Retina HD : Apple change la définition du Retina

Anthony Nelzin-Santos |

La marque « Retina HD » ne désigne pas qu’une résolution — et pour cause, celle de l’iPhone 6 (326 ppp) diffère de celle de l’iPhone 6 Plus (401 ppp). Elle recouvre plutôt un ensemble de composants matériels et logiciels qui forment l’affichage spécifique aux iPhone 6 et iPhone 6 Plus.

L’écran lui-même est conçu pour fournir une qualité d’image supérieure. À l’usine, la dalle IPS est placée sous un système optique comprenant une lampe UV : un photoalignement permet d’ajuster la position des cristaux liquides pour augmenter le microcontraste. La dalle est composée de pixels à double transistor dont les sous-pixels ne sont plus arrangés sur une grille très stricte, mais sont légèrement inclinés. Ce qui pourrait passer pour un défaut permet en effet de compenser les légères variations dans le rétroéclairage ou la colorimétrie, et d’améliorer encore un peu plus les angles de vue.

IBM a dû utiliser des pixels à double transistor pour ses écrans T220 et T221 à la très grande définition de 3 840 x 2 400 px. On voit bien que les sous-pixels sont légèrement inclinés. Même sur le côté, l'écran reste parfaitement net, sans variation de la luminosité ou de la couleur. Apple n'est pas le premier fabricant de smartphones à utiliser cette technologie, cet honneur revient à HTC.

L’écran des iPhone peut sembler changer de couleur lorsque l’on porte des lunettes polarisantes. C’est que l’effet du filtre polarisant des lunettes s’ajoute à celui des filtres polarisants de l’écran lui-même : Apple a semble-t-il revu leur arrangement et/ou leur orientation pour minimiser cet effet. Enfin, le tout est recouvert d’une dalle de « verre renforcé Ion-X », un verre trempé chimiquement très résistant. Pour être parfaitement complet, on notera que les écrans ainsi formés présentent une luminosité de 500 cd/m² et un contraste de 1300 à 1400:1, et affichent l’intégralité du spectre sRGB.

Avec les écrans Retina, les développeurs et les graphistes travaillent @2x : l’écran 1 136 x 640 px de l’iPhone 5s comporte 568 x 320 points. Avec l’iPhone 6 et l’iPhone 6 Plus, cette largeur logique de 320 points évolue pour la première fois depuis l’iPhone original. Elle passe ainsi à 375 points sur l’écran 1 334 x 750 px de l’iPhone 6, une valeur impaire qui signifie l’arrêt de mort de la conception pixel perfect : il va désormais falloir travailler avec des proportions et des rapports, et laisser le système construire l’interface en fonction.

Les choses sont encore un peu plus complexes sur l’iPhone 6 Plus, dont le fonctionnement se rapproche de celui d’un MacBook Pro Retina : son affichage est généré à 2 208 x 1 242 px, soit 736 x 414 points @3x, avant d’être conformé à la définition physique de 1 920 x 1 080 px. On obtient ainsi une résolution native de 401 ppp : l’affichage étant un peu plus petit que sur l’iPhone 6, on peut afficher plus de contenu à l’écran. Ainsi, l’écran d’accueil de l’iPhone 6 Plus possède une sixième rangée, et les applications passent en « mode iPad » en orientation paysage (lire : iOS 8 : des apps adaptées à un iPhone plus grand).

À gauche, l'iPhone 6 Plus en mode standard : il affiche plus de contenu que l'iPhone 6. À droite, en mode zoom : il affiche des éléments plus gros que l'iPhone 6.

D’autres fabricants préfèrent agrandir leurs écrans à résolution constante, afin que les éléments apparaissent plus grands à l’écran. Apple émule ce comportement de manière logicielle avec sa fonction Display Zoom : l’affichage est généré, sans mise à l’échelle, à 640 x 360 points @3x. Dans ce mode, les éléments à l’écran de l’iPhone 6 Plus sont plus gros que ceux à l’écran de l’iPhone 6 (l’iPhone 6 intègre lui aussi cette fonction, bien qu'elle lui sera sans doute moins utile). D’une manière comme d’une autre donc, chacun devrait y trouver son compte. Sauf ceux qui ont de petites poches.

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