Test de l’iPhone SE

Anthony Nelzin-Santos |

D’aucuns pensent que la « petite révolution » d’Apple n’est qu’un iPhone 6s dans un boîtier d’un iPhone 5s. D’aucuns ont tort : on aurait tôt fait de résumer l'iPhone SE à la somme de ses parties. Ce nouvel iPhone à petit écran est-il un grand iPhone ? La réponse dans notre test de l’iPhone SE.

Ça ressemble à l’iPhone 5…

L’iPhone SE ressemble comme deux gouttes d’eau à l’iPhone 5s qu’il remplace à l’entrée de la gamme. C’est que ce design a connu un « succès indéniable », dit Apple après avoir vendu plus de 300 millions d’iPhone 5/s/c. Le boîtier en aluminium anodisé de l’iPhone SE mesure donc 12,4 sur 5,9 cm, pour une épaisseur de 7,6 mm et un poids de 112 grammes. Voilà qui rend bien difficile le jeu des sept erreurs.

iPhone SE à gauche, iPhone 5 à droite.

Vous remarquerez peut-être que les chanfreins — avouez que ce mot vous avait manqué — sont mats là où ils étaient brillants. Un petit détail qui a son importance : alors qu’ils étaient rehaussés par leur traitement, les bords se fondent aujourd’hui dans la masse, un changement qui apporte une nouvelle finesse à ce design éprouvé. Et puis ils sont moins salissants, et devraient être moins sensibles aux griffures et rayures.

iPhone SE à gauche, iPhone 5 (utilisé quotidiennement sans protection depuis septembre 2012) à droite.

L’apparition d’un nouveau coloris « or rose » ne vous aura pas échappé, mais il faut aussi remarquer que le « gris sidéral » a encore légèrement changé. Plus que de « couleurs », il faut parler de « teintes » : leur aspect évolue selon l’angle et la lumière. L’or et le gris se confondent avec l’argent sous la lumière crue d’un néon de cuisine, alors que l’or rose se fait cuivré au coucher de soleil.

Trois des quatre coloris d'iPhone SE, qui varient selon l'angle et la luminosité. Le gris sidéral est associé à une façade et des fenêtres RF noires, les autres à une façade et des fenêtres RF blanches.

Le logo d’Apple, une pièce d’acier inoxydable qui perce le boîtier plutôt qu’une zone traitée à l’aide de produits toxiques, subit les mêmes transformations. Alors qu’il est censé être coordonné au reste du boîtier, il apparaît parfois blanc, parfois noir, souvent entre les deux. Le boîtier de l’iPhone 5 a fait ses preuves, et ces petites révisions l’aident à résister aux outrages du temps — c’est un véritable classique.

Si ce n'était pas encore clair : l'iPhone SE reprend le boîtier de l'iPhone 5s jusqu'à la disposition des boutons. Sur cet angle, on voit bien que le logo est taillé dans une pièce d'acier prenant place dans une découpe, que les chanfreins ne brillent pas, et que l'appareil photo ne dépasse pas.

Mais un classique dont certains ont oublié l’air, comme ceux qui se plaignent de la position du bouton d’accueil, ou de la taille du clavier virtuel. Ceux-là ne cessent de ramener l’iPhone SE à l’iPhone 6s, et perdent ainsi de vue ce pour quoi — et pour qui — ce téléphone a été conçu. Cela ne veut pas dire que la comparaison avec l’iPhone 6s est totalement infondée : si elle n’est pas toujours pertinente, elle est parfois nécessaire.

Où l'on retrouve le tiroir de la carte nano-SIM d'un côté, les boutons de volume et le commutateur du mode silence de l'autre. Apple ayant repris l'architecture interne de l'iPhone 5/s, elle n'a pu caser un Taptic Engine dans l'iPhone SE : il utilise donc un bon vieux vibreur bien sec et bien bruyant.

