Face aux attaques, le directeur de Salto monte au créneau

Félix Cattafesta |

Tout baigne pour Salto, clame son directeur. Il faut dire que les critiques sont nombreuses ces derniers temps : les abonnés ne seraient pas au rendez-vous tandis que le catalogue exclusif est considéré comme bien maigre par certains. De plus, l'avenir du projet serait menacé par un potentiel désengagement de France Télévisions. Face à ces accusations, le directeur du service Thomas Follin a répondu aux questions du site Les Numériques. Son message est clair : « Salto est un succès ».

Interrogé sur les résultats moyens relevés dans la presse, le directeur explique ne pas vouloir commenter le nombre d'abonnés. Il affirme cependant que les chiffres repris ici et là (500 000 à droite, 700 000 à gauche) donnent « une certaine vision des choses ». Il confirme que le tout s'inscrit dans la trajectoire fixée initialement, ce qui n'est pas vraiment raccord avec les informations de Capital : l'entreprise aurait eu pour objectif de dépasser le million d'abonnés fin 2021, et en serait donc bien loin. Il affirme que la stratégie du groupe est de s’implanter durablement et de rester. Une mission réussie selon lui : « Nous sommes bien en train de nous installer sur le marché et nous sommes soutenus ».

Le directeur dénigre certains chiffres, et notamment une étude du CNC pointant les résultats peu glorieux du service qui ne toucherait que 8,4 % des consommateurs de SVoD. S'il critique la méthodologie, le directeur se garde bien de communiquer ses propres chiffres…

Thomas Follin se félicite en revanche sur la très bonne croissance de son service, qui est la 3e meilleure progression du marché selon les données du baromètre OTT NPA Conseil / Harris Interactive. Salto se retrouve donc troisième du podium, derrière Amazon Prime Video et Disney+ mais loin devant Netflix et même Apple TV+. Des résultats dont on peut se féliciter, mais qu'il faut nuancer : il est plus facile de croître quand on part de loin, et Salto a soufflé sa première bougie le 20 octobre dernier. En attendant, les campagnes de communications semblent avoir fonctionné : trois Français sur quatre connaissent Salto, affirme le directeur.

Pour la plateforme, l'enjeu de 2022 sera celui d'arriver plus efficacement dans les box des opérateurs, l'application ayant été handicapée par son lancement tardif sur celles-ci et certaines TV connectées. Pour les apps classiques, pas de problème : « l'application SVoD la mieux notée sur l'App Store et a reçu le prix de la meilleure application de divertissement sur Google Play ». Le directeur confirme que Salto devrait débarquer dans l'année sur les consoles de jeu, les IPTV et sur les box de plusieurs opérateurs.

Interrogé sur la fusion TF1 / M6 qui risque de supprimer France Télévision de l'équation (le troisième investisseur du projet), Thomas Follin se veut confiant. « Nicolas de Tavernost [patron de M6 et de la future entité TF1-M6] et Thomas Rabe [patron de Bertelsmann et actionnaire majoritaire de M6] ont été assez clairs sur le fait qu'il faudrait réintégrer Salto dans cet écosystème si la fusion est validée. ».

Pareil pour l'arrivée prochaine de TF1 Max, un service de rattrapage proposé par TF1 qui vient donc concurrencer Salto. « Nous sommes une plateforme de streaming, nous n'avons rien à voir avec le business du replay. Tous les contenus que j'ai mentionnés sont disponibles en intégralité et tout le temps, malgré le préjugé que beaucoup ont eu au départ en considérant que nous n'étions qu'un simple service de replay. ».

Or, une partie du catalogue du service est composé de programmes trouvables en « replay » ailleurs, au risque de perturber les utilisateurs. Depuis peu, TF1 a même rajouté des publicités sur le replay de ses contenus, ce qui a de quoi faire lever les sourcils quand on sait que Salto coûte 6,99 € par mois. Si la plateforme propose bien des programmes originaux, Capital note dans son article que Salto ne comptait que 33 séries originales sur plus de 200 fin novembre. Thomas Follin observe cependant que les productions hexagonales marchent auprès des Français : 70 % de la consommation faite sur Salto l'est sur des produits français. Il y a donc bien un marché : reste à voir si Salto va réussir à correctement calibrer son offre et à tenir sur le long terme.

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