iPhone 6 : 4G LTE ou 4G LTE-A ?

Anthony Nelzin-Santos |

Selon le site d’Apple, l’iPhone 6 et l’iPhone 6 Plus sont seulement compatibles 4G LTE. Pendant le special event pourtant, Phil Schiller mentionne clairement l’agrégation de porteuses, technologie spécifique à la 4G LTE-A. Alors, les iPhone 6 sont-ils 4G LTE ou 4G LTE-A ?

Pendant le special event, Phil Schiller a clairement mentionné l’agrégation de porteuses (carrier aggregation).

Depuis la fin des années 1990, le 3GPP définit les standards de réseaux mobiles dérivés des spécifications GSM par le biais de releases. La release 8 définit les technologies de la 4G LTE, tandis que la release 10 définit celles de la 4G LTE-Advanced. Chacune de ces releases instaure des catégories de terminaux, selon les débits minimaux, le type d’antennes et le nombre de porteuses qu’ils doivent prendre en charge. La release 8 en définit cinq (catégories 1 à 5), la release 10 en ajoute trois (catégories 6 à 8), et la release 11 deux de plus (catégories 9 et 10).

Avec leurs 20 MHz duplex dans la bande des 2 600 MHz, des opérateurs comme Orange et Free Mobile peuvent proposer 150 Mb/s en 4G LTE « simple » : c’est ce que prévoit la catégorie 4. Mais Phil Schiller mentionne l’agrégation de porteuses, qui est l’apanage de la 4G LTE-A : pourquoi, alors, Apple ne s’en vante-t-elle pas ? Il est probable qu’elle suive une nouvelle fois l’usage des opérateurs, qui devraient réserver cette appellation à la catégorie 6, qui permet d’atteindre 300 Mb/s et de véritablement soulager le réseau en agrégeant deux porteuses 20 MHz sur deux bandes différentes.

Tous les opérateurs ne possèdent pas un « bloc » de fréquences de 20 MHz de large, donc tous les opérateurs ne peuvent pas proposer 150 Mb/s en 4G LTE (lire : 4G LTE : explications sur les bandes de fréquences). C’est précisément le problème que résout l’agrégation de porteuses de la 4G LTE-A : elle permet d’associer des « blocs » de ressources pour multiplier les débits. Rares sont les opérateurs qui bénéficient de deux blocs de 20 MHz et peuvent ainsi atteindre le débit maximal prévu par la catégorie 6, mais les opérateurs français peuvent au moins réunir 30 MHz pour atteindre jusqu’à 225 Mb/s.

Contrairement à ce que certains documents affirment, l’agrégation de bande concerne aussi la catégorie 4, quoiqu’avec deux porteuses de 10 MHz seulement. Le débit est certes limité à 150 Mb/s, mais cela sera déjà utile à certains opérateurs comme AT&T, qui doit se contenter de blocs de 5 MHz dans certaines régions des États-Unis. L’agrégation de bandes en catégorie 4 n’est pas nouvelle : elle est prise en charge par les modems Qualcomm de troisième génération depuis juin 2013, et elle faisait la spécificité d’un téléphone comme le Samsung Galaxy S4 GT-I9506.

Sans doute pour des raisons purement commerciales, Qualcomm insiste pour qualifier cette pratique de 4G LTE-A, ce qui n’est pas faux. Mais comme ce n’est pas l’usage des opérateurs et donc celui du grand public, Apple ne suit pas son fournisseur. Les iPhone 6 ont de toute manière d’autres arguments à avancer en matière de connectivité (lire : L’iPhone 6, un iPhone ac surVoLTÉ), et la catégorie 6 amènera une rupture plus franche et sans doute plus simple à expliquer.

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