…ça a le goût de l’iPhone 6s…

Elle s’impose, même, lorsque l’on parle des entrailles de l’iPhone SE plutôt que de son boîtier. Car s’il reprend l’écran 4 pouces de l’iPhone 5/s/c, il adopte le processeur A9 et l’appareil photo 12 Mpx de l’iPhone 6s. Et il s’agit bien du même processeur, pas d’une version amputée d’un cœur ou ralentie de 200 MHz. Logiquement donc, l’iPhone SE est aussi performant que n’importe quel iPhone 6s.

L'iPhone SE est doté du même processeur A9 à deux cœurs cadencés à 1,85 GHz que l'iPhone 6s. Logiquement, il atteint le même score Geekbench. Et comme le co-processeur M9 fait partie du lot, vous pourrez dire « Dis Siri » à votre iPhone SE, et il répondra même sans être branché au secteur.

Il semble même un peu plus résistant à l’effort. Nous observons toujours une baisse des scores lorsque que nous enchaînons nos tests synthétiques : les processeurs baissent leur fréquence à mesure que la température augmente. Ce throttling était très sensible sur les anciennes puces mobiles, beaucoup moins sur l’A8, quasiment pas sur l’A9. Et dans l’iPhone SE, il est pour ainsi dire absent.

Sur le plan des performances, l'iPhone SE a tout d'un grand iPhone. Son écran 4 pouces n'est pas entièrement accessible d'un geste du pouce, mais il est toujours plus facile à « couvrir » que celui d'un iPhone 6s ou 6s Plus. À vous de choisir entre confort de prise en main et confort de lecture, seuls véritables critères de sélection maintenant que les trois appareils possèdent la même fiche technique (ou presque).

Cela signifie que vous pourrez jouer de longues heures sans ralentissements ni saccades. Sur ce point, l’iPhone SE est clairement avantagé : il est aussi puissant que les grands iPhone, sans être encombré par leurs grands écrans. Cela ne l’empêche évidemment pas de chauffer, mais il ne devient jamais brûlant ; et s’il est toujours désagréable d’avoir les mains moites, au moins l’iPhone SE n’est pas aussi glissant qu’une anguille.

L'iPhone SE est doté de la même puce graphique que l'iPhone 6s : il est donc capable de générer une scène 1080p à 40 i/s. Mais il ne possède pas un écran 1080p comme l'iPhone 6s Plus : son écran ne compte « que » 1 136x640 px. Une promenade de santé pour la puce PowerVR GT7600, capable d'atteindre les 60 i/s dans ce petit cadre.

Il va sans dire qu’en venant de l’iPhone 5 ou de l’iPhone 5s, le gain sera fort appréciable : les applications se lancent plus rapidement, les défilements sont plus fluides, les jeux plus détaillés. Mais plus encore que le processeur et la puce graphique, c’est la dotation en mémoire vive qui fait la différence au quotidien. Avec ses 2 Go de mémoire LPDDR4, l’iPhone SE ne sera pas obligé de recharger une application ou rafraîchir un onglet Safari à peine consultés.

L'appareil photo de l'iPhone SE est identique à celui de l'iPhone 6s… à ceci près qu'il ne dépasse pas du boîtier. C'est un très bon module photo, auquel il ne manque que la stabilisation optique, toujours réservée aux iPhone Plus.

Enfin, l’iPhone SE reprend le module photo 12 Mpx de l’iPhone 6s. Qu’en dire qui n’ait déjà été dit ? C’est un excellent appareil photo mobile, même s’il n’est pas parfait, et une caméra d’autant plus intéressante qu’elle filme maintenant en 4K. Pour le reste, nous vous renvoyons à notre test de l’appareil photo de l’iPhone 6s — les résultats sont, disons-le une nouvelle fois, parfaitement identiques, et les deux appareils partagent aussi bien leurs qualités que leurs défauts.

L'iPhone SE conserve la caméra FaceTime 1,2 Mpx de l'iPhone 5s, mais l'écran est utilisé comme un flash, dont la couleur s'adapte aux conditions de luminosité pour un résultat plus naturel.

