La mauvaise excuse de Bouygues pour augmenter ses anciens petits forfaits

Florian Innocente |

Des abonnés à de petits forfaits Bouygues Telecom sont actuellement avertis que leur note va sensiblement augmenter dans les prochaines semaines, en échange de deux fois plus de data. L'offre n'est pas inintéressante en soi mais pour l'abonné c'est tout ou rien et la justification avancée est pour le moins spécieuse.

Selon les cas, les abonnés contactés vont voir passer, à compter de mars ou d'avril, leur forfait de 4,99 € à 7,99 € ou de 4,99 € à 8,99 €. Quant à la data incluse, elle est strictement identique dans les deux scénarios tarifaires : Bouygues la double à 40 Go (et 6 Go en Europe et DOM). Dans l'absolu c'est un bon ratio prix/data qui n'a pas d'équivalent dans les offres actuelles chez les principaux acteurs que sont Orange, Free ou SFR.

Seulement, Bouygues ne donne pas le choix de rester sur l'ancienne formule : on l'aime ou on la quitte. Et dans le cas où l'on préfère prendre ses cliques et ses claques, bonne chance pour retrouver un forfait similaire au précédent, que ce soit chez Bouygues ou chez l'un de ses principaux concurrents. Ça n'existe plus.

L'un de nos lecteurs nous explique qu'il n'a que faire d'autant de data : « En gros, ma facture double alors que je n'ai pas de consommation mensuelle de plus de 10 Go ». Les 20 Go, avec la marge que cela représente en cas de consommation exceptionnelle, lui suffisent amplement, tout comme le prix qu'il payait. Dans son cas cela revient à payer plus, pour avoir plus mais sans en avoir l'usage.

On peut aussi considérer qu'en cette période de crise sanitaire, avec le télétravail, les besoins en données mobiles sont moins importants et on bouge moins. Certes, il y a toujours des cas particuliers où l'accès fixe est moins bon que la couverture mobile et impose de recourir à sa 4G.

Dans son mail, l'opérateur justifie cette offre, à prendre ou à laisser, par sa volonté de répondre à des besoins quotidiens d'internet en pleine croissance : « La consommation des données mobiles en France a connu une hausse de plus de 35% en un an » insiste Bouygues. Mais il fait une lecture très arrangeante — pour lui — de ce chiffre puisé dans un rapport de l'Arcep du 8 octobre 2020, qui analysait le marché des communications au second trimestre.

Il y a bien eu une « croissance soutenue » de la consommation de données sur réseaux mobiles (+36 % sur un an exactement) mais elle s'orientait à la baisse en comparaison des six trimestres précédents, où elle atteignait +45 %. Quant à la moyenne des données mobiles avalées par les abonnés en France — un chiffre omis dans l'argumentaire de Bouygues — l'Arcep la plaçait à 10,2 Go (là encore c'était un reflux face aux progressions passées). On est loin des 40 Go nécessaires selon Bouygues.

Source : Arcep

Dans un rapport plus récent, celui du troisième trimestre, l'Arcep observe que cette croissance de la consommation de données a continué, mais toujours d'une manière bien plus molle qu'un an auparavant (10 points de moins). Quant à la moyenne de consommation elle s'établissait à 10,5 Go : « +17% en un an ce trimestre, soit moitié moins qu’un an auparavant ».

Iliad, devant Bouygues sur le mobile (13,4 millions de clients contre 12 millions), a pour habitude de donner la moyenne mensuelle de consommation de ses clients 4G lors de la présentation de ses résultats financiers. Au 30 octobre elle était de 16 Go et c'était moins qu'au trimestre précédent (16,6 Go).

De quoi donner du grain à moudre aux abonnés de Bouygues qui vivaient parfaitement bien avec leur enveloppe de "seulement" 20 Go.

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