A14 : la puce qui va faire un effet bœuf

Mickaël Bazoge |

Juste avant la présentation de l'iPhone 12, Apple assure déjà le service après-vente pour l'A14, qui sera (sans doute) le moteur sous le capot des nouveaux smartphones. La puce, déjà au cœur de l'iPad Air 4, doit encore révéler quelques secrets. Tim Millet, vice-président d'Apple en charge de l'architecture des plateformes, et Tom Boger, le directeur du marketing produit pour l'iPad et le Mac, ne sont pas allés très loin dans les révélations, mais leur intervention dans Engadget mérite qu'on s'y arrête.

Durant le développement de ses systèmes-sur-puce, Apple concentre ses efforts sur l'efficacité énergétique, de telle manière que le travail d'optimisation réalisé pour l'iPhone serve également à l'iPad Air. Autrement dit, sur l'autonomie. Au passage, il sera intéressant de voir comment s'en sortira un Mac Apple Silicon de bureau toujours branché sur le secteur, et qui n'a donc pas cette problématique de l'autonomie.

On en saura sans doute davantage durant le keynote de ce mardi, mais d'après les premiers benchmarks officieux, les performances du processeur et de la puce graphique de l'A14 positionnent l'iPad Air — et probablement l'iPhone 12 — un cran en-deçà de l'iPad Pro pour le premier, et légèrement au-dessus pour la deuxième :

Les deux responsables d'Apple indiquent que l'A12Z a davantage de cœurs processeur (4 haute efficacité + 4 hautes performances) et graphiques (8) que l'A14 qui intègre un CPU à 6 cœurs (4 + 2) et un GPU à 4 cœurs. La gravure en 5 nm (11,8 milliards de transistors), contre 7 nm pour l'A13 (8,5 milliards), donne un coup de boost à la nouvelle puce. D'ailleurs, pour certaines tâches, Millet et Boger conviennent que l'A14 pourrait dépasser l'A12Z. Mais le dernier iPad Pro reste globalement plus puissant que l'iPad Air 4.

Tests Geekbench 5 pour le processeur.
Tests Geekbench 5 pour la puce graphique.

Le benchmark du CPU de l'A14 montrait une performance de pointe sur les tâches mono-cœur qui positionne la nouvelle puce au-delà de ses prédécesseurs. Un gain appréciable pour les développeurs : « Nous savons que les performances mono-cœur sont très importantes pour beaucoup d'applications », indique Tim Millet. Mais pas question de laisser sur le bord de la route les développeurs dont les apps nécessitent une grosse patate multi-cœurs.

Chez Apple, une puce de nouvelle génération se décline généralement dans plusieurs produits : l'A12 en est une bonne illustration, puisqu'on a eu droit à deux variations plus puissantes, l'A12X (pour l'iPad Pro 2018) et l'A12Z (iPad Pro 2020). Preuve de la plasticité de cette approche, la puce S6 de l'Apple Watch Series 6 est dérivée de l'A13 de l'iPhone 11, conférant à la montre un gain de performances de 20% (ce qui n'est pas forcément visible, mais passons).

« Nous voulons nous assurer que quand nous construisons le processeur d'une génération, nous ne le construisons pas forcément pour un seul appareil », explique Tim Millet. Apple arbitre les capacités en fonction des appareils hôte, on voit en effet assez mal l'Apple Watch accueillir les six cœurs du CPU de l'A14. Mais il faut faire en sorte que l'architecture soit suffisamment flexible pour s'adapter et être réutilisable dans un maximum de produits.

Cela pourrait bien être le cas de l'A14, qui s'annonce comme une étape majeure pour Apple : l'iPhone 12 et l'iPad Air en sont équipés, et des déclinaisons pourraient équiper de futurs iPad Pro et les Mac Apple Silicon. Évidemment, les deux dirigeants interviewés n'ont pas voulu confirmer quoi que ce soit concernant la future puce Apple Silicon sous le capot des futurs Mac. « Parfois, ce sont les contraintes uniques d'une plateforme qui alimentent l'innovation », se contente d'indiquer Millet.

On pourrait être tenté de lire entre les lignes : les contraintes d'un iPhone ou d'un iPad sont différentes de celles d'un Mac, dans lequel il est plus facile de caser un système de refroidissement actif et donc des puces qui pourront chauffer davantage — et produire des performances supérieures. Rendez-vous sans doute pas demain, mais probablement en novembre pour tout savoir…

Accédez aux commentaires de l'article