Test de l'Echo Spot : Alexa avec un écran

Mickaël Bazoge |

Si Alexa a naturellement trouvé sa place dans les enceintes Echo et Echo Dot, l’assistant vocal d’Amazon a aussi un visage, celui d’Echo Spot. Cet appareil, qui ressemble à un radio-réveil, représente le haut de gamme de la famille Echo vendue en France. Pour 130 €, il en offre effectivement plus que ses camarades sans écran. Mais mieux ? Jetons un œil.

Le Spot aurait toute sa place sur une table de nuit : son design, en forme de demi-melon, et son écran rond évoque immanquablement les radios-réveils d’antan. La coque en plastique (deux coloris sont disponibles, noir et blanc) est solide, les finitions ne font pas dans la démesure mais on trouve tout de même un large patin en dessous pour un bon maintien sur la table.

À l’arrière prennent place le port pour l’alimentation et une sortie audio 3,5 mm (c’est toujours sympathique d’y avoir pensé pour brancher une enceinte, par exemple). Au dessus, trois boutons : deux pour le volume qui encadrent le bouton de désactivation d’écoute (appui simple) et l’extinction de l’appareil (appui prolongé). Lorsque le micro est désactivé, l’écran est cerclé d’un filet rouge et il présente une icône de sens interdit.

On devine la présence des quatre micros au-dessus du Spot.

La vedette du Spot, c’est son écran bien évidemment. Colorée et lumineuse, cette petite dalle circulaire de 2,5 pouces affiche une définition de 480 x 480. Ce n’est pas énorme, mais c’est suffisant pour l’affichage d’informations… et de l’heure ! Une fois branché sur le secteur, le Spot lance sa configuration.

Un écran, ça change la vie

Pas besoin d’en passer par l’application Amazon Alexa pour les premiers réglages, les données d’identification peuvent être saisies à même l’écran tactile de l’appareil. Si l’app demeure indispensable pour la gestion des fonctions du Spot comme l’installation des Skills ou la consultation de l’historique, le petit chose est suffisamment autonome pour ne pas avoir à dégainer l’iPhone à tout bout de champ.

La personnalisation des cadrans.

Il est ainsi possible de personnaliser le cadran, avec un choix de coloris et de mots que ne renierait pas l’Apple Watch. Cinq grands thèmes sont proposés (cadrans Moderne, Bonne humeur, Photographie, Classique ou Photos personnalisées), avec plusieurs variantes qui évoluent parfois en fonction des manipulations.

Le design des cadrans est repris pour les « cartes d’accueil », qui brisent la monotonie de l’horloge. Ces cartes présentent des informations comme la météo, les notifications (provenant des skills et des services Alexa), les contacts Drop In (une fonction qui permet d’appeler rapidement un correspondant équipé d’un Echo ou de l’app Alexa), ainsi que de l’actualité et des conseils pour utiliser l’assistant.

Les cartes peuvent s’afficher une fois ou tourner en continu tout au long de la journée. Si on ne veut pas être importuné par le bidule, un mode Ne pas déranger est disponible qui désactive les notifications — à l’exception des minuteurs1 et des alarmes2.

De gauche à droite : un Google Home Mini, l'Echo Spot et l'enceinte Echo.

Bien sûr, il existe un mode nuit qui « tamise » le cadran pour être moins embêtant ; on peut le lancer manuellement ou le programmer. À noter qu’Alexa est toujours en éveil, y compris la nuit : il est ainsi possible de lui poser une question quand on le souhaite, y compris en mode nuit. Pour ne pas être embêté (par un enfant facétieux introduit nuitamment dans la chambre, par exemple), on peut couper le micro durant le sommeil réparateur.

La luminosité peut, elle aussi, être réglée depuis l'appareil en balayant le doigt du haut de l’écran vers le bas. Un petit tiroir apparaît alors avec la réglette de la luminosité, et des icônes pour retourner à l’horloge, activer le mode nuit et accéder aux réglages.

Un réveil à tout faire, ou presque

Mine de rien, il est possible d’en faire beaucoup depuis l’appareil en lui-même, comme par exemple changer le son des alarmes (on a droit aux saillies drolatiques des finauds de l’émission Grand Tour), d’empêcher le Spot d’afficher des images provenant de Prime Photos, de régler assez finement des options d’accessibilité, ou encore de changer de réseau Wi-Fi.

La météo du jour. Scoop : il fait chaud. Les prévisions vont jusqu’à dix jours.

