Alertes attentat SAIP : le gouvernement jette l’éponge [MàJ]

Nicolas Furno |

Moins de deux ans après son lancement, l’app d’alertes attentat SAIP serait en passe d’être mise à la retraite. D’après RTL, le ministère de l’intérieur aurait décidé d’abandonner l’app et de la désactiver totalement dès ce vendredi 1er juin. À la place, le gouvernement aurait signé des accords avec les Facebook, Twitter et Google pour relayer les alertes par ces voies déjà bien utilisées.

Captures d’écran de l’app SAIP en cas d’alerte attentat.

SAIP devait permettre d’envoyer une alerte en cas d’attentat sur le territoire. Dans les faits, sa courte histoire n’a été qu’une longue série d’échecs : lors de l’attentat de Nice, en juillet 2016, l’alerte n’arrive que deux heures et demi plus tard. Un dysfonctionnement lié à une mauvaise préparation, mais qui s’est répété en début d’année 2017, lors d’un attentat au Louvre. Cette fois, les autorités avaient justifié leur choix de ne pas envoyer d’alerte, mais il y a encore eu par la suite des fausses alertes.

L’été dernier, un rapport interrogeait ainsi l’utilité même du projet. Sans compter les problèmes techniques, moins d’un million de Français avaient installé l’app à ce stade, ce qui était bien inférieur aux objectifs fixés pour qu’elle soit utile et que le message soit correctement diffusé. On n’a pas eu de nouvelles depuis, mais l’abandon évoqué par RTL semble assez logique, et ce d’autant que les réseaux sociaux sont déjà des relais bien plus efficaces sans l’appui du gouvernement.

Du côté de Facebook, le système « Safety Check », qui permet aux utilisateurs d’indiquer à leurs amis qu’ils vont bien, devrait servir dans le cadre de cet accord. Les alertes étant géolocalisées, elles devraient permettre de prévenir plus efficacement ceux qui peuvent être concernés, sans envoyer de message à la France entière. Sur Twitter, un compte officiel @Beauvau_Alerte servira à relayer les alertes, il est encore inactif à ce jour. En cas d’événement majeur, l’app du réseau social pourrait aussi afficher un bandeau pour tous ses utilisateurs.

La fonction « Safety Check » de Facebook.

Enfin, Google devrait relayer les alertes et afficher parmi les premiers résultats les informations officielles des autorités. D’après le site, des accords auraient été aussi signés avec d’autres acteurs, dont France Télévision et Radio France, mais aussi la RATP pour les utilisateurs du métro parisien et des compagnies d’autoroute pour ceux qui sont sur la route.

Bizarrement, le gouvernement n’envisage manifestement toujours pas de prévenir en utilisant des SMS ou même les systèmes d’alertes intégrés à tous les smartphones modernes. Peut-être que le site n’a pas eu l’information, mais ce serait un choix logique pour prévenir un maximum de citoyens.

[MàJ 29/05/2018 17h09] : depuis la publication de l'article, l'information a été officialisée par Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur. L'application SAIP sera bel et bien abandonnée au mois de juin, juste après l'arrêt du contrat avec l'entreprise qui l'avait développée. Le gouvernement précise au passage que l'accord avec les géants américains n'est pas d'ordre financier et que l'objectif premier était d'alerter le plus de monde. Ce que SAIP, installée sur 900 000 smartphones, ne pouvait manifestement pas faire.

Le ministre de l'Intérieur a aussi partagé sur Twitter des visuels de la nouvelle initiative d'alerte en cas d'attentats. L'iPhone X est à l'honneur.

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