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Suivi de sommeil : test du Withings Aura

Anthony Nelzin-Santos

lundi 12 janvier 2015 à 18:30 • 16

Matériel

Les solutions de suivi de sommeil ne manquent pas, des applications comme Sleep Cycle aux traqueurs d’activité comme le Misfit Shine. Mais si vous avez le sommeil troublé, mieux vaut peut-être vous tourner vers des solutions dédiées comme le Misfit Beddit ou le Withings Aura. Sont-elles vraiment fiables et utiles ? Réponse après plus de cinquante nuits en compagnie du Withings Aura.

Disons-le tout net : l’Aura n’est pas une réussite. « Nous sommes conscients que, pour certains d’entre vous, la qualité et les fonctionnalités offertes par Withings Aura n’étaient pas au niveau de vos attentes », a admis Cédric Hutchings dans un courriel envoyé aux premiers clients. Le cofondateur de Withings explique :

Withings Aura est un produit ambitieux, embarquant des capteurs physiologiques innovants et inédits dans la chambre à coucher, que nous avons eu à coeur de développer au fil de nombreux mois. Nous reconnaissons que sa commercialisation est néanmoins intervenue trop hâtivement et que des dysfonctionnements et absences de fonctionnalités ont été source de frustration pour une partie de ses premiers utilisateurs.

Sur le papier en effet, l’Aura était fort ambitieux. Sa base, à la forme incongrue mais plaisante de dorade, prend place au chevet du lit où elle est censée observer plusieurs paramètres environnementaux et remplacer lampe, radio-réveil et multiprise. On y branche le capteur fourni, qui se glisse sous le matelas pour observer le sommeil et plusieurs paramètres physiologiques.

Les photos du site de Withings donnent l’impression que l’ouverture de la « manche » est recouverte d’un cache translucide, mais ce n’est pas le cas. La diode est placée de telle manière à ce que la lumière semble comme « contenue » dans la manche de plastique mat, un superbe effet.
Les photos du site de Withings donnent l’impression que l’ouverture de la « manche » est recouverte d’un cache translucide, mais ce n’est pas le cas. La diode est placée de telle manière à ce que la lumière semble comme « contenue » dans la manche de plastique mat, un superbe effet.
Le tissu façon baffle des années 80 est moins appréciable, d’autant que l’Aura ne fait pas (encore) office d’enceinte Bluetooth. On peut régler certaines fonctions par des gestes tactiles sur les côtés de l’appareil… mais la texture du plastique brillant du capot ne facilite pas la tâche : on préférera passer par l’application pour régler le volume ou le réveil. On regrette aussi de ne pas pouvoir diminuer la luminosité de l’horloge, qui peut paradoxalement… gêner le sommeil !
Le tissu façon baffle des années 80 est moins appréciable, d’autant que l’Aura ne fait pas (encore) office d’enceinte Bluetooth. On peut régler certaines fonctions par des gestes tactiles sur les côtés de l’appareil… mais la texture du plastique brillant du capot ne facilite pas la tâche : on préférera passer par l’application pour régler le volume ou le réveil. On regrette aussi de ne pas pouvoir diminuer la luminosité de l’horloge, qui peut paradoxalement… gêner le sommeil !

Et en pratique en effet, l’Aura est un produit incroyablement frustrant. Pas qu’il soit complètement détraqué — on saurait au moins à quoi s’en tenir. Non, il fonctionne — mais seulement de manière passable, en tout cas jamais aussi bien que certains qui n’ont visiblement pas « testé » le même produit le prétendent.

La base est fournie avec un capteur, mais peut en accueillir un deuxième pour suivre le sommeil d’un deuxième dormeur. Sauf que Withings ne vend toujours pas les capteurs à l’unité, alors qu’elle devait le faire dès *« l’automne »*. Les premiers clients en recevront un gratuitement, maigre compensation de 129 € pour les frustrations provoquées par l’Aura. On peut aussi brancher un iPhone à la base, ce qui le recharge et est censé couper automatiquement le Wi-Fi et le Bluetooth pour limiter l’exposition du dormeur aux ondes électromagnétiques. « Censé » car cette fonction, vous l’aurez deviné, n’a pas encore été implémentée.
La base est fournie avec un capteur, mais peut en accueillir un deuxième pour suivre le sommeil d’un deuxième dormeur. Sauf que Withings ne vend toujours pas les capteurs à l’unité, alors qu’elle devait le faire dès *« l’automne »*. Les premiers clients en recevront un gratuitement, maigre compensation de 129 € pour les frustrations provoquées par l’Aura. On peut aussi brancher un iPhone à la base, ce qui le recharge et est censé couper automatiquement le Wi-Fi et le Bluetooth pour limiter l’exposition du dormeur aux ondes électromagnétiques. « Censé » car cette fonction, vous l’aurez deviné, n’a pas encore été implémentée.
Le capteur de l’Aura est plus imposant que celui du Beddit de Misfit, mais il reste tout de même très discret. Son long câble est gainé de tissu, et sa housse peut être retirée et lavée. Un petit compresseur remplit la poche d’air de manière à assurer un parfait contact avec le matelas.
Le capteur de l’Aura est plus imposant que celui du Beddit de Misfit, mais il reste tout de même très discret. Son long câble est gainé de tissu, et sa housse peut être retirée et lavée. Un petit compresseur remplit la poche d’air de manière à assurer un parfait contact avec le matelas.

