Après un an, comment s'en sort Salto ?

Félix Cattafesta |

Les séries américaines vont-elles sauver Salto ? La plateforme franco-française fait en ce moment les gros titres pour sa diffusion de And just like that, le reboot de la série Sex and the city arrêtée en 2004. Sur la page d'accueil, All american, Stargirl et Pretty Little Liars se partagent la tête d'affiche. Cet été, le plus gros succès du service a été l'épisode retrouvailles de Friends, mis en ligne en même temps que sur HBO Max aux États-Unis.

La page d'accueil du site de Salto.

Si Salto a pour ambition de « participer activement au rayonnement de la création audiovisuelle française et européenne », le projet veut surtout se faire une place sur le marché ultra-concurrentiel du streaming. Un pari pour le moment à moitié réussi.

En septembre, la plateforme enregistrait un niveau de pénétration de 2,4 % selon le baromètre OTT NPA Conseil/Harris Interactive, ce qui représente une bonne progression quand on sait qu'elle a été lancée il y a à peine un an. « En décembre dernier, il y avait 0,7 % des Français qui disaient être abonnés, contre 2,4 % en 2021 », explique un expert à 20 Minutes. En France, le service peut se targuer de jouer dans la même cour qu'Apple TV+. D'après les chiffres de JustWatch, les Français seraient plus intéressés par Salto que par la plateforme de Cupertino.

Salto reste évidemment loin derrière les mastodontes américains comme Netflix (38 % de taux de pénétration) ou Prime Video (29,4 %), mais la comparaison n'a pas vraiment de sens. La plateforme française ne dispose pas des mêmes budgets et est soumise à davantage de pressions, notamment celles de l'Autorité de la concurrence.

Si ces chiffres donnent confiance, ils restent difficiles à confirmer sur le long terme : Salto ne communique pas son nombre d’abonnés, et certains nuages se profilent déjà au-dessus du projet. Le catalogue de Salto et son mode de fonctionnement pourraient finir par dérouter les utilisateurs : le service offre un accès au replay de nombreux programmes, dont certains sont disponibles gratuitement sur les sites de certaines chaînes. Les émissions rediffusées sur Salto devaient initialement être consultables sans publicités, jusqu'à ce que TF1 ne revienne sur sa décision début décembre. Un choix qui passe mal sur un service à 6,99 € par mois.

La plateforme n'est pas encore rentable, et les actions de certains acteurs majeurs inquiètent. Récemment, TF1 a présenté TF1 Max, un concurrent qui n'ambitionne pas de jouer dans la même cour, mais qui devrait tout de même grignoter quelque part de marché. Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions expliquait au début du mois que la fusion TF1-M6 pourrait pousser le groupe à quitter le navire afin de « concentrer [ses] efforts sur France.tv, qui doit être le leader incontesté du streaming gratuit en France ». L'option d'un grand portail commun réunissant tout l'audiovisuel public (Arte, l’INA, FMM, Radio France) est en effet privilégiée par la société.

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