4G : pourquoi Free Mobile ne parvient pas à rattraper ses concurrents

Christophe Laporte |

Qui a la meilleure 4G ? C’est l’une des réponses auxquelles l’ARCEP tente régulièrement de répondre dans ses études. L’autorité de régulation des communications électroniques et des postes a mené des centaines de milliers de mesures aussi bien dans les petites villes que dans les grandes, sur les routes, dans les trains et même dans le métro.

Si l’on ne voit pas plus loin que le bout de son nez, rien ne change : Orange arrive en tête, Bouygues et SFR sont au coude à coude et Free Mobile est toujours loin derrière.

Mais ce qu’il est intéressant de constater, ce sont les dynamiques. Oui, Orange arrive en tête pour la septième année consécutive, mais l’avantage n’est plus aussi conséquent que par le passé.

Sur certains points, Orange s’est même fait doubler. Si l’on raisonne par exemple, en termes de couverture du territoire, SFR (59 %), et Bouygues Telecom (58 %) sont passés devant Orange (55 %) qui était en tête l’année dernière. Peu évoqué, l’accord de mutualisation entre SFR et Bouygues a permis aux deux opérateurs de gagner beaucoup de temps (lire : Bouygues et SFR commencent à mutualiser leurs réseaux).

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À l’inverse, si l’on raisonne en couverture de la population (la statistique la plus souvent évoquée par les opérateurs), Orange est encore devant avec 89 % de la population couverte, mais SFR (88 %) et Bouygues (88 %) sont quasiment à égalité.

Pourquoi Free Mobile n’arrive pas (pour le moment) à rattraper les autres opérateurs

Et c’est au passage sans doute l’un des enseignements de ce baromètre d'ailleurs, si l’on parle souvent de ces trois-là, c’est sans doute parce que Free Mobile ne parvient pas à tenir la cadence.

Avec 45 % du territoire couvert en 4G et 80 % de la population, Free Mobile est dans l’incapacité de refaire son retard pour le moment sur ses concurrents. Deux facteurs permettent d’expliquer assez facilement cela et quelque part d’excuser Free. L’accord de mutualisation joue pour beaucoup dans la dynamique de Bouygues et SFR. D’autre part, pour accélérer sa couverture du territoire en 4G, Free Mobile compte énormément sur la bande des 700 MHz. Cette bande, à l’instar des 800 MHz, n’offre pas forcément des débits exceptionnels, mais permet de couvrir de longues distances.

De ce point de vue, Free Mobile est particulièrement handicapé. L’opérateur mobile ne dispose pas de bande sur les 800 MHz, communément appelés les « fréquences en or ». À ce jour, c’est clairement la bande la plus utilisée par les autres opérateurs.

L’autre souci pour Free Mobile, c’est le déploiement très progressif de la bande des 700 MHz. Elle n’est pour l’heure en place qu’en région parisienne. Les opérateurs pourront s’attaquer à cette bande selon un calendrier qui va au plus tard de la fin de l’année au 30 juin 2019 en fonction des régions [NDLR : tout cela à cause de cette sal*%#rie de TNT].

En matière de débit, dans les zones denses (les 15 plus grosses agglomérations) et les zones intermédiaires (entre 100 000 et 400 000 habitants), Orange arrive en tête dans la majorité des tests, avec un débit de 46 Mb/s dans les zones denses contre 35 Mb/s pour SFR, 34 Mb/s pour Bouygues et 27 Mb/s pour Free.

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Par contre, dans les zones rurales, Orange est dépassé en termes de débits (9 Mb/s) par SFR (14 Mb/s) et Bouygues (13 Mb/s).

SFR à nouveau dans la course

L’autre grande tendance de cette année, c’est le bond en avant de SFR. Plus ou moins à la même époque l’année dernière, SFR était dans l’étude de l’ARCEP très souvent battu par Bouygues Telecom. Ce n’est plus le cas. L’exemple le plus frappant concerne les débits. En 2016, Bouygues Telecom affichait une moyenne de 32 Mb/s dans les tests de l’ARCEP contre seulement 21 Mb/s pour SFR. L’opérateur qui s’appellera prochainement Altice est désormais très légèrement devant.

Et c’est sans doute à terme un souci pour Bouygues Telecom qui a longtemps misé sur l’excellence de son réseau 4G. Certes, celui-ci est très bon, mais il se distingue moins de ses concurrents qu’au début de la 4G. Alors, comment faire quand on est dans la situation de Bouygues, qui cherche à augmenter le prix de ses forfaits ?

La course à la vitesse n’est pas terminée pour autant. Bouygues et SFR ont obtenu le feu vert de l'ARCEP pour réaffecter à la 4G la bande de fréquences des 2,1 GHz jusque-là dévolue à la 3G. De quoi proposer des débits encore plus élevés en faisant encore plus d’agrégations de bandes. Le genre de choses qu’adorent les smartphones de dernière génération !

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