…mais c’est un iPhone SE

L’appareil photo de l’iPhone SE est d’ailleurs capable de prendre des Live Photos, ces photos qui s’animent d’une pression sur l’écran. Sauf que l’écran de l’iPhone SE n’est pas doté de la technologie 3D Touch. La pression est y remplacée par un tap prolongé… mais uniquement pour regarder des Live Photos, pas pour lancer une action depuis l’icône d’une application ou jeter un œil sur un e-mail. Si vous venez d’un iPhone 5/s/c, ces fonctions ne vous manqueront pas, elles seront simplement absentes.

L'iPhone SE reprend l'écran et le capteur Touch ID de l'iPhone 5s. Certains regretteront qu'Apple ne l'ait pas doté d'un capteur Touch ID de deuxième génération, d'autres préféreront cet ancien capteur, qui n'est pas à ce point rapide qu'il empêche de consulter les notifications sur l'écran d'accueil.

Si vous venez d’un iPhone 5/s/c, vous ne remarquerez pas non plus que l’écran de l’iPhone SE est un peu moins perfectionné que celui de l’iPhone 6s. Cet écran n’est plus le meilleur du marché, mais il reste de très bonne qualité, avec un rétroéclairage uniforme, une luminosité moyenne de 500 cd/m², et une couverture totale du spectre sRGB. Il tire toujours légèrement vers le jaune, mais ce « défaut » est sans doute moins important aujourd’hui que Night Shift modifie activement la colorimétrie.

S’il est une différence que vous constaterez, c’est sans doute la rapidité accrue des connexions au réseau : l’iPhone SE prend pleinement en charge le Wi-Fi 802.11ac et la 4G LTE. Mais il reprend les composants de l’iPhone 6 plutôt que ceux de l’iPhone 6s : sa puce 4G LTE ne dépassera pas 150 Mb/s, alors que celle de l’iPhone 6s peut atteindre 300 Mb/s. Il faut toutefois remarquer qu’elle prend en charge toutes les bandes déployées en France : la bande 20 des 800 MHz, la bande 3 des 1 800 MHz, la bande 7 des 2 600 MHz, mais aussi la nouvelle bande 28 des 700 MHz.

L'iPhone 6s prend en charge la 4G LTE-A de catégorie 6, et peut donc atteindre 300 Mb/s sur les réseaux compatibles. Les débits sont beaucoup moins impressionant en pratique, mais tout de même bien supérieurs à ceux offerts par la puce 4G LTE de catégorie 4 des iPhone 6 et SE.

De la même manière, sa puce Wi-Fi lui permet d’atteindre 433 Mb/s sur un bon routeur 802.11ac, mais son boîtier est trop étroit pour caser une deuxième antenne qui lui permettrait de frôler les 866 Mb/s. En théorie comme en pratique, les connexions de l’iPhone SE sont deux fois moins rapides que celles de l’iPhone 6s… mais jusqu’à deux fois plus rapides que celles de l’iPhone 5s.

Faute de posséder une deuxième antenne, l'iPhone SE ne peut atteindre 866 Mb/s sur un routeur 802.11ac évolué. Ici sur un routeur 802.11ac « standard » derrière une connexion 1 Gb/s, il se débrouille tout de même très bien… mais pas autant que l'iPhone 6s.

En matière de connexions, l’iPhone SE est donc plus proche de l’iPhone 6 que de l’iPhone 6s. Heureusement, l’iPhone 6 possédait déjà une puce Bluetooth 4.2, ainsi qu’une puce NFC. L’iPhone SE est donc compatible avec Apple Pay, le service de paiement sans contact disponible depuis peu au Canada, et bientôt en Europe continentale. Et puis qu’il ne soit pas tout à fait identique à l’iPhone 6s n’est pas toujours un mal.

