Microsoft : le Kin victime de conflits internes

Florian Innocente |

Lancés début mai et abandonné en rase campagne seulement deux mois plus tard, les deux Kin de Microsoft - ces téléphones orientés activités sociales, mais perclus de lacunes sur ce point - auront à peine eu le temps de pousser un premier soupir (lire Microsoft : le Kin mort-né).

Ce complet raté sur un marché stratégique comme celui du mobile et alors que Microsoft compte se refaire la main avec ses futurs téléphones à la rentrée est pour une bonne partie expliqué par Engadget qui a recueilli plusieurs confidences.

L'aventure "Kin" - autrefois baptisé projet "Pink" - a commencé au début 2008 sous la direction de J Allard, monsieur Xbox et Zune chez Microsoft et s'est accélérée avec le rachat de Danger et de ses petits terminaux Sidekick basés sur un OS utilisant Java ainsi qu'un système de synchronisation des données en ligne (lire aussi Sidekick : mauvais cloud pour Microsoft).

Il apparaît que J Allard ne souhaitait pas utiliser Windows Mobile pour cette nouvelle plateforme (à l'époque Microsoft n'avait pas encore fait table rase de son OS mobile au profit de Windows Phone 7). Il préférait utiliser d'autres technologies comme celles du Zune dont il avait chapeauté la création.

Une volonté d'autonomie qui aurait sérieusement contrarié Andy Lee le responsable de la division Windows Mobile (en photo), décrit comme « jaloux » des plans de son désormais rival. Il craignait que Pink ne siphonne les ressources de sa division. À force de lobbying, le projet Pink passa finalement sous sa coupe, avec J. Allard relégué au second plan.

Sous la direction de Lee, Pink fut réajusté et devint essentiellement une obligation à remplir vis-à-vis de l'opérateur Verizon qui s'était engagé à vendre ces terminaux. Pour le reste, Lee se désintéressait complètement de ce projet, alors qu'en parallèle la plateforme Windows Mobile 6 était passée cul par-dessus tête pour être revue de zéro et transformée en Windows Phone 7.

Avant même le lancement des Kin One et Kin Two, l'équipe chargée de leur conception sentit le vent tourner. Verizon changea les conditions de ses forfaits - initialement, ils devaient être particulièrement attractifs - les rendant plus chers et dépréciant par là l'intérêt de ces deux appareils pour ses futurs clients.

Quant aux insuffisances techniques de la plateforme, malgré les alertes envoyées par ses développeurs, elles restèrent lettre morte. Lee souhaitait sortir ces Kin afin de tenir les engagements de Microsoft vis-à-vis de ses partenaires (Sharp s'occupait de la fabrication) et, ceci fait, s'en débarrasser une bonne fois pour toutes.

Selon les sources d'Engadget, Microsoft, en deux mois, aurait vendu moins de 10 000 Kin aux États-Unis. Le site raconte également que l'intégration des équipes Kin à celles de Windows Phone 7 - ce que Microsoft a indiqué dans le communiqué de presse annonçant l'annulation de la vente du Kin en Europe - ne serait pour l'heure que littérature.

On prête à Lee la volonté tenir ces ingénieurs en dehors de son équipe, au moins jusqu'au lancement de la première version de Windows Phone 7 à la rentrée. Une bonne partie de l'équipe Kin est donc, littéralement, en train de se tourner les pouces écrit Engadget, attendant de savoir à quelle sauce elle va être mangée.

J Allard, lui, ne consacre plus que 5% de son temps à Microsoft suite à une réorganisation intervenue fin mai (lire Microsoft, les raisons des départs).

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