« Fausse 5G » : la bataille des mots entre Free Mobile et Orange

Mickaël Bazoge |

La guéguerre se poursuit entre Free Mobile et Orange sur la vraie et la fausse 5G. Les deux opérateurs ont une stratégie opposée quant au déploiement de la 5G en France : le premier convertit en 5G les antennes 700 MHz qui servaient jusqu'à présent à la 4G, le second mise tout sur le réseau 3,5 GHz. Une stratégie qui réussit au trublion de la téléphonie, qui peut s'enorgueillir de la plus grande couverture 5G en France : plus de 7 000 sites commercialement ouverts en février, contre 1 000 pour Orange, d'après l'observatoire de l'Arcep.

Mais voilà, la 5G en 700 MHz, ce n'est pas tout à fait la même 5G qu'en 3,5 GHz, en particulier en termes de débit. « Toutes les 5G ne se valent pas », fait valoir Orange dans sa communication, vidéo à l'appui (ci-dessus). « C'est uniquement grâce à cette fréquence que la 5G tient ses promesses », assure encore l'opérateur historique. Cet argumentaire a le don de taper sur les nerfs de Free Mobile.

Fin mars, Thomas Reynaud, le patron d'Iliad (maison-mère de l'opérateur), tombait à bras raccourcis sur ses concurrents accusés d'être des « mauvais joueurs » dans la course au déploiement de la 5G. Et la bataille des mots se poursuit avec ce tacle sous la forme d'un tweet :

Free Mobile a repêché une déclaration de Stéphane Richard, le PDG d'Orange, remontant à 2014. Interrogé sur France Info, il expliquait alors son intérêt pour la bande des 700 MHz, des « fréquences pour la 4G et bientôt pour la 5G, on les appelle des fréquences en or, elles peuvent pénétrer profondément dans les immeubles, dans les parkings, dans les ascenseurs et elles permettent d’apporter la connectivité partout, pour tout le monde ». Pas si mal finalement, la 5G en 700 MHz… Deux poids deux mesures dans le discours du dirigeant ?

Ce que le patron d'Orange décrit dans cet extrait, c'est surtout les avantages de la fréquence 700 MHz pour la 4G, et pour cause : en 2014 la 5G n'existait pas, ou alors uniquement sous la forme de test (l'opérateur décrochait l'année suivante le feu vert de l'Arcep pour expérimenter cette technologie à Belfort). On ne dit pas que la séquence choisie est malhonnête, mais Free Mobile cherche vraiment la toute petite bête… Mais c'est de bonne guerre après tout.

Les chiffres de l'observatoire de la 5G de l'Arcep en février.

Free Mobile gagnerait sans doute à mettre davantage en valeur son réseau 3,5 GHz : dans cette bande de fréquence, l'opérateur comptait 562 sites ouverts commercialement en février, contre 808 pour Orange. Ce qui place Free en deuxième position devant Bouygues Telecom et SFR.


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