Test du Netgear Nighthawk M1, un modem mobile qui fait aussi batterie et serveur

Anthony Nelzin-Santos |

Les modems ne sont pas morts ! Certes, le partage de connexion intégré à iOS et Android empiète sur leurs platebandes. Mais le « mode modem » entame sérieusement la batterie du téléphone, et n’est pas fait pour répondre aux demandes d’une dizaine d’appareils. D’où l’intérêt des modems dédiés. S’ils sont moins courants qu’il y a quelques années, ils sont aussi plus puissants.

Au point d’être devenus de véritables couteaux suisses numériques, à l’image du Netgear Nighthawk M1, qui fait aussi office de batterie externe et de serveur multimédia… entre autres choses. Mais est-ce, d’abord et avant tout, un bon modem ? La réponse dans notre test.

Netgear Nighthawk M1.

Le Netgear Nighthawk M1 est une petite brique de dix centimètres de côté et deux centimètres d’épaisseur, pour 140 grammes sur la balance. Faites sauter le capot, et vous tomberez nez à nez avec la batterie prismatique, que vous pouvez retirer pour dévoiler le logement pour la carte microSIM. Netgear n’utilise pas de plateau ni de mécanisme compliqué, mais un simple étrier de maintien. Vous n’aurez donc aucune difficulté à recycler une nanoSIM avec un adaptateur.

Le Nighthawk M1 est construit autour d’un modem Qualcomm MDM9x50, qui prend en charge les réseaux 4G LTE de catégorie 16, aussi appelés 4G+ ou 4G LTE Pro. Avec l’agrégation de quatre porteuses1, il peut toucher le gigabit… en théorie. En pratique, nous n’avons jamais dépassé 400 Mbit/s avec une puce SFR RED. Les réseaux sont ce qu’ils sont, mais au moins le modem de Netgear est-il capable d’exploiter pleinement les réseaux actuels, et sera capable de tirer le meilleur des améliorations progressives des prochaines années.

Une chose est certaine : les débits sont systématiquement supérieurs à ceux obtenus avec un iPhone XR connecté au même réseau cellulaire. Prenons trois petits exemples, assez emblématiques de la trentaine de relevés que nous avons effectués :

  • dans une zone résidentielle du troisième arrondissement de Lyon : l’iPhone XR atteint 120 Mbit/s en réception et 25 Mbit/s en émission, le Nighthawk M1 atteint 120 Mbit/s en réception et 55 Mbit/s en émission ;
  • dans une zone densément peuplée du huitième arrondissement de Lyon : l’iPhone XR atteint 66 Mbit/s en réception et 10 Mbit/s en émission, le Nighthawk M1 atteint 125 Mbit/s en réception et 14 Mbit/s en émission ;
  • dans une zone périurbaine des monts d’Or : l’iPhone XR atteint 24 Mbit/s en réception et 1 Mbit/s en réception, le Nighthawk M1 atteint 33 Mbit/s en réception et 1,5 Mbit/s en émission.

Quand les conditions de réception sont optimales, l’iPhone XR s’en sort très bien, mais le modem de Netgear garde l’avantage en émission. Dès que les conditions se dégradent légèrement, le Nighthawk M1 prend un net ascendant, et fournit une connexion à la fois plus rapide et plus stable. Les deux appareils affichent une latence similaire, imperceptible lors de la navigation sur le web ou de la lecture de contenus multimédias en streaming.

Les trois ports : USB-A, USB-C, Ethernet. Les deux petits patins protègent les connecteurs TS-9 des antennes externes optionnelles.

Le Nighthawk M1 redistribue sa connexion sur deux réseaux, un réseau Wi-Fi 802.11 b/g/n à 2,4 GHz et un réseau Wi-Fi 802.11a/n/ac à 5 GHz. Vous pouvez parfaitement connecter votre téléphone au modem glissé dans votre sac à dos, mais vous obtiendrez les meilleures performances en mettant un peu de champ entre les appareils. Toutes conditions égales par ailleurs, on passe de 60 Mbit/s collé au modem à plus de 100 Mbit/s à quelques mètres.

La couverture est fiable et homogène dans un rayon d’une dizaine de mètres, les murs et autres obstacles réduisant naturellement les débits. Au-delà, vous devrez utiliser le réseau 2,4 GHz pour conserver un lien solide avec le modem, au prix d’une nette baisse des performances. Mais l’intérêt du Nighthawk M1 réside surtout dans sa capacité à encaisser les connexions de nombreux appareils.

Netgear assure qu’il peut gérer « jusqu’à vingt appareils ». De manière plus modeste, et peut-être plus réaliste, nous avons connecté jusqu’à six appareils sans remarquer de dégradation particulière de la vitesse et de la fiabilité de la connexion (même si évidemment, dans le cadre d’usages simultanément intensifs, la bande passante est divisée entre les clients). Dans les mêmes conditions, l’iPhone XR chauffe énormément, coupe agressivement la connexion des appareils inactifs, et peine à maintenir des débits constants.

Avec une capacité de 19,78 Wh, la batterie assure une journée d’autonomie. Et pas une journée de travail de huit ou dix heures, mais bien une journée entière de 24 heures. Avec trois appareils connectés, sans économiser la bande passante, la moitié de la batterie est entamée après onze heures de navigation. L’autonomie dépend des conditions réseau et du nombre de clients : connectez dix appareils dans une zone mal couverte, et la batterie défilera plus rapidement.

La batterie amovible, la carte microSIM (ici, une nanoSIM dans un adaptateur), et le logement microSD (en bas, à côté du bouton de remise à zéro).

