Alors que le contexte sanitaire devrait appeler tout un chacun à la plus grande des prudences, il est vraiment malheureux que des hommes politiques relaient bêtement des théories du complot. Deux d'entre eux, Yves Pozzo di Borgo (ancien sénateur de Paris et conseiller dans le 7e) et Alain Houpert (sénateur de la Côte-d'Or), partagent sans barguigner une info complètement bidon du site Wikistrike, bien connu des théoriciens du complot et qui à cette occasion bénéficie hélas d'un coup de projecteur.
Selon ce site, le gouvernement fait installer en douce « l'application Covid-19 » depuis le 31 mai, « ou plus probablement la moitié de cette application » (sic). C'est prêter beaucoup de pouvoir au gouvernement, mais surtout c'est faux. En fonction de son smartphone, il faudra télécharger StopCovid sur l'App Store ou le Play Store et l'activer soi-même, à partir de demain midi. On peut reprocher bien des choses à l'app française de traçage de contacts, mais pas de s'asseoir sur le consentement des utilisateurs.
Le site fait l'amalgame entre l'application du gouvernement et l'API Exposure Notification d'Apple et de Google. Or, les deux n'ont rien à voir : StopCovid s'appuie sur une technologie franco-française sans lien avec celle des deux partenaires de circonstance. Par ailleurs, l'activation du suivi des contacts via l'API est volontaire et il faut installer au préalable une application compatible, donc pas StopCovid (lire : Installer iOS 13.5 n'active pas automatiquement le traçage des contacts).
Yves Pozzo di Borgo a fait amende honorable, mais pas Alain Houpert. Jean-Luc Mélenchon, le patron de la France Insoumise, aurait lui aussi dû se renseigner un peu plus sérieusement sur le sujet : la semaine dernière, durant la discussion à l'Assemblée nationale, il a endossé la théorie selon laquelle StopCovid allait siphonner le carnet de contacts des utilisateurs.
Là aussi, c'est faux : StopCovid ne demandant pas l'accès aux contacts d'iOS ou d'Android, l'app ne peut en récupérer les informations (lire : Face à l'API Apple et Google, le gouvernement tente de convaincre du bien-fondé de StopCovid).