Les opérateurs vont investir 3 milliards d'euros pour couvrir les zones blanches

Mickaël Bazoge |

Les zones blanches seront-elles bientôt de l'histoire ancienne ? Les résidents de ces zones mal ou pas desservies par les services télécoms savent mieux que d'autres à quel point il est pénible de ne pas pouvoir joindre quelqu'un ou accéder à l'internet mobile dans des conditions satisfaisantes. D'ici cinq ans au maximum, ces zones blanches — qui devaient disparaitre pour de bon avant la fin de l'année 2016, assurait alors le Premier ministre Manuel Valls — ne seront plus d'actualité.

C'est du moins la promesse faite au Journal du Dimanche par Julien Denormandie. Le secrétaire d'État à la Cohésion des Territoires a arraché aux opérateurs un investissement conséquent d'« au moins » 3 milliards d'euros sur le quinquennat pour couvrir les zones blanches de 5 000 pylônes pour chacun d'entre eux.

Dans certains endroits, les opérateurs devront mutualiser les moyens, et surtout il leur faudra offrir « un service de bonne qualité », sans se contenter de considérer qu'un village est couvert là où un opérateur était présent.

« Nous allons faire en trois ans ce que nous avons fait jusqu’ici en quinze ans pour déployer la téléphonie mobile ! Je ne veux pas clouer au pilori les opérateurs, mais leurs investissements passés n’ont pas été suffisants en montant et en rythme de déploiement dans les zones peu peuplées », s'enorgueillit le secrétaire d'État qui sort de six mois de négociations difficiles avec les quatre acteurs du marché. Ces derniers n'ont jamais été très chauds à l'idée d'investir dans des territoires où la rentabilité n'est pas assurée (lire : Zones blanches : Orange, SFR et Bouygues vent debout contre une mutualisation obligatoire).

Cet accord ne concerne pas que les zones blanches. Les opérateurs auront aussi pour obligation de « couvrir les principaux axes de transport, et notamment les 30 000 km de lignes ferroviaires, lignes de TER comprises ». De quoi satisfaire la SNCF, qui s'est également engagée dans l'amélioration de la connectivité sur ses lignes.

Enfin, l'accord prévoit un déploiement « massif » de la 4G : « D’ici à 2020, plus de 10.000 communes qui sont aujourd’hui en 2G ou 3G passeront à la 4G (…) Le deal prévoit également des obligations de bonne couverture à l’intérieur de certains bâtiments ». Dans les zones peu denses, la 3G est effectivement souvent disponible, mais pas la 4G : depuis l'été dernier, l'Arcep met la pression sur les opérateurs pour améliorer les choses.

Le gendarme des télécoms, qui faisait partie intégrante des discussions entre les opérateurs et le gouvernement, sera le « garant » de l'accord : « l’Arcep publiera au fur et à mesure les cartes de déploiement des opérateurs. L’ensemble du deal est par ailleurs contraignant, avec des obligations assorties de sanctions, et non de simples engagements ».

Cet accord ressemble à un gros cadeau pour une partie de la population un peu laissée pour compte. Et ce, sans « un centime d'argent budgétaire », assure Julien Denormandie. C'est que l'État avait une carotte à offrir : pas d'enchères sur le renouvellement des fréquences. « Nous aurions pu mettre aux enchères le renouvellement à venir de ces fréquences, mais nous avons privilégié l’aménagement du territoire en leur disant : "Nous les renouvelons en contrepartie d’une accélération massive de vos déploiements d’infrastructures". La téléphonie et le numérique sont, à nos yeux, non pas un luxe mais un bien essentiel ».

L'un dans l'autre, les opérateurs y ont trouvé leur intérêt, tant il est vrai que ce type d'enchères est extrêmement coûteux, en particulier sur un marché qui compte quatre acteurs.

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