Le Rock n'est pas clean

Christophe Laporte |

Mettre la culture rock en boîte n’est pas une mince affaire. Se limitant la plupart du temps aux traditionnels clichés «Sexe, drogue et Rock’n’roll», la plupart des cinéastes qui se sont essayés à ce périlleux exercice ont souvent capté la partie visible de l’iceberg et délaissé les bas-fonds empreints d’angoisse, de solitude, de paranoïa et de renoncement. Olivier Assayas échappe à la règle avec Clean, film aux milles et une facette, qu’on aurait tort de réduire à la lutte désespérée d’une mère pour récupérer son fils. Le Rock habite le film comme un acteur à part entière.

Dès les premières minutes, le spectateur est confronté à ce mythe vivant, objet de tellement de fantasmes, avec cet improbable concert des Metric, filmé avec finesse, dans un club miteux au fin fond de l'Amérique. En fin mélomane tout au long du film, Assayas multiplie les références, les clins d’oeil, arrive à faire cohabiter naturellement la musique de Brian Eno et de Tricky. D’incroyables rencontres finissent par nous mener à l’enfant terrible de Bristol, jouant à merveille son propre rôle, celui de la rock-star égocentrique et autiste, incomprise bien que sincère, dure et fragile à la fois. L'auteur de Maxinquaye ne s'y trompe pas, pour lui, les seuls films qui ont su reproduire cette énergie sont Stardust et Spinal Tap.

La bande originale est à l'image de Clean, intense, prenante, envoutante, avec en prime quatre morceaux interprétés par Maggie Cheung qui ne cessera décidément jamais de nous surprendre. Celle qui a toujours refusé les avances des producteurs de cantopop, désireux de se faire de l'argent sur son simple nom, se surprend à être une brillante chanteuse. On croisera sur ces quatres titres le fantôme (ou l'ombre) de Mazzy Star, l’une des innombrables références de Clean, un groupe que l’on vous recommande de (re)découvrir de toute urgence. L’urgence, ce sentiment qui colle si bien au Rock…

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