Patrick Drahi veut toujours mettre le grappin sur Bouygues Telecom

Mickaël Bazoge |

Patrick Drahi veut les pleins pouvoirs sur SFR. Après l’acquisition de 60% de l’opérateur au carré rouge l’an dernier pour la somme de 13,2 milliards d’euros, Altice — la holding de Drahi — souhaite maintenant acquérir les 20% détenus par Vivendi. L’ancienne maison-mère de l’opérateur avait conservé cette participation, qui pourrait donc passer entre les mains d’Altice pour 3,9 milliards d’euros. Une « offre ferme » financée pour moitié par un programme de rachat d’actions réalisé par le groupe Numericable-SFR, et pour l’autre moitié par Altice. L’opération d’acquisition de ces 20% doit encore être validée par le conseil de surveillance de Vivendi, qui prendra une décision le 27 février.

Altice continue de s’endetter pour financer ses nombreuses acquisitions (Portugal Telecom a coûté 7,4 milliards). Et la holding ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Déjà propriétaire de SFR et de Virgin Mobile, Patrick Drahi aurait toujours des vues sur Bouygues Telecom. La rumeur n’est pas nouvelle (elle était apparue en novembre dernier, lire : Après SFR, Altice s'intéresse à Bouygues Telecom), et elle rebondit de temps à autre.

Ce lundi, Bloomberg indiquait qu’Altice se préparait à un « possible rachat » du troisième opérateur français. Une acquisition qui pourrait coûter 8 milliards d’euros, mais qui a été démentie le même jour par un porte-parole de Bouygues. « Aucune négociation n’est en cours », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que Bouygues Telecom faisait l’objet de « marques d’intérêt » de la part de tous les acteurs présents sur le marché. Toutefois, l’entreprise conserve les moyens de rester autonome et indépendante.

Du côté d’Altice, on pense que les autorités ne poseraient pas de barrières au rapprochement avec Bouygues. L’idée d’une consolidation du secteur à trois opérateurs a fait son chemin… mais peut-être pas chez les consommateurs qui profitent de la guerre des prix. En attendant de finaliser un dossier de rachat de Bouygues, Altice a deux autres problèmes sur les bras : les enchères pour les fréquences 700 Mhz qui se tiendront en décembre 2015, et pour lesquelles SFR se devra de faire une proposition afin d’en obtenir une poignée.

À court terme, il faudra aussi redresser les résultats de SFR : en 2014, l’opérateur aurait généré un chiffre d’affaires de 11,4 milliards d’euros, un chiffre en baisse de 3,4% par rapport à l’année précédente. L'excédent brut d'exploitation devrait lui se monter à 3,1 milliards, ce qui est sur le papier très confortable… sauf qu’il montre un net recul de 11,4%. Les résultats définitifs du groupe sont attendus le 5 mars. Les méthodes de gestion low cost de Patrick Drahi suffiront-elles ?

avatar rikki finefleur | 

Voilà bien une chose très néfaste pour les consommateurs.
Moins de choix, moins de concurrence. Et une société misericable-SFR qui n'a pas caché sa volonté de faire remonter les prix pour rembourser les extravagances de ce personnage.

avatar Rom 1 | 

Ce Patrick Drahi m'énerve, il se transforme en Xavier Niel en rachetant des télécoms et des titres de presse pour élargir son influence.
Le rachat de Bouygues Telecom serait une catastrophe tant la qualité du réseau de SFR est une honte comparée à ses concurrents historiques. Pas envie de me retrouver avec un réseau de basse qualité avec en plus une augmentation de tarifs.

avatar 2DSP | 

Je suis pas tout à fait d'accord... si DRAHI mettait la main sur BOUYGUES TÉLÉCOM il y aurait à la fois des avantages et des inconvénients.

Dans les avantages :
- au lieu de trois entités distinctes (SFR, NUMÉRICABLE, BOUYGUES) IN aurait une seule marque (très certainement SFR). SFR deviendrait l'opérateur Nº1 par le nombre de clients mais il aurait aussi le plus faste réseau EDGE/2G/3G/4G de France (en soit on pourrait donc voir une amélioration globale de prestations de l'opérateur.
- SFR devrait alors restructurer ses offres et mettre en place des forfaits plus claires.

Dans les désavantages :
- SFR étant la marque qui restera au final, un monté globale des prix (surtout pour les anciens de BOUYGUES) serait inévitable.
- un retour à trois opérateurs en France, ça serait moins de pression sur la concurrence, donc (à défaut de baisser encore les prix qui sont assez bas à mon avis dans la téléphonie mobile low cost), les opérateurs seraient moins rapide pour nous proposer plus de services au même prix.
- le pire serait surtout au niveau économique, ou les licenciements à tout ça ferait grimper sensiblement le taux de chaulage français qui n'est déjà pas au meilleur de sa forme.

Après je pense sincèrement que même si DRAHI met beaucoup d'argent sur la table, cette acquisition ne se fera pas. BOUYGUES s'est profondément restructuré pour pouvoir faire face à la concurrence de manière indépendante. L'état a fait le choix de quatre opérateurs pour d'humaniser la concurrence. L'autorité de la concurrence elle-même ne serait pas très favorable à cette idée (à mon humble avis).

