Avec 6,6 millions d’utilisateurs, Molotov ne veut pas se vendre mais devenir un acteur mondial

Mickaël Bazoge |

Molotov n’a pas l’intention de se vendre au plus offrant. Dans une interview à La Tribune, Pierre Lescure et Jean-David Blanc, les deux cofondateurs du service de streaming de télévision, sont revenus sur la rumeur selon laquelle les dirigeants de Molotov auraient voulu vendre l’entreprise pour 100 millions d’euros. Trop cher pour les prétendants, parmi lesquels TF1, M6 et France Télévisions.

C’est « sans fondement », assure Jean-David Blanc. Aucun actionnaire n’a envie de vendre « un arbre dont les fruits sont à peine sortis ». En revanche, Molotov doit bien trouver de l’argent pour « financer sa croissance ». L’entreprise recherche donc des partenaires aux reins solides.

L’équilibre financier, prévu pour 2021, est repoussé à plus tard. Molotov estime qu’il y a une « opportunité » pour faire émerger « un ou plusieurs gros acteurs mondiaux sur le sujet de la télévision sur Internet ». Pourquoi pas un acteur français ? Mais voilà, il faut des moyens derrière.

Au-delà, le service est surtout en quête de partenariats « stratégiques ». « Lever des fonds est envisageable, signer des partenariats aussi », explique Jean-David Blanc. Molotov louche clairement du côté d’Orange, qui est un partenaire de la première heure, mais la jeune pousse ne s’interdit pas de regarder plus loin, en Europe par exemple.

Le service d’agrégation de contenus télé compte aujourd’hui « 6,6 millions utilisateurs, et 70 000 à 100 000 nouveaux rejoignent la plateforme chaque semaine. Nous recrutons jusqu'à 900 nouveaux abonnés chaque jour, contre une vingtaine par jour l'année dernière ». Le nombre d’abonnés payants est « très au-dessus » du chiffre des 200 000 qu’on a pu entendre ici et là, assurent les deux dirigeants.

Molotov, qui se compare à Amazon Channel (qui propose aux abonnés Prime de s’abonner à des chaînes télé) ou YouTube TV, a affiné son modèle économique. Il ne s’agit plus seulement de vendre des abonnements à base d’heures d’enregistrement, mais de devenir une sorte d’App Store de la télé.

Toutes les chaînes peuvent, avec le modèle économique de leur choix, mettre à leur disposition leurs contenus, qu'ils soient gratuits (financés par la pub) ou payants (via des achats à l'acte ou par abonnement). Nous fonctionnons comme un distributeur en appliquant le cas échéant des marges de distribution.

Ce changement de pied intervient alors que plusieurs groupes audiovisuels ont commencé à retirer leurs billes de Molotov. Les programmes des chaînes d’Altice (parmi lesquelles BFM et RMC) ne peuvent plus être enregistrés dans le nuage du service. C’est le cas aussi des chaînes de M6. L’offre gratuite a également été réduite à sa portion congrue : exit les fameux bookmarks, il faut se contenter du direct et des programmes en replay pour certaines chaînes.

Concernant Salto, le futur concurrent développé par France Télévisions, TF1 et M6, les patrons de Molotov sont beaux joueurs et souhaitent « bonne chance » à cette initiative.

Si ce projet aboutit, cela ne signifiera pas que les chaînes « cesseront de distribuer leurs contenus sur Molotov. Au contraire, du fait de la régulation de la concurrence, celle-ci leur imposera de proposer au marché une offre équivalente à la leur. On ne peut pas dire que Molotov va mourir à cause de Salto ».

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