Free Mobile prend-il ses clients pour des coucous ?

Christophe Laporte |

À l'occasion de la publication de ses résultats annuels (lire : Free Mobile menace d'attaquer ses détracteurs), les dirigeants de Free Mobile ont tenu à remettre les points sur les i et ont fait savoir qu’ils "attaqueront en justice toute personne dénigrant la réalité de sa couverture ou de ses investissements". Lors d'une conférence de presse organisée dans la foulée, Xavier Niel a semblé un brin irrité envers les journalistes "On ne s’est pas exprimé publiquement depuis le 13 janvier et on vous a volontairement laissé dire n’importe quoi".

L'exemple le plus saisissant dans l’argumentaire de Free concerne la panne survenue le 2 mars dernier (lire : Free Mobile : panne générale du réseau ? [MàJ 2x]). Pendant plus de deux heures, le réseau Free Mobile a été inaccessible dans de nombreux endroits. Il suffit de lire les diverses réactions suite à notre article pour s'en rendre compte. L'incident avait même fait l'objet d'une dépêche de l'AFP.

La réponse du patron fondateur d'Iliad est pour le moins intéressante : "Une panne quelle panne ? Parlez de choses factuelles, arrêtez de propager des rumeurs lancées par nos concurrents. L'un des journalistes présents a alors demandé pourquoi Iliad n'avait pas publié un démenti. Et Xavier Niel de répondre : "C’était un parti pris délibéré. C’était volontaire de vous laisser dire n’importe quoi parce que si on commence à répondre à chaque fois qu’une antenne tombe en panne à Marseille on n’a pas fini".

Faute de pouvoir vérifier précisément, il est difficile de savoir si cette panne était vraiment générale. Par contre, une chose est certaine, elle a touché un grand nombre d'utilisateurs.

Que les dirigeants de Free soient agacés par la campagne de dénigrement mené par ses concurrents, c'est une chose que l'on peut comprendre. Sur Europe 1, Maxime Lombardini s'étonnait que la couverture du réseau Free Mobile avait déjà fait l'objet de deux mesures de vérification en trois mois. Ce qui pour reprendre ses mots est "quelque chose d’assez atypique".

Lorsque Xavier Niel a dévoilé l'offre Free Mobile en janvier, il n'a pas manqué de violemment critiquer les opérateurs et la manière dont ces derniers traitaient leurs clients. Avant de nous taxer "d'anti-Free", nous tenons à rappeler que nous avons toujours estimé que l'arrivée d'un quatrième opérateur était une véritable bénédiction pour la téléphonie mobile en France (lire : Free Mobile : une bonne nouvelle pour tout le monde).

À cet égard, Free Mobile ferait bien d'être exemplaire avec ses clients avant de s’en prendre à la concurrence. Les incidents sur le réseau du quatrième opérateur se multiplient. Ces derniers jours, dans les grandes villes, il est bien difficile de passer un simple coup de fil durant les heures de pointe. Au vu du nombre de témoignages que nous avons recueillis, il semble que ce problème soit loin d'être isolé.

On le répète encore, Free Mobile a tout juste 60 jours d'existence commerciale. Il est tout à fait normal que l'opérateur rencontre de petits soucis. C'est dans la logique des choses, ce n'est pas "dramatique". Récemment, un technicien d'Orange disait qu'il avait fallu plus de six mois à l'opérateur historique pour maitriser son réseau 3G.

Que Free Mobile fasse des cachoteries concernant le nombre d'abonnés qu'elle possède, cela peut se comprendre. Par contre, elle gagnerait à faire preuve d’un peu plus de transparence et d’informer ses clients des éventuels désagréments qu’ils pourraient subir, en attendant qu’ils soient corrigés. C’est la moindre des choses.

Lors de son intervention à la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale en janvier, Xavier Niel avait fait la déclaration suivante à propos des clients :  « On a des abonnés qui nous aiment bien, mais qui ne nous pardonnent pas grand-chose. Qui aime bien châtie bien ! ». C’est sans doute vrai, mais cela ne doit pas empêcher Free de tirer des leçons plutôt que de tout nier en bloc.

[Via : Freemobileasso]

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