Le Spot n’est pas qu’un radio-réveil bêtement connecté. Son écran est un atout de taille dans toutes sortes de situations. À la cuisine par exemple, il affiche les ingrédients et la recette à suivre (par défaut ces recettes proviennent de Marmiton). On peut aussi regarder le dernier flash de Franceinfo… en vidéo bien sûr ! En revanche, le journal s’affichera dans un format rectangulaire bien mal adapté à l’écran rond de l’appareil.

Le flash d’actus de Franceinfo… en vidéo bien sûr.

Amazon peut compter sur de nombreux partenariats internationaux (TuneIn pour la radio, Spotify, Deezer, Audible…) mais aussi et surtout locaux : Radio France, NRJ, Europe 1 se sont invités à la fête. Et les Skills, ces capacités qu’on ajoute en fonction des besoins depuis l’application Alexa, permettent d’en faire plus.

L’ouverture d’Amazon et la facilité avec laquelle il est possible de créer des Skills sont incontestablement un des points forts de l’écosystème Alexa. En France, la sélection de Skills reste cependant moins fournie qu’aux États-Unis.

L’écran affiche des informations supplémentaires quand on lui demande la météo, comme des pictogrammes animés. Les réponses d’Alexa sont souvent présentées sous la forme d’un texte dont les mots s’allument en bleu façon karaoké au moment où l’assistant les prononce.

L’écoute de musique depuis le Spot. Les abonnés Prime ont accès au catalogue d’Amazon Music (2 millions de titres), et les propriétaires d’un Echo peuvent aussi profiter d’un abonnement à Music Unlimited (50 millions de morceaux) pour 3,99 € par mois. Attention, cet accès à limité à un appareil Echo.

Les morceaux de musique s’accompagnent d’un compteur de lecture tournant autour de l’écran (celui-ci affiche la jaquette plein pot, c’est du meilleur effet). Bien sûr, les diaporamas de photos prennent tout leur sens sur le Spot, qui peut faire office de sympathique petit cadran photo.

Quelques questions d’actualité.

Alexa sait également montrer les résultats d’une opération mathématique. L’assistant affiche la traduction d’un mot ou d’une phrase. Il montre aussi la liste des courses, que l’on pourra enrichir avec la voix (et si Alexa comprend mal un élément, il est possible de l’éditer avec le clavier virtuel) ; par contre, supprimer un produit de la liste d’achats est encore bien compliqué, l’assistant perdant les pédales. On peut alors en passer par l’app Alexa sur l’iPhone (onglet Listes).

Alexa oblige, les fonctions de contrôle vocal des appareils domotiques sont aussi de la partie. Le catalogue de ces produits ne cesse de gonfler, on commence à trouver de tout pour équiper sa maison intelligente ; pas fou, Amazon commercialise d’ailleurs des kits à prix serrés comprenant un Spot et des ampoules Hue (265 €), une caméra Circle 2 (240 €), ou encore une sonnette connectée (279 €).

Elle est bonne (non).

Il y a même des petits clins d’œil amusants, par exemple quand on demande une blague (le Spot affiche alors l’image d’une scène de stand-up) ; on a aussi droit à des images provenant de Wikipedia pour les questions d’actualité générale. La navigation dans les rayons d’Amazon est aussi bien plus efficace que sur les enceintes sans écran : le Spot affiche en effet les visuels de l’article demandé, accompagnés de leur prix.

Si la recherche d’un produit sur Amazon est efficace, l’ajout à la liste d’achats est problématique : Alexa se contente d’inscrire « ce produit », sans nom ni lien vers l’article en question, y compris dans l’application pour iPhone.

Globalement, l’interface de l’appareil est agréable et plutôt bien pensée, même si le clavier virtuel et certains éléments graphiques sentent très fort Android. Et que tout n’a pas forcément été optimisé pour l’écran rond de l’appareil : pourquoi diable le texte est-il ferré à gauche alors que la logique aurait conduit à le centrer ?

Les bandes annonces de films ne sont malheureusement pas prises en charge par l’appareil. Et la recherche de vidéos s’effectue via Bing, qui propose des vidéos provenant de Dailymotion. On aurait préféré que les recherches soient assurées par Google et les vidéos par YouTube, mais Amazon est toujours en bisbilles avec le moteur de recherche, ce qui prive les utilisateurs de Spot de son contenu.

L’Echo Spot est aussi censé lire les séries et les films Prime Video, mais rien à faire l’appareil se contente d’afficher un panneau de suggestions… vides. Croisons les doigts, cela ne devrait pas tarder à être activé (qui ne voudrait pas voir Les Bleus 2018 — L’Épopée russe sur un écran de 2,5 pouces ?).

