Le Nokia blues

Anthony Nelzin-Santos |

Les températures sont négatives cinq mois de l'année à Espoo, mais ce n'est pas ce qui provoque le blues des employés de Nokia. Sur son blog (via), Adam Greenfield, qui fut un temps à la tête du design Nokia, résume les problèmes de la firme finlandaise : elle ploie sous son propre poids.

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La société que gère désormais Stephen Elop souffrirait d'une trop grande bureaucratie : la mise sur le marché d'un projet est ralentie par différents niveaux de décision. Ces comités tendent d'ailleurs à restreindre l'innovation à cause de l'inertie de la machine : Nokia créée des téléphones consensuels conçus pour des marchés de plusieurs dizaines de millions de personnes parce que c'est ce qu'on attend d'elle. Tout téléphone sortant de ce cadre — et donc toute forme d'innovation — a tendance à être mis de côté au profit de « blockbusters » plus sûrs.

Ces blockbusters sont fabriqués à très grande échelle avec les économies qui vont avec : de la papeterie au caoutchouc en passant par le smartphone, Nokia cherche à maîtriser au maximum les coûts de production. Parfait pour le featurephone sous Series 40, un peu moins pour le smartphone devant rivaliser avec l'iPhone et nécessitant un grain de folie. Et quand les ingénieurs de Nokia trouvent une fonction pratique et permettant de faire la différence, c'est l'exécution qui pèche. Greenfield cite l'exemple d'un projet de recherche sur le paiement NFC à un moment où personne n'en parlait — à ceci près qu'il était tout sauf plus rapide que d'autres formes de paiement, nécessitant par exemple une confirmation par SMS, perdant toute « sa magie ». Bref, il était parfaitement conçu d'un point de vue de l'ingénieur, mais pas pensé du point de vue de l'utilisateur.

Des points qui rappellent leur contrepartie exacte chez Apple : Steve Jobs aime à raconter que la firme de Cupertino fonctionne toujours comme une startup malgré sa stature, sans comités et sans peur de brusquer. Stephen Elop a au moins le mérite de vouloir secouer Nokia, à commencer par son management — mais pour le moment, à Espoo, on a le blues. Paris ne s'est pas faite en un jour…

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avatar swanny | 
j'aurais cru que le blues venait des centaines de personnes qui se sont fait virer...
avatar BeePotato | 
il y a un peu de ça dans l'air, si je me souviens bien Elop à annoncé vouloir que le centre de recherche principal soit maintenant dans la Silicon Valley. C'est bien le genre de choses à dire pour démotiver les troupes. D'un autre coté, il n'a peut-être pas tort.
avatar Rimtape | 
hé bien, ils ne seront pas dépaysés avec l'inertie microsoftienne ^^, ils devraient tous lâcher le navire et créer leur startup.
avatar Lou117 | 
J'en parlais l'autre jour sur mon blog justement : http://www.bheller.com/2011/02/19/deux-dindes-ne-font-pas-un-aigle/ Nokia va mal là... Ils essayent de réagir mais difficile de dire si ça va dans le bon sens...
avatar tipitipi | 
Heu... Sauf blague que je n'ai pas compris, c'est Rome qui ne s'est pas faite en un jour (Paris, la question c'est plutôt sur la mise en bouteille).
avatar Lou117 | 
Tu veux parler de l'exemple de l'accusé de réception des SMS sur iOS ? :D

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