Pourquoi le prochain iPhone n’aura pas de port USB-C

Anthony Nelzin-Santos |

« Apple abandonne le port Lightning ! », titrèrent soudain les plus paresseux des titres spécialisés. Avant d’être mille fois paraphrasé, l’article du Wall Street Journal publié derrière un paywall n’avait pourtant rien d’affirmatif. Ses sources, toutes « familières des projets d’Apple » qu’elles soient, étaient surtout très vagues lorsqu’elles parlaient d’« un port USB-C sur le câble d’alimentation ».

Blayne Curtis, un analyste de Barclays qui avait obtenu de bonnes informations sur les Earpods à prise Lightning, avait rapidement mis en doute les informations du quotidien économique. Ming-Chi Kuo finit de les réfuter en expliquant qu’Apple compte non seulement conserver le port Lightning, mais même l’améliorer.

USB-C ? Lightning ? Image Apple.

Le rapport de l’analyste le mieux informé du moment est tombé pendant la rédaction de cet article : l’hypothèse d’un passage à l’USB-C reposait sur des fondements fragiles, elle s’est maintenant effondrée. L’USB-C est un standard de l’industrie ? Ce genre de considérations n’a jamais arrêté Apple. La directive européenne sur les chargeurs doit entrer en vigueur ce mois-ci ? Il faudra prévenir la Commission, et rendre la chose plus contraignante qu’elle ne l’est.

Souvenez-vous de la polémique autour de l’abandon du port 30 broches : environ 800 millions d’appareils en étaient dotés. Imaginez maintenant les conséquences de l’abandon du port Lightning : 1,2 milliard d’appareils iOS en sont équipés. Et son emprise ne cesse de s’étendre : il est présent sur la télécommande de l’Apple TV et sur les périphériques des Mac, conditionne l’existence même de l’Apple Pencil, et s’installe maintenant dans les produits de Beats.

À cette échelle, une transition doit être plus que justifiée — elle doit relever de la nécessité impérieuse. La nécessité impérieuse motivant le passage au Lightning, c’était la nécessité d’une interface purement numérique, la nécessité d’une prise pratique et solide, et surtout la nécessité d’un connecteur aux dimensions extrêmement réduites. Le passage à l’USB-C n’offrirait aucun avantage décisif, mais imposerait de nouvelles contraintes.

Le port Lightning de l’iPhone 6s (en haut) et de l’iPhone 7 (en bas).

Cela ne veut pas dire qu’il est absolument exclu : on pourrait argüer que l’USB-C pourrait (ou « aurait pu », si l’on considère que Ming-Chi Ku a déjà le fin mot) profiter à l’iPad encore plus qu’à l’iPhone. D’aucuns assurent en effet que la tablette d’Apple peine à trouver sa place entre le smartphone et l’ordinateur portable, notamment parce qu’elle ne possède pas de port USB, qui faciliterait le transfert de données avec d’autres appareils.

Oublions un instant que ces « d’aucuns » s’époumonent depuis cinq ans, et que les autres utilisent des clés USB/Lightning quand ils en ont besoin, c’est-à-dire une fois par lune. Il ne fait aucun doute que du point de vue d’Apple, la question du transfert des données est réglée par le « nuage » à l’échelle globale (documents iCloud, photothèque iCloud, synchronisation, partage familial) et la microlocalisation à l’échelle locale (AirDrop, Handoff, presse-papier partagé).

C’est bien parce que cette question est réglée que le Lightning existe : Apple l’a conçu comme le premier et dernier connecteur d’alimentation du monde post PC. Dans ce cadre, peut-on croire que la société qui a justifié le retrait d’une prise aussi universelle que la prise jack 3,5 mm par la nécessité (impérieuse !) du gain de place pour de nouveaux composants, serait la même société qui s’imposerait une prise plus encombrante pour la beauté du geste ?

Un iPhone 7 équipé d’un port Lightning (en haut) contre un iPhone 7 équipé d’un port USB-C (en bas).

L’Apple Watch et les AirPods montrent la voie : le futur de la recharge n’est pas une nouvelle prise, mais l’absence de prise. Les AirPods utilisent de simples contacts, une « technologie » déjà à l’œuvre sur les appareils iOS, puisque les iPad Pro peuvent être rechargés par le biais de leur Smart Connector. L’Apple Watch utilise l’induction, une technologie qui n’est peut-être pas encore suffisamment efficace pour répondre aux exigences environnementales d’Apple, mais qui s’améliore constamment. Et vous savez quoi ? Les deux utilisent aussi… le Lightning ! (Sur la boite de charge des AirPods et la station de charge des Apple Watch.)

Accédez aux commentaires de l'article