Apple Pay : le premier million de cartes bancaires activées

Mickaël Bazoge |

Apple Pay fait un carton. Tim Cook, invité des premières Digital Conference du Wall Street Journal, a annoncé que 72 heures après le lancement du service de paiement sans contact lundi 20 octobre, plus d’un million de cartes de crédit avaient été activées par les utilisateurs américains d’iPhone 6. Le processus d’enregistrement est très simple : il suffit de prendre en photo une carte bancaire pour qu’elle soit enregistrée dans Passbook. Il est bien sûr nécessaire que la banque soit partenaire, mais Apple a conclu des accords avec plus de 500 établissements américains. La banque Wells Fargo offre même 20$ à ses clients qui s’essaieraient à payer quelque chose via Apple Pay…

Malgré tout, tout n’est pas rose pour Apple Pay, qui fait face à la fronde de plusieurs chaînes de distribution, notamment des pharmacies Rite Aid et CVS qui ont décidé de refuser les paiements via NFC (Apple Pay, mais également Google Wallet), après les avoir acceptées pendant quelques jours. Ces réseaux sont en train de mettre au point une solution maison baptisée CurrentC qui se révèle bien moins simple et avantageuse pour le consommateur, qui va voir ses données confidentielles partagées avec les commerces participants (lire : Apple ne se démonte pas face au boycott d'Apple Pay). CurrentC a d’ailleurs réussi l’exploit d’unifier les utilisateurs iOS et Android contre lui ! Autant dire que la solution semble bien mal née.

CurrentC est un développement de la société Merchant Customer Exchange (MCX), dans lequel le géant de la distribution Walmart a des intérêts, ce qui explique pourquoi les supermarchés de cette enseigne n’accepteront pas Apple Pay. Tim Cook ne se laisse pas démonter pour autant et reprend l’argumentaire de son entreprise : sur le long terme, les boutiques qui boudent aujourd’hui Apple Pay n’auront d’autre choix que de se plier à la volonté de leurs clients. Le patron d’Apple a également indiqué que le constructeur s’était intéressé à toutes les solutions actuelles, mais n’en a pas trouvé une seule aussi simple pour utiliser un porte-monnaie virtuel. Les détaillants viendront à Apple Pay, estime t-il, car la solution d’Apple offre une plus grande sécurisation des données : « Nous ne voulons pas savoir ce que vous achetez, nous ne collectons pas de données, nous ne sommes pas Big Brother. Nous laissons tout cela à d’autres ». Apple Pay permet aussi d’éviter la fraude (Target et Home Depot ont été l’objet d’attaques de grande ampleur ces derniers mois).

Tim Cook a révélé qu’il avait lui même testé Apple Pay dans une épicerie Whole Foods après le lancement du service : « Vous n’avez pas besoin de partir à la pêche de votre carte de crédit », a t-il illustré. « C’est le premier système de paiement mobile qui est facile, sécurisé et confidentiel ». Le message est en tout cas passé auprès des consommateurs américains : en quelques jours seulement, Apple Pay est le service qui compte d’ores et déjà le plus de portefeuilles mobiles aux États-Unis (plus même que le nombre de comptes enregistrés par tous les autres services de paiement concurrents).

La Chine dans la ligne de mire d’Apple Pay

Quant au déploiement d’Apple Pay à l’international, il semble bien que la Chine soit effectivement sur le sommet de la pile, comme l’avait déclaré le patron d’Apple il y a quelques jours à l’agence chinoise Xinhua (lire : Apple Pay : Tim Cook vise la Chine). Jack Ma, le cofondateur et président d’Alibaba.com, invité du Wall Street Journal juste avant Tim Cook, a montré de l’intérêt pour le service de paiement sans contact du constructeur américain : il est prêt à s’asseoir autour d’une table pour évoquer un potentiel rapprochement entre Apple Pay et sa propre solution Alipay. Lancée en 2011, celle-ci compte plus de 80 millions de transactions par jour, dont 45 millions passent par des appareils mobiles.

« J’espère que nous pourrons faire quelque chose ensemble », a indiqué Ma, ce à quoi Tim Cook a répondu peu de temps après : « Nous aimons travailler avec des partenaires intelligents, qui possèdent des équipes flexibles, pour qui leurs produits sont importants et qui peuvent nous pousser. Je pense que l’entreprise de Jack est exactement comme cela. Si nous pouvons nous trouver des intérêts en commun, j’adorerais [travailler avec lui] ».

Si les notes d’intention sont bonnes, il reste à voir comment Apple et Alibaba peuvent intégrer leurs solutions de paiement entre elles. La Pomme étant généralement assez jalouse de ses technologies, il n’est pas certain qu’elle veuille partager quoi que ce soit avec un tiers, surtout dans un domaine aussi sensible. Quoi qu’il en soit, les deux patrons vont bien se rencontrer cette semaine pour évoquer un partenariat potentiel.


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