Plusieurs fonctions de base pointent également aux abonnés absents. C’est le cas des rendez-vous du calendrier et des rappels, qui ne sont malheureusement pas encore pris en charge par Alexa en France. Espérons que cela tombe rapidement.

L’œil qui voit tout

Le Spot ne se contente pas d’un écran. Il embarque aussi une webcam, là aussi une première pour un appareil Alexa (en France, du moins). Cet œil a plusieurs fonctions, dont la plus évidente est de passer des appels en vidéo à d’autres utilisateurs Alexa. Ces derniers pourront vous répondre depuis un autre Spot évidemment, mais aussi depuis l’application Alexa.

Allo Nicolas ?

Le fonctionnement est aussi simple qu’un coup de fil depuis une enceinte Echo : il suffit de demander à Alexa de contacter un correspondant. Sur le Spot, tout l’utilisateur et le correspondant apparaissent dans des ronds, forcément. Dans l’app Alexa, c’est plus classique :

Voilà ce que donne un appel Spot sur l’app Alexa.

Sur le petit écran du Spot, la qualité est somme toute raisonnable. En revanche, dans l’application iOS, l’image de l’utilisateur du réveil sera assez pixellisée… L’autre fonction intéressante liée à cette webcam, c’est la possibilité « d’appeler » le Spot depuis l’app Alexa en utilisant le service Drop In. Il suffit de dire « Alexa, Drop In Spot » pour activer la caméra à distance et voir ce que voit l’appareil.

Cette fonction a un intérêt pour surveiller un bébé par exemple, ou encore pour jeter un œil indiscret à ce qui se passe dans la cuisine ou la pièce où le Spot est présent. Enfin, et c’est assez anecdotique, le réveil peut également prendre des selfies, sur lesquels on peut ajouter des stickers. Le résultat, stocké sur Prime Photos, n’est pas terrible en raison de la qualité médiocre de la webcam.

La belle bacchante.

Un mot pour finir sur la qualité audio du Spot. Le haut-parleur de 36 mm n’est pas vilain, le son est plus ample que sur le Dot (et les basses un peu plus présentes), mais il ne faut pas s’attendre à un miracle. L’enceinte Echo donne de meilleurs résultats. Mais le petit Spot fait le boulot en tant qu’alarme pour se réveiller le matin, pour écouter les infos ou une recette dans la cuisine, ou encore pour passer un coup de fil en vidéo.

Pour conclure

L’Echo Spot est un excellent petit produit connecté pour la maison. L’appareil cumule les fonctions dignes d’intérêt grâce à la polyvalence et l’ouverture d’Alexa, des possibilités encore décuplées par la présence de l’écran et de la webcam.

Loin de faire acte de présence, cet écran apporte un vrai confort pour toutes sortes d’usages. Suivre une recette, consulter la météo ou obtenir la réponse à une question sous une forme textuelle est bien agréable et cela apporte une plus-value non négligeable. Sans oublier bien sûr l’affichage de l’heure — c’est bien pratique !

Quant à la webcam, elle transforme le Spot en caméra domestique d’appoint, certes sans apprêts (pas d’enregistrement vidéo ni de reconnaissance de mouvements, par exemple) mais qui peut rendre service. Les appels vidéo sont efficaces même si là encore, on en reste à du basique.

Tout n’est pas parfait bien sûr, en particulier au niveau matériel : l’écran est vif et coloré, mais tout juste suffisant pour apprécier des photos et des vidéos (en même temps la dalle n’est pas spécialement grande non plus). La caméra est franchement médiocre. Mais après tout, pour le prix demandé (hors promos), on en a pour son argent.

Le Spot donne raison à la remarque de Phil Schiller qui, en mai 2017, estimait que l’écran jouait un rôle primordial dans les assistants domestiques. Alexa gagne effectivement beaucoup avec un écran, alors que Siri a pas mal perdu sur le HomePod, un produit… sans écran !


  1. Contrairement à Siri, Alexa peut créer plusieurs minuteurs en même temps. On n’arrête pas le progrès, d’ailleurs cela fait partie des fonctions à venir du HomePod. ↩︎

  2. Lorsque l’alarme retentit, il faut relever l’écran pour la supprimer. Pour obtenir quelques minutes de sommeil supplémentaire, il suffit de toucher l’écran. ↩︎

Note

Les plus :

  • Un écran pour Alexa

  • Polyvalence de l’assistant

  • Radio réveil sympa

  • Prix abordable (mais attendez la prochaine promo !)

Les moins :

  • Qualité médiocre de la webcam

8
10

Prix :

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