Withings Activité et Activité Pop : le retest, deux mois plus tard

Anthony Nelzin-Santos |

Ce n’est pas parce que l’Apple Watch est sortie qu’il faut oublier les autres montres connectées et traqueurs d’activité. En dépit de son originalité rafraîchissante et de son autonomie exemplaire, l’Activité Pop de Withings ne nous avait pas convaincus, la faute à de catastrophiques problèmes de fiabilité, doublés d’une synchronisation erratique. Qu’en est-il deux mois plus tard ? La réponse dans notre retest.

Activité ou Pop ?

Plutôt que l’Activité Pop, j’ai utilisé l’Activité « tout court » ces deux derniers mois. Cela ne fait aucune différence : les deux modèles utilisent les mêmes composants électroniques et exploitent la même plateforme logicielle. Vous pourriez objecter que l’Activité porte l’estampille Swiss Made, mais elle ne garantit pas que la majorité des composants de la montre provienne de Suisse (et ne le fera pas tant que la loi Swissness ne sera pas entrée en vigueur).

Elle garantit toutefois que la moitié de la valeur des composants du mouvement revient à la Suisse, mais le mouvement de l’Activité ferraille presque autant que celui de l’Activité Pop. Elle garantit aussi que l’inspection finale est réalisée en Suisse, ce qui n’est malheureusement pas un gage de fiabilité absolue, puisque mon premier exemplaire est arrivé en panne. Ces écueils mis à part, il faut dire que l’Activité est une jolie petite montre, d’une qualité de fabrication similaire aux montres suisses et japonaises du même prix.

Sa boîte en acier 316L et ses aiguilles sont polies façon miroir, sa glace de saphir synthétique est bombée de manière délicieusement rétro, et son bracelet en cuir provient d’un atelier français qui fournit Hermès. Même s’il ne fait aucun doute que le cadran secondaire est frappé plutôt que réellement guilloché, l’ensemble est très convaincant, et parvient à évoquer certains modèles scandinaves à petite seconde. La différence avec l’Activité Pop est en tous cas clairement sensible, ce qui est heureux vu la différence de prix (240 €).

Et logique, puisque c’est sur le plan matériel que l’Activité Pop laissait le plus à désirer : elle faisait littéralement « pop ». « Faisait », car d’après nos informations, Withings a changé le verre utilisé dans la confection de l’Activité Pop, qui semble désormais beaucoup plus robuste. Quelques anciens modèles restent peut-être en circulation, mais l’assistance client de Withings n’a jamais rechigné à remplacer les montres cassées. Le principal frein à l’acquisition d’une Activité Pop est donc levé.

Une app améliorée…

Dans le même temps, l’application de Withings a été sacrément améliorée, et peut désormais récupérer les données de la montre en arrière-plan. On y perd sans doute quelques jours d’autonomie, mais il est difficile de s’en alarmer alors que l’Activité tient plusieurs mois sur une pile bouton CR2025. Et on y gagne en agrément d’utilisation : le logiciel offre désormais le même retour en temps réel que le matériel, et la synchronisation est maintenant d’une fiabilité à toute épreuve.

Le changement d’heure s’est effectué sans accroc, les mises à jour firmware ne font plus perdre de données, et l’on peut (enfin !) définir son propre objectif de pas. C’est mieux, c’est même bien, mais tout n’est pas encore au point. Ainsi, la prise en charge de la natation n’en finit plus d’être repoussée (Withings finira par comprendre qu’il vaut mieux annoncer des fonctions quand elles sont prêtes). Pire, les anciennes couches d’interface ont été cachées sous le tapis plutôt que supprimées (Withings finira par faire son deuil du « papillon » qui n’a jamais prouvé son efficacité).

Surtout, l’application est toujours aussi pauvre en conseils, les rares présents étant d’une condescendance et d’une suffisance insupportables. Apple souffre bien sûr des mêmes maux, elle dont l’application Activité a des allures de mouroir, mais c’est bien Withings qui se présente comme « les pionniers du monde du bien-être connecté. » La société française ne cesse d’améliorer sa capacité de collecte de données, mais elle ne parvient toujours pas — sept ans après sa création — à réellement « inspirer la santé ».

…mais qui laisse toujours à désirer

C’est d’autant plus dommage que les données qu’elle collecte sont de plus en plus précises : l’Activité se fait de moins en moins piéger par les soirées perdues à regarder Netflix sous la couette et les grasses matinées gagnées à bouquiner. Seul le capteur de température, qui permet à l’Activité de savoir si elle est portée ou non, laisse encore à désirer. Ou alors ma table de chevet a vraiment le sommeil agité ?

On aurait pu s’attendre à ce que Withings profite de la synchronisation en arrière-plan pour ajouter un réveil intelligent à l’Activité. Las, il faut toujours se contenter d’un « simple » réveil — d’un « bête » réveil, même, puisqu’il n’est toujours pas possible de le programmer. Tout au plus peut-on le désactiver certains jours, ce qui évitera de se lever à 06h00 le week-end. Il est tout de même incroyable qu’une fonction aussi basique demande un tel effort aux ingénieurs de Withings (qui, rappelons-le pour la cruelle ironie, commercialise aussi un réveil).

Pour conclure : peut mieux faire !

Mais le charme bonhomme de cette petite montre aux aiguilles dansantes fait vite oublier ces défauts logiciels, ce qui est sans doute le meilleur compliment que l’on puisse lui faire. Maintenant qu’elle ne s’autodétruit plus dans les mains de ses utilisateurs, l’Activité Pop fait une chouette petite montre à traqueur intégré, à moins qu’il ne s’agisse d’un traqueur d’activité prenant la forme d’une chouette petite montre.

L’Activité n’en diffère que par ses matériaux et son niveau de finition, mais elle permet aussi à Withings de proposer une gamme de produits adaptés à différents profils d’utilisateurs. Une gamme qui aura fort à faire non pas seulement face aux montres connectées, mais aussi face aux futures montres suisses à traqueur. La société française doit profiter de l’été pour peaufiner son application et plancher sur le futur de l’Activité — ou laisser Mondaine, Frédérique Constant, Alpina et les autres partenaires du groupement MMT sans compétition sérieuse sur un marché de niche qui ne manque pas d’intérêt.

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