Reste que le Nighthawk M1 est bien plus robuste qu’un smartphone en « mode modem ». Il offre une couverture plus étendue et plus homogène, il fournit des débits plus rapides, il chauffe nettement moins, il tient beaucoup plus longtemps, et encaisse plusieurs connexions sans broncher. Et il possède même un port Ethernet ! (Limité à 100 Mbit/s et sans PoE. Et son branchement désactive le réseau 5 GHz. Mais tout de même.)

Surtout, il peut être configuré à l’envi par l’intermédiaire d’une application iOS, mais aussi et surtout d’une interface web accessible à l’adresse 192.168.1.1. (Dés)activation du DHCP et configuration du mode DNS, réglages de la carte SIM et de la connexion cellulaire, déclenchement et filtrages de ports, (dés)activation du tethering USB, informations avancées sur le réseau et l’appareil… le Nighthawk M1 n’a rien à envier aux routeurs conventionnels.

Le contrôle parental repose sur OpenDNS, qui appartient désormais à Cisco. Le réglage du niveau de transmission permet d’ajuster le fonctionnement du modem à votre usage. Le « mode court » offre les meilleures performances à courte portée, au prix d’une réduction sensible de la couverture. Le « mode long » permet a contrario de conserver de bons débits moyens en s’éloignant du routeur, au prix d’une réduction des performances globales.

L’interface web, qui permet, accessoirement, de consulter les SMS envoyés au numéro associé à votre SIM.

Le Nighthawk M1 est compatible avec le système de sécurité Arlo : vous pouvez partir en vacances avec une caméra Arlo sans-fils, la placer dans une caravane ou un bungalow, et utiliser le modem comme station d’accueil. Les fonctions de délestage, elles, permettent de pallier les déficiences des connexions ADSL faiblardes des résidences secondaires reculées. Relié en Ethernet à la box, le Nighthawk M1 répartit la charge entre le réseau cellulaire et la connexion ADSL, à la manière de l’« assistance Wi-Fi » d’iOS.

Le petit écran affiche les principales informations : les conditions de réception, les données consommées, les informations de connexion aux réseaux Wi-Fi du modem, éventuellement la disponibilité d’une mise à jour du firmware. Très lisible même en plein soleil, il n’a comme seul défaut que de ne pas être tactile. Il est encadré par deux jauges, l’une pour l’activité du réseau et l’autre pour la batterie.

La batterie n’alimente pas seulement le modem, parce que le Nighthawk M1 n’est pas seulement un modem. C’est aussi une batterie externe : il peut alimenter, en énergie comme en données, les appareils connectés au port USB-A. Vous ne rechargerez pas votre iPad, mais vous pourrez recharger entièrement un iPhone, et garder encore assez de jus pour une dizaine d’heures de navigation.

Les informations affichées sur le petit écran, et la jauge (à gauche) de la batterie.

Et comme la batterie est amovible, vous pouvez toujours vous en procurer une deuxième pour une vingtaine d’euros (référence W-10a). La recharge du modem prend deux bonnes heures… par le biais du port USB-C. Autrement dit : vous pouvez recharger le modem tout en chargeant un appareil, mais vous devrez voyager avec plusieurs câbles différents.

Comme si cela ne suffisait pas, le Nighthawk M1 peut aussi faire office de serveur multimédia. Sans retirer la batterie et donc couper la connexion, vous pouvez insérer une carte microSD ou brancher une clé USB2, dont les contenus pourront être récupérés par l’intermédiaire des protocoles UPnP et DLNA. Depuis un iPhone ou un iPad, des applications comme Infuse et VLC peuvent ainsi streamer des vidéos depuis le Nighthawk M1.

Ce que Netgear ne dit pas, ou alors seulement dans un paragraphe paumé au fin fond du manuel, c’est que les fichiers peuvent aussi être récupérés avec le protocole WebDAV. La clé USB est ainsi accessible à l’adresse http://192.168.1.1/dav/usb. Or Pages et Keynote, parmi d’autres applications, peuvent lire et écrire sur les volumes WebDAV. Voilà qui transforme le Nighthawk M1 en véritable petit serveur portable.

Les volumes connectés au Nighthawk M1 peuvent être montés comme des serveurs WebDAV dans le Finder ou l’application Fichiers.

À 279 €, sans compter le cout de l’abonnement cellulaire, ce n’est clairement pas un achat que l’on fera sur un coup de tête. Mais le Nighthawk M1 peut être formidablement utile en vacances ou dans une résidence secondaire, comme un point d’accès transportable. Dans ce cadre, on peut retirer la batterie et alimenter directement le modem en USB-C, et même ajouter des antennes 3G/4G externes à connecteur TS-9. Ou, plus simplement, le coller près d’une box ADSL qu’il secondera.

Il se révèle surtout au centre d’un bureau mobile : il apporte la connexion, recharge les téléphones, et embarque divertissements et sauvegarde des documents. Le partage de connexion vous suffit ? Tant mieux : le Nighthawk M1 n’a rien d’indispensable. Mais si vous cherchez une solution dédiée et polyvalente, il mérite considération. Ses performances et son autonomie justifient son prix.


  1. Le Nighthawk M1 prend en charge les bandes 850 MHz, 900 MHz, 1 900 MHz, et 2 100 MHz en 3G ; et les bandes 700 MHz, 800 MHz, 900 MHz, 1 800 MHz, 2 100 MHz, 2 300 MHz, 2 500 MHz, et 2 600 MHz en 4G LTE. ↩︎
  2. Formatée en FAT/FAT32, NTFS, ou HFS/HFS+. Le format APFS n’est pas pris en charge. ↩︎
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