Prenez sa batterie, par exemple : elle conserve les dimensions de celles de l’iPhone 5/s, mais affiche une capacité de 6,2 Wh, progrès de la chimie aidant. Jamais un iPhone doté d’un écran de 4 pouces n’a embarqué une telle batterie, qui n’est pas beaucoup moins ample que celle de l’iPhone 6s (6,55 Wh). Jamais un iPhone doté d’un écran de 4 pouces n’a connu une telle autonomie, qui est même supérieure à celle de l’iPhone 6s (desservi par son écran).

Le test de batterie Geekbench est un « test du pire », qui soumet le processeur et la puce graphique à une charge constante. L'iPhone SE tient plus longtemps qu'aucun autre iPhone à écran 4 pouces, et quelques minutes de plus qu'un iPhone 6s. L'iPhone SE a tenu près de 12 heures dans notre test plus réaliste de navigation sur le web, contre 9 h 45 pour l'iPhone 6s et 11 h 35 pour l'iPhone 6s Plus. L'iPhone SE est le plus petit iPhone de la gamme, mais aussi celui qui a la meilleure autonomie.

Pour conclure

L’iPhone SE n’est pas un ancien iPhone rendu moins cher, c’est le moins cher des nouveaux iPhone, et ça fait toute la différence. Les esprits chagrins objecteront qu’il ressemble à un ancien iPhone — mais le succès en demi-teinte de l’iPhone 5c a bien montré que les gens ne voulaient pas forcément que leur téléphone crie « iPhone pas cher ! » sur les toits.

Les mesures de réduction des coûts sont immanquables : l’écran et le capteur Touch ID de l’iPhone 5s sont repris tels quels, et l’iPhone 6s garde la primeur des nouvelles puces réseau. Mais cet iPhone ne fait pas cheap : il reprend les composants les plus importants de l’iPhone 6s, le processeur A9 et l’appareil photo 12 Mpx, et les place dans ce qui est sans doute le meilleur boîtier jamais conçu par Apple.

Mieux, il se permet d’être parfois plus performant que les grands iPhone, et surtout d’avoir une meilleure autonomie. Aucun autre smartphone à écran 4 pouces ne peut se targuer d’être aussi puissant et aussi pratique, bref, aussi équilibré. Ce qui ne veut pas dire que l’iPhone SE n’ait aucun défaut : le modèle 16 Go est vraiment un modèle 12 Go, ce qui ne fait pas tant de Live Photos et de vidéos 1080p à 60 i/s que cela… et seulement une heure de vidéo 4K.

Omettons ce modèle, alors, même s’il devrait convenir à certains utilisateurs à l’heure de la Photothèque iCloud et de Google Photos. À 589 €, et même un peu moins chez certains opérateurs, il est difficile de faire la fine bouche devant l’iPhone SE 64 Go. On peut acheter deux smartphones Android à écran 4 pouces pour le même prix, vous dites ?

Mais même à deux, ils n’auront pas assez de puissance pour voir venir quelques années de mises à jour logicielles (si tant est qu’ils en aient), suffisamment de batterie pour passer confortablement une journée et demie, et un appareil photo digne de capturer vos souvenirs familiaux. Il faut pour cela soit monter en gamme, et dépasser le prix de l’iPhone SE, soit augmenter la taille de l’écran, ce qui n’est pas du goût de tous.

Cet iPhone occupe donc une place unique sur le marché, qui ne représente certes que 12 % des ventes dans les pays développés, mais qui est occupée par une clientèle fidèle. Une clientèle qui a tout intérêt à étudier l’iPhone SE de près : c’est le meilleur iPhone à écran 4 pouces… et pas loin d’être le meilleur iPhone tout court.

Note

Les plus :

  • Boîtier de l'iPhone 5s très légèrement repris ;
  • Excellentes performances ;
  • Excellente autonomie ;
  • Prix (pour un iPhone).

Les moins :

  • Pas de modèle 32 Go, ni de modèle 128 Go ;
  • Écran repris mais pas revu.
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