La fiabilité du traitement des données est en cause : il suffit de poser un objet lourd sur le lit pour démarrer l’enregistrement d’une nuit. L’Aura est ainsi capable de suivre le sommeil… d’une caisse de bouquins ! Confrontés à ce problème lors d’un entretien téléphonique, un chef produit et un ingénieur de Withings nous ont ainsi confié avoir « testé l’Aura surtout en laboratoire, et peut-être pas assez en conditions réelles. »

Quelques exemples de ratages de l’Aura. À gauche, une « nuit » de 32 minutes en ayant passé 132 heures au lit. Au centre, une nuit presque correctement observée, jusqu’à cet étrange trou avant huit heures, alors que j’étais déjà levé. À droite, un exemple où un relevé parfait est gâché par l’activation du capteur le soir suivant, en lisant sous la couette.
Quelques exemples de ratages de l’Aura. À gauche, une « nuit » de 32 minutes en ayant passé 132 heures au lit. Au centre, une nuit presque correctement observée, jusqu’à cet étrange trou avant huit heures, alors que j’étais déjà levé. À droite, un exemple où un relevé parfait est gâché par l’activation du capteur le soir suivant, en lisant sous la couette.

Autrement dit, la société française n’avait pas prévu qu’un lit puisse servir à autre chose que dormir ! Les mises à jour successives et il est vrai rapides du firmware de l’Aura ont certes amélioré les choses, mais il est encore trop facilement déboussolé par une soirée passée sous la couette à regarder une série TV, une grasse matinée avec un petit déjeuner au lit… ou la sieste d’un animal de compagnie.

Un bon exemple de nuit complètement ratée par l’Aura. Je ne me suis pas couché à 22 h 50, j’ai posé une caisse de livres sur mon lit à cette heure-là… elle a visiblement eu le sommeil agité ! L’erreur est d’autant plus inexcusable que j’ai lancé le programme d’endormissement un peu plus tard — or si je l’ai fait, c’est bien que j’étais encore réveillé ! Enfin, le relevé de température est surestimé de 1,8 à 2 °C, d’après les deux thermomètres connectés utilisés pour comparaison. Les relevés de luminosité (testé en allumant des veilleuses à heure fixe) et de fréquence cardiaque (comparé avec le relevé d’une ceinture cardio Polar) sont plus fiables.
Un bon exemple de nuit complètement ratée par l’Aura. Je ne me suis pas couché à 22 h 50, j’ai posé une caisse de livres sur mon lit à cette heure-là… elle a visiblement eu le sommeil agité ! L’erreur est d’autant plus inexcusable que j’ai lancé le programme d’endormissement un peu plus tard — or si je l’ai fait, c’est bien que j’étais encore réveillé ! Enfin, le relevé de température est surestimé de 1,8 à 2 °C, d’après les deux thermomètres connectés utilisés pour comparaison. Les relevés de luminosité (testé en allumant des veilleuses à heure fixe) et de fréquence cardiaque (comparé avec le relevé d’une ceinture cardio Polar) sont plus fiables.

Impossible, dès lors, de faire entièrement confiance aux données relevées par le système de suivi de sommeil. Pourtant, son « réveil intelligent » est d’une efficacité redoutable : il arrive à tirer du sommeil au moment le plus opportun, et tout en douceur grâce à une lumière froide et une petite mélodie. Peut-être parce que c’est une des fonctions les plus simples, qui se base uniquement sur la plage définie par l’utilisateur ?

