Test du DigiTech iStomp

Chautrand |

Après l’iPB-10 déjà testé dans nos colonnes, Digitech propose iStomp, une pédale pour guitaristes, dont la fonction première est modifiable via un iDevice. Le constructeur conjugue classicisme et ultra modernité pour leur proposer un produit novateur. Reste à savoir si ces derniers seront tentés par l’aventure, un critère qui n’est pas toujours le premier qui vient à l’esprit lorsque l’on parle de la gent guitaristique …plutôt conservatrice !

Si Fender, Gibson, Marshall, Mesa Boogie, Ibanez, entre autres, font indéniablement partie du vocabulaire des guitaristes, il est bien difficile de les convaincre à élargir leur horizon. Cependant, Digitech poursuit dans cette voie en leur proposant un produit apte à s’insérer dans leur rig et dans leurs habitudes. L’iStomp se présente comme une pédale traditionnelle, présentée dans un boîtier métallique sobre et de solide fabrication. On peut juste noter une hauteur sous la moyenne par rapport à ce que l’on trouve habituellement, ce qui n’entraîne aucune gêne fonctionnelle. La première remarque, une fois prise en main, est de constater l’absence de toute sérigraphie en regard des 4 potentiomètres situés dans la partie supérieure. En pratique, c’est l’utilisateur qui va décider du rôle de chacun d’entre eux, selon l’effet qu’il lui aura assigné. C’est bien là le point fort de cette iStomp, c’est le musicien qui décide de son sort, de manière définitive… ou non !

Côté connectique
La tranche latérale droite accueille une paire d’embases jack 6.35 destinées à recevoir le signal direct d’une guitare en mono, d’un effet mono situé en amont dans la chaîne d’effets (le rig) ou encore le signal stéréo d’un autre effet, un chorus, par exemple.

Dans ce cas, l’utilisateur récupère le signal traité par iStomp sur la tranche opposée afin de connecter les 2 sorties sur 2 amplis guitare distincts. En mode mono, seule la sortie mono est utilisée vers un ampli unique.

L’activation / désactivation de l’effet passe par un footswitch standard, au contact ferme sous le pied. L’alimentation est confiée à un bloc secteur externe à connecter côté sorties, peu encombrant, mais obligatoire. En effet, rien n’est prévu pour accueillir une pile ou une batterie comme c’est le cas, la plupart du temps, avec les pédales d’effet. Si en soi, ce n’est pas très gênant, le guitariste devra se conformer aux caractéristiques de cette alimentation s’il souhaite l’inclure dans un pédalier complet, souvent alimenté via une alim à sorties multiples. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la préoccupation du jour, occupons-nous plutôt du connecteur DSC (Digitech Smart Cable), une sorte d’ADB like, pour les nostalgiques de la gamme Quadra et consorts d’Apple… C’est par ce port que s’effectue la connexion entre iStomp et le port dock de l’iDevice, n’importe lequel du moment qu’il sache faire tourner iOS 4.

Le magasin de pédale virtuel
Après la découverte physique de iStomp, il convient de se rendre sur l’App Store avec son iPhone (ou autres) puis de télécharger gratuitement la Digitech Stomp Shop app. Dès lors, le guitariste se doit de connecter les 2 appareils via le cordon DSC fourni, d’alimenter la pédale puis de lancer l’app. Cette dernière apparaît sous l’onglet Shop actif. Les effets disponibles dans la boutique virtuelle sont étagés selon 4 familles, Compressor/Pitch/Filter (5 effets), Overdrive/Distorsion (7 effets), Chorus/Modulation (7 effets) et Delay/Reverb (6 effets).

Digitech offre 2 effets, Redline Overdrive, une saturation assez acidulée et Total Recall, une unité de delay stéréo. Ceux-ci apparaissent avec une icône estompée afin de différencier les effets possédés, des autres. Un tap sur l’une de ces icônes fait passer l’effet en mode plein écran, un nouveau tap déclenchant alors une phrase musicale, un riff permettant d’écouter le son qu’il procure.

En tapant à nouveau sur le bouton virtuel d’activation de l’effet, l’utilisateur l’écoute en mode bypass, histoire de comparer le son avec ou sans. Deux possibilités s’offrent à lui, l’acheter immédiatement sous forme d’achat in app ou l’essayer d’un tap sur Try. Dans ce cas, le transfert de la modélisation s’effectue immédiatement, une trentaine de secondes étant nécessaires pour terminer l’opération. Vous n’aurez alors droit qu’à 5 minutes d’utilisation pour vous faire un avis, dès lors que vous aurez enclenché l’effet. Au-delà, la pédale passe en mode bypass et ne sert plus à rien ! Une fois convaincu, à vous de l’acheter. Le business-modèle mis en place par Digitech est donc annoncé, pour disposer de plus d’effets il faut passer par le tiroir-caisse de l’achat intégré, pas toujours bon marché selon la modélisation, les plus intéressantes étant souvent (toujours) les plus chères. Cependant, comme on ne peut utiliser qu’un effet à la fois avec iStomp, inutile de les acquérir toutes, à chacun d’y puiser selon ses besoins et les effets dont il dispose déjà, via d’autres pédales. Un tap sur le bouton I d’information renseigne quant à l’affectation des boutons physiques de contrôle sur le son.

Pour s’en rappeler, une fois l’iPhone retourné dans sa poche, Digitech offre dans la boîte, 9 skins auto-collantes à positionner sous les boutons. 3 autres, vierges, viennent en complément afin de noter soi-même l’utilité des réglages selon l’effet retenu.

