des réseaux de cinquième génération, le billet au vitriol de Neville Ray est destiné à tacler les concurrents de T-Mobile, qui a pu sembler marquer le pas ces derniers mois. Le troisième opérateur américain n’est pas en retard sur la 5G, puisque les deux autres ne sont pas vraiment en avance, voilà le message en substance.

Ce n’est pas tout à fait faux. AT&T a collé le badge « 5GE » sur les dernières évolutions de la 4G LTE, et ne vend pas de téléphones capables d’exploiter le réseau véritablement 5G qu’elle est censée avoir déployé dans dix-neuf villes américaines. Verizon a lancé son offre 5G à Minneapolis et Chicago, mais les premiers testeurs ont du mal à trouver le signal, et doivent absolument utiliser un Motorola Moto Z3 doté d’un accessoire spécifique (lire : Verizon : la 5G plus rapide, donc plus chère).

T-Mobile considère ainsi qu’AT&T « dupe ses clients » et que Verizon « a lancé une expérience scientifique en utilisant ses clients comme sujets de test. » Les ondes millimétriques, entre 24 et 90 GHz pour les réseaux 5G, ne peuvent couvrir qu’une surface limitée et sont bloquées par le moindre obstacle. Les opérateurs devront maintenir des fréquences plus basses, seules à même de pénétrer dans les bâtiments et de couvrir beaucoup de champ, au prix de débits inférieurs.

Les ondes millimétriques ont une portée et une pénétration limitées. Ici, le réseau est très fortement atténué par la simple fermeture d’une porte. Image T-Mobile.

Autrement dit, la 5G ne va pas remplacer la 4G, mais venir la compléter. Tous les opérateurs travaillent d’ailleurs sur des technologies permettant d’allier les deux réseaux de manière complètement transparente pour l’utilisateur (lire : La 4G n’est pas morte, vive la 5G !). Pressé de répondre aux déclarations de T-Mobile lors d’une conférence téléphonique, le CEO de Verizon confirme que « la majorité du trafic [5G] aura lieu dans des zones urbaines denses, où nous nous concentrons pour le moment. »

Nous avons demandé aux quatre opérateurs français leur réaction face aux déclarations de leurs confrères américains, et de nous préciser leurs intentions en matière de déploiement de la 5G. Nous publierons leurs réponses dès que nous les aurons obtenues.

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