Free met en avant son offre Flex en la comparant avec ses pires concurrents

Nicolas Furno |

Free mobile a sorti une grosse communication pour lancer Flex, son offre qui associe à ses forfaits un smartphone en location avec option d’achat, ou LOA. L’idée de cette offre, c’est d’étaler le paiement de l’appareil sur 24 mois et de pouvoir l’acheter contre une petite somme à l’issue de cette période d’engagement. Ce financement n’est pas associé au forfait, qui peut être basculé chez un autre opérateur à tout moment. Est-ce pour autant la grosse nouveauté que l’opérateur met en avant à qui veut bien l’entendre ?

Xavier Niel et Thomas Reynaud ont présenté ce matin leurs offres à quelques rédactions, dont Univers Freebox et Frandroid. Ils ont détaillé l’offre et ses avantages, mais en oubliant de manière un petit peu trop facile une bonne partie du marché. En particulier, le directeur général de Free évoque des gains pour les utilisateurs, avec un prix qui serait deux fois inférieur :

Cette offre permet de faire des économies incomparables par rapport à la concurrence. En particulier sur un certain nombre de modèles de smartphones, nous sommes deux fois moins chers que nos rivaux sur une offre similaire dite de subventionnement, notamment sur les modèles les plus populaires. Et même 30% moins cher sur les principales références d’iPhone.

Pour réussir à mettre en avant ce prix deux fois inférieur, Thomas Reynaud choisit toutefois soigneusement l’offre qui l’arrange. Si l’on compare avec un forfait similaire à celui de Free Mobile qui dispose de 150 Go de 4G ou 5G pour 20 € par mois, alors les prix peuvent en effet être délirants avec les offres traditionnelles des grands opérateurs.

Comparons les prix pour un Samsung A12, smartphone d’entrée de gamme du coréen vendu nu à 189 €. Avec l’offre Flex, on le finance avec un premier versement de 49 €, puis vingt-quatre paiements de 5 €. À la fin de l’engagement, on peut ajouter 20 € pour le garder et on a payé en tout 669 €, en tenant compte du forfait à 20 € par mois.

Free met désormais en avant les offres Flex sur sa boutique quand elles sont disponibles.

En face, Orange affiche ce même smartphone à 1 € en échange d’un engagement de 24 mois. Si on veut un forfait similaire, il faut alors l’offre 150 5G facturée 50 € par mois la première année, puis 65 € par mois. À la fin, on payerait donc 1 381 €, ce qui est effectivement deux fois plus cher que la somme demandée par Free Mobile. Voilà comment on obtient le chiffre choc mis en avant par l’opérateur, mais cette comparaison n’a aucun sens.

Ce smartphone n’est pas compatible 5G et Orange le propose aussi à 1 € avec un forfait à 29 € par mois sur deux ans, soit 697 € au total. Cela reste plus cher que chez Free Mobile, certes mais la différence n’est alors plus que de 28 euros. Et surtout, le quatrième opérateur oublie un peu facilement qu’Orange ne propose pas que des forfaits avec engagement.

Sosh offre lui aussi un financement gratuit sur 24 mois des smartphones, et le Samsung A12 y est vendu 189 €, que l’on peut payer environ 8 € par mois pendant deux ans. Avec son forfait à 15 € par mois sans engagement proposé actuellement, le coût total est même inférieur à celui de Free Flex, sans 5G et avec moins de data bien sûr, mais encore une fois, à quoi bon sur ce smartphone entrée de gamme qui se limite à la 4G.

Sosh propose lui aussi une offre gratuite de financement sur 24 mois, mais Free Mobile fait tout pour l’oublier…

Les comparaisons avantageuses sont la base du marketing, mais mettre en avant un prix deux fois plus élevé est assez gonflé dans ce cas de figure. Dans le pire des cas, on peut en effet payer deux fois moins cher avec Free Flex, mais la plupart des clients d’Orange pour rester chez cet opérateur auraient opté pour un forfait plus raisonnable. En outre, cette offre n’est pas nouvelle en France et selon les besoins et les promotions du moment, on peut facilement trouver moins cher ailleurs.

Pire, l’offre Free Flex devient moins intéressante après 24 mois, puisque le client ne possède pas le smartphone. Par défaut, la LOA se transforme en location longue durée à la fin de l’engagement, avec le même prix mensuel qui est reconduit tacitement de mois en mois. Si vous n’achetez pas l’appareil à la fin, vous êtes perdant et Free Mobile devient gagnant. L’opérateur ne s’en cache pas d’ailleurs, Thomas Reynaud souligne dans ce même entretien que son entreprise ne fera aucun bénéfice pendant 24 mois et ce n’est qu’au-delà, si la location continue, que l’opération deviendra financièrement rentable.

Xavier Niel envisage aussi l’arrivée d’une assurance, une offre particulièrement rentable et qui permettrait de faire rentrer des bénéfices pendant les deux ans de financement. Le créateur de Free a beau mettre en avant une démarche environnementale quand il souligne que « nous ne sommes pas dans une logique d’incitation au renouvellement du terminal à l’issue de la période de 24 mois », on ne peut s’empêcher de noter que c’est avant tout une quête de rentabilité, plus qu’une question d’écologie…

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