Les solutions de suivi de sommeil ne manquent pas, des applications comme Sleep Cycle aux traqueurs d’activité comme le Misfit Shine. Mais si vous avez le sommeil troublé, mieux vaut peut-être vous tourner vers des solutions dédiées comme le Misfit Beddit ou le Withings Aura. Sont-elles vraiment fiables et utiles ? Réponse après plus de cinquante nuits en compagnie du Withings Aura.
Disons-le tout net : l’Aura n’est pas une réussite. « Nous sommes conscients que, pour certains d’entre vous, la qualité et les fonctionnalités offertes par Withings Aura n’étaient pas au niveau de vos attentes », a admis Cédric Hutchings dans un courriel envoyé aux premiers clients. Le cofondateur de Withings explique :
Withings Aura est un produit ambitieux, embarquant des capteurs physiologiques innovants et inédits dans la chambre à coucher, que nous avons eu à coeur de développer au fil de nombreux mois. Nous reconnaissons que sa commercialisation est néanmoins intervenue trop hâtivement et que des dysfonctionnements et absences de fonctionnalités ont été source de frustration pour une partie de ses premiers utilisateurs.
Sur le papier en effet, l’Aura était fort ambitieux. Sa base, à la forme incongrue mais plaisante de dorade, prend place au chevet du lit où elle est censée observer plusieurs paramètres environnementaux et remplacer lampe, radio-réveil et multiprise. On y branche le capteur fourni, qui se glisse sous le matelas pour observer le sommeil et plusieurs paramètres physiologiques.
Et en pratique en effet, l’Aura est un produit incroyablement frustrant. Pas qu’il soit complètement détraqué — on saurait au moins à quoi s’en tenir. Non, il fonctionne — mais seulement de manière passable, en tout cas jamais aussi bien que certains qui n’ont visiblement pas « testé » le même produit le prétendent.
La fiabilité du traitement des données est en cause : il suffit de poser un objet lourd sur le lit pour démarrer l’enregistrement d’une nuit. L’Aura est ainsi capable de suivre le sommeil… d’une caisse de bouquins ! Confrontés à ce problème lors d’un entretien téléphonique, un chef produit et un ingénieur de Withings nous ont ainsi confié avoir « testé l’Aura surtout en laboratoire, et peut-être pas assez en conditions réelles. »
Autrement dit, la société française n’avait pas prévu qu’un lit puisse servir à autre chose que dormir ! Les mises à jour successives et il est vrai rapides du firmware de l’Aura ont certes amélioré les choses, mais il est encore trop facilement déboussolé par une soirée passée sous la couette à regarder une série TV, une grasse matinée avec un petit déjeuner au lit… ou la sieste d’un animal de compagnie.
Impossible, dès lors, de faire entièrement confiance aux données relevées par le système de suivi de sommeil. Pourtant, son « réveil intelligent » est d’une efficacité redoutable : il arrive à tirer du sommeil au moment le plus opportun, et tout en douceur grâce à une lumière froide et une petite mélodie. Peut-être parce que c’est une des fonctions les plus simples, qui se base uniquement sur la plage définie par l’utilisateur ?
Les données sont automatiquement synchronisées au réveil, l’appareil évitant de vous bombarder d’ondes pendant la nuit. Malheureusement, il faut parfois attendre plusieurs heures avant qu’elles n’apparaissent dans l’application, et elles ne sont jamais accompagnées de conseils permettant d’améliorer la qualité de son sommeil. Dès lors, à quoi bon acheter un appareil aussi spécifique ?
Cette question est d’autant plus importante aujourd’hui que l’Aura collecte (presque) tous les paramètres qu’il aurait dû mesurer depuis son lancement. La température relevée est certes 2 °C plus haute qu’en réalité, mais l’appareil semble correctement détecter le rythme cardiaque et la luminosité ambiante. Parfait ! Mais comment influent-ils sur le sommeil ? Ce n’est malheureusement pas Withings qui vous le dira.
Et c’est dommage : l’application serait un peu plus pédagogique que l’on pourrait plus facilement oublier les petits et gros soucis de l’Aura. En l’espèce toutefois, il est impossible de le recommander. Incomplet et pas toujours fiable, il n’est pour le moment rien de plus qu’une solution de luminothérapie efficace, et pas un système de suivi de sommeil avancé.
Vraiment dommage : ce n’est qu’en arrêtant de l’utiliser régulièrement, pour le comparer à un suivi par traqueur d’activité et un réveil traditionnel, que je me suis rendu compte à quel point l’Aura pourrait être utile. Avec toutes les fonctions promises au lancement et de véritables conseils dans l’application, il pourrait vraiment améliorer la qualité de mon sommeil. Et son réveil lumineux vaut peut-être 299 € à lui seul. Mais probablement pas.