Comme Bouygues, SFR freine des quatre fers sur la 5G

Sabrina Fekih |

Et si l'arrivée de la 5G était reportée ? C'est un scénario que certains opérateurs appellent eux-mêmes de leurs vœux. Après Bouygues Telecom, c'est au tour de SFR de plaider pour un délai.

Alors que les forfaits 5G devaient initialement faire leur apparition ce mois-ci, la crise sanitaire a tout remis en cause. Il y a deux semaines, Martin Bouygues a exprimé des réserves sur le calendrier de la 5G. Dans une tribune, l'homme d'affaires a soutenu que cette évolution technologique « n'est pas la priorité du pays » compte tenu de la situation actuelle. Il a appelé à reporter la mise aux enchères des fréquences « de quelques mois supplémentaires », alors que celle-ci, initialement prévue le 21 avril, a déjà été reporté à cet été.

Cette requête, qui n'a pas manqué d'étonner le président de l'ARCEP, est appuyée par SFR. Grégory Rabuel, le PDG de l'opérateur au carré rouge, s'interroge sur l'intérêt de la 5G dans un futur proche : « Avons-nous besoin de la 5G à court terme ? Ce n'est pas sûr. D'abord la fibre et la 4G », a-t-il déclaré au Figaro.

Il propose de repenser l'agenda des installations, en raisonnant « sur la base d'une équation globale, et non chaque chantier séparément : fibre, 4G dans les zones rurales et 5G », détaille-t-il. Les quatre opérateurs sont supposés avoir converti tous leurs sites 2G et 3G existants en 4G et couvrir 75 % des zones blanches d'ici la fin de l'année, et la totalité en 2022.

La liste des différents engagements pris par les opérateurs dans le cadre du « New Deal » passé avec l'État.

Le patron de l'opérateur au carré rouge insiste aussi sur l'importance de mettre en place « une vraie 5G », car selon lui « si un opérateur lance la 5G simplement en utilisant les fréquences 700 MHz, ce serait scandaleux. » La bande des 700 MHz, qui est déjà largement utilisée par Free Mobile pour la 4G, peut en effet « accueillir » la 5G, mais de manière partielle uniquement.

La position d'Orange et Free sur la 5G est toute autre : eux appellent à ce que les enchères se tiennent comme prévu cet été. La révision du calendrier pourrait bien intervenir contre le gré de ces opérateurs. Quand elles ne sont pas accusées d'être à l'origine du coronavirus, les antennes 5G font toujours l'objet de craintes. Des militants écologistes ont saisi la justice concernant le déploiement de la 5G. Ils réclament une expertise judiciaire sur la technologie afin d'établir « la mise en place de mesures efficaces sur la prévention du risque pour la santé humaine et l’environnement ».

Pour l'heure aucun report n'est envisagé. « Aujourd’hui les options principales, c’est juillet ou septembre » avait affirmé le président de l’Arcep auprès de l’AFP en mai. Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, a pour sa part répété ce matin que la 5G « n'est pas un gadget » et qu'il faut la déployer le plus rapidement possible.

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