Taxe streaming : le CNM pointe les fausses notes de Spotify

Florian Innocente |

La manière dont Spotify a justifié une prochaine augmentation de ses prix en France est contestée par le Centre national de la musique, premier visé par la plateforme suédoise.

Hier, Spotify annonçait une hausse à venir pour les abonnés français. Une conséquence directe et exclusive de la « taxe streaming » décidée par le gouvernement, expliquait-il. Effective depuis le 1er janvier, cet impôt frappera toutes les plateformes de diffusion de musique en continu dans l'Hexagone. Elle s'élève à 1,2 % du chiffre d'affaires national de ces services.

Le bénéficiaire en est le Centre national de la musique (CNM) qui a pour mission d'épauler les acteurs de l'industrie musicale française et de produire des études sur ce secteur. À la lettre ouverte publiée par Spotify, le CNM répond en contestant certaines affirmations.

Spotify va augmenter ses prix en France en réaction à la taxe streaming

La première critique de Spotify est que cette taxe, dont le montant représentera 15 millions d'euros la première année, ne servira qu'à payer les frais de fonctionnements du CNM. Celui-ci répond qu'aucun centime d'euro ne sera dévolu à cet usage : « Le produit de la taxe est intégralement investi dans les programmes d’aides financières que l’établissement déploie à destination des projets des artistes et entreprises de la musique ».

Sans ce soutien, des projets d'enregistrements et la réalisation de certains clips seraient impossibles, poursuit le CNM, qui insiste sur la nécessité pour les pouvoirs publics d'aider certains acteurs face à la concurrence internationale. Le Centre tire un parallèle avec les activités du CNC pour le cinéma ou de la taxe de 3,5% sur le chiffre d’affaires de billetterie, en place depuis quatre décennies.

Le CNM récuse ensuite la déclaration de Spotify sur les 20,2 millions d'euros que représenterait son budget administratif (pour 146 millions de budget global), sous-entendant que ce seul poste coûte déjà plus que ce que cette taxe rapportera. Cette somme « ne correspond pas à un budget administratif », répond le CNM, en expliquant qu'elle est allouée à des actions sur le terrain et aux analyses et études du secteur. Par ailleurs, elle est à la charge du ministère de la Culture, précise le Centre.

Le CNM adresse en conclusion une petite pique à Spotify sur cette annonce d'augmentation « qui semble [par ailleurs] s’inscrire dans la continuité de précédentes décisions » — Spotify a augmenté ses tarifs en 2021 et en 2023. En clair, dans cette déclaration d'intention du service suédois, le CNM considère que la taxe a le dos un peu large.

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