L’onglet My Pedals recense tous les achats effectués, Settings permet pour sa part d’effectuer les mises à jour éventuelles liées aux effets et à l’app en elle-même.

En pratique
Les deux modélisations proposées en bundle par Digitech ne sont pas là pour du beurre. L’overdrive Redline, bien qu’un peu acide à mon goût, est idéal pour des sonorités rock jouées en accords, sur des crunchs. Il est possible de corriger un peu le tir via l’égaliseur 2 bandes proposé.

Total Recall est un delay stéréo et peut donc, de fait, se positionner en fin de chaîne afin d’attaquer deux amplis. De plus, l’effet propose un réglage via tap tempo. Celui-ci s’enclenche à partir d’un appui maintenu deux secondes au moins sur l’interrupteur de iStomp, la led d’activation se mettant alors à clignoter.

Pour entrer la bonne valeur de tempo, il suffit ensuite de taper sur le footswitch en rythme avec celui de la musique à accompagner. Le potentiomètre de temps de delay vient en complément pour choisir la gamme de durée au besoin.

Notez qu’elle s’étend de 10 ms à 1 seconde. Parmi mes essais (Strat branchée sur un Blues Junior en son clair), j’ai beaucoup apprécié Screamer, l’émulation de TS-9, qui procure une overdrive veloutée très utilisable et Blue Pearl Chorus, un chorus stéréo magnifique sur les arpèges ou les ballades à notes égrenées au médiator.

J’aime un peu moins certaines distos toujours un peu chargées en aigu ou effets spéciaux tel Filter, à l’utilisation plus que ponctuelle. Là encore, les goûts et les couleurs… Notez encore que chaque effet peut se voir affecter d’une couleur d’activation sur la pédale, librement affectable parmi 9 choix, à partir d’un tap sur Led au sein de la rubrique My Pedals.

Un regret, l’impossibilité de cumuler plus d’une modélisation, chaque nouveau transfert effaçant la précédente dans la pédale.

En conclusion

Ce concept ouvre de nouvelles possibilités aux guitaristes. iStomp va combler le manque d’un effet recherché « pour le juste une fois dans la soirée », par exemple. Ou bien pour tester différents rigs, d’autres positionnements au sein de la chaîne ou plus simplement par ce qu’on aime le son produit par telle ou telle modélisation et la possibilité de travailler simultanément avec du matériel classique.
Le seul frein est peut-être le prix de base qui situe iStomp dans le haut du panier pour une pédale d’effet auquel il faut ajouter celui des modélisations complémentaires. Pour le reste, bien difficile de trouver à redire à ce produit bien pensé, d’actualité et totalement fonctionnel.

Tarif public conseillé : 159 € TTC, tarifs des modélisations compris entre 3.99 et 7.99 euros/pièce

Achat recommandé

Les plus :

  • Boîtier solide s’intégrant parfaitement au sein d’un rig standard
  • App Stomp Shop pratique et intuitive
  • Modélisations réalistes

Les moins :

  • Tarif cumulé de la pédale et des modélisations
  • Pas de fonctionnement sur pile
  • Pas de cumul de modélisations
avatar Marksanders | 
Ah non, une bonne modélisation c'est très bon sans les problèmes des vieilles pédales en plus...
avatar Marksanders | 
Un seul effet à la fois ??? A ce prix là c'est très cher ! Il vaut mieux prendre un boitier de la série M chez Line 6 !!!
avatar alhambra | 
bullshit, une modélisation, même "très bonne", ne peut que s'approcher du rendu d'une lampe ou d'un circuit analogique qui sature, par exemple. Pour les effets de phase (chorus, phaser, flanger, etc...) ou les octavers, c'est un peu différent mais ça resteun bon cran en-dessous, en général Les seuls avantages du numérique face à l'analogique, c'est la flexibilité et puis c'est généralement moins lourd, moins encombrant, peut être un peu moins capricieux aussi ... Encore que ... Par contre, je m'insurge contre la première partie de cet article : il ne s'agit pas d'être "conservateur" ou "réactionnaire" sur ce coup. La plupart des musiciens que je connais passent leur temps à expérimenter des nouvelles choses, à chercher toutes les combinaisons possibles en testant un maximum de trucs et n'hésitent pas à foutre en l'air toutes leurs certitudes. (moi inclus) Mais malheureusement, la fée informatique n'a pas encore su remplacer nos bons vieux rigs, nos enchaînements de pédales et surtout nos bons vieux amplis à lampes à l'ancienne, qui te font bine souvent maudire la force de la gravité ... Si un bidule de 2-3 kgs savait réellement faire aussi bien, je pense que nos colonnes vertébrales nous diraient merci. Pour ce qui concerne cette pédale, ça part d'une bonne intention, mais le fait que ce ne soit qu'un seul effet à la fois, quelle que soit la qualité du rendu (d'ailleurs quelques samples auraient été bienvenus, histoire de se faire une idée) la transforme irrémédiablement en gadget bien cher pour son utilité.
avatar babyfaby | 
Rien à voir avec l'ADB. L'ADB était en mini DIN 4 broches, là c'est du 8 broches, comme les anciens ports série du Mac, qui étaient en RS-422/485. L'ADB était un bus daisy chain avec du 5 V, alors que le port série avait une entrée et une sortie série, comme le connecteur de l'iPhone.

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