Pour finir... je dirais que DRAHI ferait mieux de se concentré sur son nouveau gros bébé qui est un peu malade à cause de ce qu'on lui fait avaler, plutôt que de vouloir bouffer tout le monde.

avatar Rom 1 | 

Tu oublis quelque chose pour la partie réseau, si SFR-Numericable rachète Bouygues Telecom ils seront obligés de se débarrasser soit du réseau de SFR soit de celui de Bouygues. Ce qu'obligera à faire l'Autorité de la concurrence comme ce qu'il était prévu lors du rachat potentiel de SFR par Bouygues qui aurait donné son réseau à Free Mobile.
Donc non, un rachat de Bouygues Telecom par SFR ne se traduira pas par un plus vaste réseau et une amélioration de la qualité de l'opérateur.

Enfin quid des fréquences ? Les fréquences sont inaliénables et propriété de l'Etat, les opérateurs n'en ont qu'un droit d'utilisation. M'étonnerais que l'Etat accepte qu'une entreprise récupère automatiquement les fréquences du concurrent qu'il rachète. Il y aura forcément un rééquilibrage et donc moins de fréquences et plus de clients, ça risque d'alourdir le réseau. Il faudra soit déployer plus d'antennes pour redimensionner le réseau, soit acheter de nouvelles fréquences. Dans tous les cas il faudra ressortir le chéquier ce qui risque de faire beaucoup beaucoup de dettes.

Bref même si les principaux désavantages seront du côté du consommateur, il ne faut pas oublier que ce sera compliqué côté opérateur.

avatar 2DSP | 

Désolé pour les coquilles du commentaires précédents... j'aurai dû repasser après mon correcteur orthographique automatique.

avatar Applesoft | 

Finalement, Drahi est encore plus agressif que ne l'est Niel. Qui l'eut cru ? :) La force de Drahi est d'avoir la confiance des banquiers pour financer les rachats, encore plus que Niel. Et à ce niveau, c'est ce qui fait la différence ...

avatar béber1 | 

"La force de Drahi est d'avoir la confiance des banquiers pour financer les rachats"

la question que je me pose :
est-ce qu'il a la confiance des banquiers ou sont-ce ces banquiers et des financiers qui agissent en sous-main ?

avatar Applesoft | 

@béber1 :

Il a la confiance des banquiers car il l'a gagné ! Il suffit de regarder son parcours : il part de rien, il termine milliardaire à coups de rachats successifs via un fort endettement en garantissant aux banquiers le remboursement. Il délivre ce qu'il leur promet : pas étonnant qu'il soit connu comme un gros cost killer. Quel banquier ne s'associerait pas à Drahi ? Jusqu'à présent, ils ont eu raison de le suivre : ses affaires se portent bien et les banquiers sont ravis. Donc quand il veut racheter Bouygues, les banques doivent dire ok et suivre avec prêts de plusieurs milliards. Qui ne suivrait pas Drahi dans une affaire si l'unique objectif est de gagner de l'argent ?

Il est clair que Drahi est davantage un financier et Niel plutôt un entrepreneur.

Quant à savoir qui est derrière tout ça, ce ne sont pas les banquiers. C'est Drahi qui est majoritaire et qui contrôle SFR. Il fait ce qu'il veut. Sa seule obligation est de rembourser ses prêts : s'il ne le fait pas, les banques prendront alors le contrôle de son groupe.

Mais tant qu'il respecte et honore le deal, il est le maître à bord du vaisseau et les banquiers sont ravis : ce n'est pas leur métier de gérer des boîtes.

avatar Hugo-29 | 

Y a un truc que je comprend pas trop..

Quand Bouygue Telecom voulait racheter SFR ont leur reprochait qu'il allais être trop grand par rapport à la concurrence. Et la numericable rachète SFR et peu être bouygue.... Donc ça va devenir un géant !

(Dite moi si j'ai pas compris le truc )

avatar rikki finefleur | 

Le propre d'un homme politique c'est de retourner sa veste instantanément.
On l'a vu encore hier ..
Se faire passer pour un homme politique alors que l'on est carriériste, est une jonglerie quotidienne :p

avatar Scs38 | 

Il souhaite donc ruiner chaque opérateur qu'il touche ce monsieur Que c'est malheureux pour nous consommateurs...

avatar hledu | 

On voit que l'argent n'est pas cher en ce moment. Certains en profitent pour s'endetter... au delà du raisonnable ?

avatar enzo0511 | 

L'arcep ne laisserait pas faire de toute façon

avatar Rom 1 | 

Cet article pour compléter le n'importe quoi du nouveau SFR : 400 millions d'euros d'impayés. Vive les méthodes Drahi !
http://www.silicon.fr/sfr-comment-les-methodes-daltice-tetanisent-les-fournisseurs-108387.html

avatar Applesoft | 

@Rom 1 :

Ben ouais on rembourse les emprunts avant les fournisseurs !

Ensuite faut pas rêver, quand je lis que Drahi compte utiliser le cash de Bouygues pour financer son rachat par SFR ... Ça veut dire moins de blé pour les investissements en infrastructure ...

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