Un iPad 7", pour quoi faire ?

Anthony Nelzin-Santos |

Depuis quelques jours, les rumeurs de l'arrivée prochaine d'un iPad 7" se multiplient (lire : iLounge : nouveaux iPod, iPhone 5, iPad 7"…). Les questions se multiplient tout aussi vite : un iPad 7", pourquoi pas, mais pour quoi faire ?

L'iPad actuel est construit autour d'un écran 9,7" d'une définition de 1024x768 px, soit une résolution de 132ppi. Cet écran est au format 4/3, un format moins « étiré » que le 3/2 utilisé par l'iPhone, mais qui permet de plus facilement se « perdre » dans l'orientation et l'utiliser presque indifféremment en portrait ou en paysage. Un iPad 7" reprendrait logiquement ce format : son écran ferait donc 4,2 sur 5,6" (contre 5,82 sur 7,76" pour le modèle actuel).

Deux options s'offrent à Apple : soit elle conserve la même définition qu'actuellement, soit elle l'augmente. La première option est une option de facilité : elle évite à Apple de demander à ses développeurs de créer une nouvelle version de leur application, puisque la définition est la même, et que la résolution augmente « à peine » (183ppi au lieu de 132ppi). La seconde option pose plusieurs problèmes, car elle demande forcément réécriture des applications : certains développeurs vont donc se retrouve à créer quatre applications en une, pour iPhone, iPhone Retina, iPad et iPad Retina, si ce nom est retenu (lire : Retina Display : bientôt sur iPad ?).

Apple peut par exemple tenter de doubler la définition actuelle de l'iPad, comme elle l'a fait avec l'iPhone : on obtiendrait alors une impressionnante définition de 2048x1536 px (soit une résolution de 365 dpi sur un modèle 7"), ce qui est tout simplement inconcevable eu égard aux performances actuelles des chipsets graphiques. Mais la firme de Cupertino n'a peut-être pas besoin d'aller si loin pour obtenir un écran qu'elle pourrait qualifier de « Retina » : si l'écran de l'iPhone a du monter jusqu'à 326ppi pour obtenir ce rendu si agréable, c'est parce qu'il est tenu à une trentaine de centimètres des yeux.

L'iPad, lui est souvent posé sur une table, partagé entre deux personnes à bout de bras, posé sur les jambes : la résolution actuelle est déjà très bonne, une résolution autour des 200 à 250ppi semble suffire pour être considéré comme « Retina », c'est-à-dire comme si fine qu'on ne peut plus discerner les pixels. Un simple saut de puce en termes de définition permettrait d'atteindre cette définition : un iPad utilisant une résolution de 1280x960 px aurait une résolution de 165ppi en 9,7", de 229ppi en 7".

Cette définition a un double intérêt : 960 pixels, c'est la résolution verticale de l'iPhone, certaines interfaces pourraient donc être reprises plus facilement, notamment dans le cas des interfaces de webapps. Et 229ppi à bout de bras, c'est donc une résolution suffisamment fine pour que les pixels s'effacent — or si l'iPad 7" a une raison d'être, ce sera certainement sur le marché de lecture numérique, qui demande une définition assez élevée, un confort proche du papier que n'offre pas toujours le modèle actuel d'iPad.

Steve Jobs n'a en effet que très peu parlé de l'iBookstore sur iPad, n'en faisant qu'une rapide démonstration, alors qu'il a laissé beaucoup plus de place à la lecture de magazines et de journaux, dont les contenus plus graphiques tendent à faire oublier la résolution moyenne. Il a paradoxalement presque plus parlé de l'iBookstore sur iPhone 4 que de l'iBookstore sur iPad.

Un iPad 7" est un modèle plus léger, donc plus facile à tenir d'une seule main, position qui a tendance à devenir fatigante sur l'iPad 9,7". C'est un modèle dont le format se rapproche de celui des livres, peut-être pas encore de poche, mais presque. C'est enfin un modèle plus facilement transportable, là où l'iPad 9,7" a tendance à être un appareil de plus à la maison. Un iPad 7" a donc plus de chances de remplacer le bouquin qu'on lit dans le métro que l'iPad 9,7".

L’iPad 7" pourrait donc être un appareil de la même définition que l'iPad 9,7" pour garantir son accès aux mêmes applications et donc son côté multi-usages. Mais ce serait un produit beaucoup plus fortement orienté vers la lecture que n'est l'iPad 9,7", qui se propose plutôt comme une alternative à l'informatique à domicile. N'oublions pas que le cœur de gammes des liseuses numériques, notamment chez Amazon, utilise un écran 6".

Cela ne veut pas dire que l'hypothèse iPad 7" est logique : Apple ne court qu'après les marchés de masse, et rien n'a pour l'instant prouvé que le créneau des liseuses numériques en était un. Amazon se contente de dire que le Kindle s'est vendu à « des millions d'exemplaires », sans ne jamais fournir aucun chiffre précis, et on ne peut pas dire que l'iBookstore ait été lancé en grande pompe.

Il n'est pas non plus sûr que 3" en moins fassent de l'iPad 7" un produit fondamentalement plus transportable que l'iPad 9,7", mais il certain que les 4" de plus en feront un produit beaucoup moins transportable que l'iPhone ou l'iPod touch. On doit aussi avouer avoir du mal à imaginer comme la tarification pourrait s'articuler entre l'iPod touch et l'iPad actuel. Mais Apple a su nous surprendre une fois avec un appareil qui sans les redéfinir, a fait évoluer certains usages, par son côté intimiste. Clairement défini, un iPad 7" pourrait trouver sa place dans la gamme et son public.

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