Coronavirus : en France et en Europe, intérêt variable des populations pour les apps de suivi des contacts

Mickaël Bazoge |

En Europe, les différentes applications de traçage des contacts connaissent des fortunes différentes. En France, StopCovid a enregistré 2,3 millions de téléchargements selon la Direction générale de la Santé (3% de la population), et essuyé un carton jaune de la part de la CNIL (lire : StopCovid : la CNIL relève plusieurs irrégularités).

Ailleurs sur le vieux continent, on a fait le choix d'une architecture décentralisée et de l'API Exposure Notification développée par Apple et Google. C'est le cas pour l'Allemagne, où Corona-Warn-App a été installée par environ 16 millions de personnes (sur un total de 83 millions d'habitants). Satisfaction également en Irlande, avec Covid Tracker qui a dépassé 1,3 million d'utilisateurs, soit un tiers des possesseurs de smartphones.

Corona-Warn-App.

Mais l'usage de l'API commune n'est pas nécessairement le gage d'un succès populaire. En Italie, le compteur d'Immuni affiche 4,2 millions d'utilisateurs, loin des espérances des autorités sanitaires malgré un bon départ. Elles expliquent ce désintérêt relatif par la perception du public sur l'épidémie, qui semble en effet sous contrôle. Ne parlons pas de malheur, mais cela pourrait changer en cas de deuxième vague cet automne.

En Suisse, l'activation de l'application SwissCovid tourne autour du million de smartphones, d'après des chiffres remontant à la semaine dernière, soit 12% de la population. Et le nombre d'utilisateurs régresse avec des désactivations de l'app.

SwissCovid.

La technologie centralisée au cœur de StopCovid permet de remonter des données d'usage de l'application. En l'espèce, le bilan provisoire est modeste : 68 déclarations de test positif, 14 avertissements d'un risque de contact avec une personne contaminée, selon un rapport du Sénat du 8 juillet. Pour les applications équipées de l'API d'Apple, il est impossible de connaitre leur utilité réelle, pour une bonne raison : les données nécessaires au comptage statistique ne bougent pas du smartphone des utilisateurs.

En Allemagne, l'institut Robert-Koch espère que des tests scientifiques permettront de déterminer l'impact à moyen et à long terme de l'application de suivi des contacts, mais il reste encore à imaginer de quelle manière ces tests pourraient se dérouler. Bref, c'est le flou complet et ni Apple, ni Google n'ont l'intention de déroger à leur engagement de protéger la vie privée des utilisateurs de l'API.

Lothar Wieler, président de l'institut, estime toutefois que l'application « fonctionne » et qu'environ 500 utilisateurs testés positifs ont eu l'opportunité d'alerter leurs contacts de cette manière. Mais il reconnait qu'il ne peut pas dire combien de personnes ont été prévenues, « à cause de l'approche décentralisée de l'app ».

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