Microsoft doit-il acheter RIM ?

Anthony Nelzin-Santos |

Microsoft doit-il acheter RIM ? Oui selon Fabrice Taylor, rédacteur au Globe and mail, quotidien tout aussi canadien que le fabricant des BlackBerry. « Les deux sociétés ont un fâcheux problème, Apple. Les deux sociétés ont récemment déçu les investisseurs, en partie à cause de ce problème. Les deux compagnies patinent car elles ne peuvent suivre le rythme de l'innovation de Steve Jobs et compagnie. Les deux sociétés sont désespérément à la recherche d'une solution. », résume funestement Taylor : « vous pourriez même dire que c'est une question de vie ou de mort ».

« L'informatique est passée de l'ordinateur de bureau à l'ordinateur portable, ce qui n'a pas gêné Microsoft, mais passe maintenant de l'ordinateur aux smartphones et tablettes, deux domaines dans lesquelles la société de [Steve] Ballmer est en retard » rappelle Taylor. Microsoft repose sur ses deux vaches à lait, Windows et Office, pour financer, parfois à perte, Xbox, services Internet et maintenant la téléphonie.

Acteur majeur du domaine dans le monde de l'entreprise il y a quelques années avec Windows Mobile, Microsoft est en pleine perte de vitesse : Windows Phone 7, pourtant prometteur, ne parvient pas à stopper l'hémorragie. Pire, il serait un échec commercial (lire : Windows Phone 7 : des estimations de ventes au ras du sol) que seul Nokia peut espérer transformer en succès.

RIM vit un destin similaire : dépassé par Apple (lire : Smartphone : Apple se rapproche de Nokia pour le titre de no. 1), le fabricant du BlackBerry a perdu son avance technologique et se contente de déclinaisons très progressives d'un même modèle, jouant la montre en attendant de pouvoir utiliser QNX sur ses smartphones. QNX, la base du BlackBerry Tablet OS, le système du PlayBook, la tablette de RIM qui avait fait une forte première impression, confirmée en partie seulement (lire : La revue de presse du BlackBerry Playbook).

La thèse de Taylor est la suivante : fragilisé, RIM serait plus enclin à accepter une proposition de Microsoft, qui a tout intérêt à acquérir cet OS prometteur pour tablettes. Une hypothèse qui souffre tout de même de fait que QNX n'a absolument rien à voir avec Windows de près ou de loin et ne facilite donc pas des transitions faciles. Quitte à citer des synergies possibles, autant évoquer les services BES/BIS de RIM, ou encore ses différents outils de gestion en entreprise, qui renforceraient encore Microsoft.

L'acquisition de RIM par Microsoft est une hypothèse un peu folle — on entendrait presque Google lâcher un « deux dindes ne font pas un aigle » dans un rire étouffé (lire : Google moque la possible alliance Nokia/Microsoft). Mais que le quotidien canadien par excellence se la permette est révélateur : le joyau national n'est plus sacré.

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