iPhone 6 Plus : le re-test

Anthony Nelzin-Santos |

Nous avons publié notre test de l’iPhone 6 Plus quelques jours après sa commercialisation, fin septembre. Nous l’avions examiné sous toutes ses coutures, mais il nous manquait un élément : le recul. Nous avons utilisé cet iPhone au quotidien depuis plus d’un mois, le temps d’un nouveau test — ou plutôt d’une série de remarques et de réflexions d’utilisateurs.

Ces iPhone que l’on tient d’une main

Commençons par enfoncer une porte ouverte avec un cure-dents : l’iPhone 6 Plus a un grand écran. Si grand qu’il est difficile de l’utiliser confortablement à une main, du moins pas sans le renfort d’une fonction comme Accès facile. Malheureusement, elle n’est pas encore tout à fait au point. La barre de statut ne « descend » pas à portée de doigts sur l’écran d’accueil, alors qu’elle le fait dans les apps — idem pour le champ de recherche de Spotlight.

La barre de statut ne descend pas sur l'écran d'accueil : impossible alors d'ouvrir le Centre de notifications ou de répondre à un message sans utiliser l'autre main.

À ces bizarreries s’ajoutent des comportements si agaçants qu’ils remettent en question l’utilité d’Accès facile. Imaginons que vous vouliez aller d’une boîte de réception à une autre dans Mail : vous effleurez deux fois le bouton d’accueil pour atteindre le bouton de retour… et l’écran remonte avant que vous ayez pu sélectionner la deuxième boîte. Dans d’autres applications au contraire, l’écran restera abaissé pendant plusieurs secondes alors que vous avez appuyé.

Un petit iPad, ou un grand iPhone ?

C’est d’autant plus dommage que le grand écran donne envie d’utiliser l’iPhone 6 Plus là où on aurait auparavant sorti son iPad, voire son Mac. Bien sûr, iOS 8 est iOS 8 sur un iPhone 6 Plus comme sur un iPhone 6 ou un iPhone 5s — mais il semble moins contraignant et plus efficace sur l’écran de 5,5 pouces. Apple a trouvé un bon compromis entre surface logique et surface physique, et l’on voit plus sans devoir plisser les yeux.

L'iPhone 6 Plus en mode normal et en mode agrandi : son grand écran peut servir à afficher plus d'éléments, ou à afficher des éléments plus grands.

Pour autant, l’iPhone 6 Plus n’est pas un iPad nano. À cet égard, le mode paysage est extrêmement frustrant : on se croit parfois sur un petit iPad, mais l’impression ne dure jamais longtemps. On dirait ainsi que les touches de fonction du clavier viennent boucher un trou plus qu’elles ne résolvent de problèmes — au contraire, elles en créent pour les plus petites mains.

Le clavier en mode paysage serait peut-être plus pratique si les touches de fonction étaient placées au milieu, séparant deux moitiés de clavier.

La vue en deux colonnes est pratique dans Mail et Messages, beaucoup moins dans l’App Store, comme si les designers d’Apple avaient manqué d’imagination et de temps. Sans compter les bogues de gestion d’orientation d’iOS 8, qui incitaient à bloquer le mode paysage, de toute manière encore peu exploité par les développeurs tiers.

Avec ou sans housse ?

Une housse peut cacher les lignes du dos, que d’aucuns trouvent disgracieuses, et améliorer la préhension. Mais elle peut aussi casser l’arrondi des bords, qui aide à la réalisation des gestes si importants sur ce grand écran, et élargit un appareil qui n’en a pas besoin. Disons qu’un iPhone 6 Plus sans housse peut être utilisé à une main de manière ponctuelle, malgré les défauts d’Accès facile. Ce ne sera pas le cas avec une housse.

À titre personnel, l’iPhone 6 Plus est le premier iPhone que j’utilise sans housse… depuis l’iPhone original. S’il me glisse des mains, la bien nommée garantie AppleCare+ me permettra de remplacer mon téléphone pour le prix d’une jolie housse. Mes trois collègues propriétaires d’iPhone 6 Plus utilisent quant à eux une housse, sans être forcément convaincus. La housse en cuir d’Apple montre déjà des faiblesses après un mois d’utilisation, alors que celle en silicone est beaucoup plus convaincante.

Un pli à prendre

Quatre iPhone 6 Plus sont donc utilisés chez MacGeneration, contre autant d’iPhone 6. Et l’un d’entre eux est très légèrement « plié ». La plupart des concurrents de l’iPhone 6 Plus ont une certaine flexibilité, qui leur permettent de reprendre leur forme originale après avoir été soumis à diverses contraintes. C’est moins le cas du grand téléphone d’Apple, dont la construction entièrement métallique avec un écran serti pardonne moins.

Faut-il parler de bendgate ? Sans doute pas, sauf à vouloir ignorer les lois de la physique et du bon sens. Faut-il faire attention ? Pas forcément plus qu’à l’habitude, la plupart des modèles d’iPhone souffrant d’une « solide fragilité ». Les équipes de Jony Ive partent bille en tête avec leur cahier des charges, au mépris parfois des conditions d’utilisation. L’iPhone 6 Plus n’est pas fragile, mais il n’est clairement pas aussi solide que d’autres téléphones.

iPhone 6 Plus plié : la lumière de l'écran est visible quand l'iPhone est posé face contre table.

Il dispose par contre d’une autonomie supérieure à la plupart des téléphones que nous avons testés (hors modes « stamina » et économie d’énergie bien sûr). Puisque nous n’avons cessé de nous lamenter sur l’autonomie des iPhone, il faut aujourd’hui reconnaître que celle de l’iPhone 6 Plus est excellente… sans toutefois nous empêcher de penser qu’un iPhone 5s plus épais de deux millimètres ferait aussi bien. Quoi qu’il en soit, il est agréable de ne plus chercher une prise à 18h, voire de partir en week-end sans chargeur.

Pour conclure

La différence entre l’iPhone 5s et l’iPhone 6 est sans doute moins impressionnante que celle entre l’iPhone 6 et l’iPhone 6 Plus. À mi-chemin des autres iPhone et de l’iPad mini, c’est un appareil très intéressant qui débarque dans un marché extrêmement dynamique.

On peut comprendre qu’un mois après sa sortie, les développeurs n’aient pas encore pris la mesure de son potentiel. Mais alors que Samsung a doté son Galaxy Note d’une myriade de fonctions spécifiques dont certaines sont véritablement utiles, Apple semble avoir manqué d’imagination.

L’iPhone 6 Plus est un iPhone à grand écran, grosse batterie et processeur surpuissant. Autant d’éléments qui sont aujourd’hui sous-exploités : il faudra refaire le point dans quelques mois, si ce n’est l’an prochain.

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