Le « réveil intelligent » se paramètre dans l’application Withings. On règle d’abord l’heure maximale de réveil, puis une plage dans laquelle l’Aura peut déclencher son programme de réveil si les conditions sont réunies. C’est sans doute la partie la plus réussie de l’application, qui permet aussi de lancer un programme « sieste » très convaincant (il empêche de glisser en sommeil profond et de se sentir « groggy » au réveil).
Le « réveil intelligent » se paramètre dans l’application Withings. On règle d’abord l’heure maximale de réveil, puis une plage dans laquelle l’Aura peut déclencher son programme de réveil si les conditions sont réunies. C’est sans doute la partie la plus réussie de l’application, qui permet aussi de lancer un programme « sieste » très convaincant (il empêche de glisser en sommeil profond et de se sentir « groggy » au réveil).
Le soir, l’Aura émet une lumière rouge pour vous aider à vous endormir. L’effet sur la production de mélatonine est prouvé scientifiquement, mais il n’est pas toujours « évident ». Moins en tout cas que la lumière bleue du matin, qui réveille tout en douceur. Les mélodies qui accompagnent la lumière sont moins convaincantes… et il n’est pas sûr que la personne qui partage votre lit apprécie d’être calée sur votre rythme.
Le soir, l’Aura émet une lumière rouge pour vous aider à vous endormir. L’effet sur la production de mélatonine est prouvé scientifiquement, mais il n’est pas toujours « évident ». Moins en tout cas que la lumière bleue du matin, qui réveille tout en douceur. Les mélodies qui accompagnent la lumière sont moins convaincantes… et il n’est pas sûr que la personne qui partage votre lit apprécie d’être calée sur votre rythme.

Les données sont automatiquement synchronisées au réveil, l’appareil évitant de vous bombarder d’ondes pendant la nuit. Malheureusement, il faut parfois attendre plusieurs heures avant qu’elles n’apparaissent dans l’application, et elles ne sont jamais accompagnées de conseils permettant d’améliorer la qualité de son sommeil. Dès lors, à quoi bon acheter un appareil aussi spécifique ?

Cette question est d’autant plus importante aujourd’hui que l’Aura collecte (presque) tous les paramètres qu’il aurait dû mesurer depuis son lancement. La température relevée est certes 2 °C plus haute qu’en réalité, mais l’appareil semble correctement détecter le rythme cardiaque et la luminosité ambiante. Parfait ! Mais comment influent-ils sur le sommeil ? Ce n’est malheureusement pas Withings qui vous le dira.

Ce test insiste beaucoup sur les problèmes de l’Aura, mais il faut dire qu’il est aussi capable de faire correctement son boulot. Reste que sur neuf semaines d’utilisation étalées sur trois mois, il n’a jamais été capable de le faire s’il restait branché en continu : pour éviter les erreurs et les problèmes, il m’a fallu prendre l’habitude de le brancher avant le coucher et de le débrancher au réveil. Withings serait bien avisée de permettre à l’utilisateur de lancer et couper manuellement le suivi de sommeil, comme sur le traqueur Pulse. Et d’ajouter un peu de pédagogie à son application, qui n’analyse que très sommairement les nuits et ne donne aucun conseil pratique, ce qui limite grandement l’intérêt de l’Aura.
Ce test insiste beaucoup sur les problèmes de l’Aura, mais il faut dire qu’il est aussi capable de faire correctement son boulot. Reste que sur neuf semaines d’utilisation étalées sur trois mois, il n’a jamais été capable de le faire s’il restait branché en continu : pour éviter les erreurs et les problèmes, il m’a fallu prendre l’habitude de le brancher avant le coucher et de le débrancher au réveil. Withings serait bien avisée de permettre à l’utilisateur de lancer et couper manuellement le suivi de sommeil, comme sur le traqueur Pulse. Et d’ajouter un peu de pédagogie à son application, qui n’analyse que très sommairement les nuits et ne donne aucun conseil pratique, ce qui limite grandement l’intérêt de l’Aura.

Et c’est dommage : l’application serait un peu plus pédagogique que l’on pourrait plus facilement oublier les petits et gros soucis de l’Aura. En l’espèce toutefois, il est impossible de le recommander. Incomplet et pas toujours fiable, il n’est pour le moment rien de plus qu’une solution de luminothérapie efficace, et pas un système de suivi de sommeil avancé.

Vraiment dommage : ce n’est qu’en arrêtant de l’utiliser régulièrement, pour le comparer à un suivi par traqueur d’activité et un réveil traditionnel, que je me suis rendu compte à quel point l’Aura pourrait être utile. Avec toutes les fonctions promises au lancement et de véritables conseils dans l’application, il pourrait vraiment améliorer la qualité de mon sommeil. Et son réveil lumineux vaut peut-être 299 € à lui seul. Mais probablement pas.

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