Pour remplacer ses vénérables écouteurs, Apple a modélisé les oreilles de 600 personnes et réalisé 124 prototypes. Le résultat s'appelle Earpods, une paire d'écouteurs qui ne ressemble à aucune autre et sera livrée avec l'iPhone 5, l'iPod touch 5G et l'iPod nano 7G. Apple promet « un confort exceptionnel » et « le meilleur son ». Promesse tenue ? Réponse dans notre test.

Corriger les problèmes des écouteurs

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient de tordre le cou à une idée reçue : non, les écouteurs Apple n'étaient pas de mauvais écouteurs. Au contraire, ils faisaient même partie des meilleurs écouteurs à moins de 50 €. Ce qui ne veut pas dire grand-chose en soi : les écouteurs en général sont parmi les pires produits audio. Apple, qui a fabriqué la bagatelle de 600 millions de paires d'écouteurs, le sait, et les Earpods ont clairement été conçus pour corriger certains problèmes inhérents à la construction « bouton ».

Le premier est le confort : il est impossible de fabriquer des écouteurs pour le dixième de la planète et qu'ils aillent à toutes les oreilles. Apple a donc modélisé l'oreille moyenne à partir des esgourdes de 600 personnes. Du biodesign à l'état pur, au résultat tout en courbes et parfaitement original.

Le deuxième est la fiabilité : les écouteurs Apple étaient parmi les écouteurs les moins solides du marché. Le câble n'a jamais été de mauvaise qualité, mais on ne compte pas les prises arrachées ou les gommes grises décollées autour de la grille de l'écouteur ou au pied de sa tige. Les Earpods sont fabriqués en deux pièces soudées, sans joint plastique, pour une apparence monocorps — un arrangement protégé par brevet.

Le troisième enfin est la qualité sonore : les écouteurs dirigent le son droit vers le pavillon plutôt que vers le conduit auditif, ce qui oblige bien souvent à monter le volume pour entendre quelque chose. En montant le volume, on provoque de fortes distorsions qui détériorent encore un peu plus le son. Les écouteurs isolent enfin peu, ce qui est défavorable à la présence de basses et oblige là encore à monter le volume. Les Earpods, eux, dirigent le son vers le conduit auditif, une ouverture vers le pavillon accentuant les basses par résonance. Trois ouvertures permettent d'alimenter la chambre en air et agissent sur différentes fréquences : médiums en haut, basses en bas.

Voici pour la théorie. Mais que donne la pratique ?

Confort et tenue : une franche réussite

Les Earpods sont incontestablement plus confortables que les écouteurs Apple « historiques ». Ceux-ci pouvaient faire mal après plusieurs heures d'écoute, notamment à la base du tragus, sur lequel bute la tige et de l'anti-tragus, sur lequel repose l'oreillette. Ils avaient aussi tendance à facilement se déloger, selon la morphologie de l'oreille.

Le plastique dur des Earpods est facile à tolérer, et leur forme garantit une bonne stabilité : la surface accrue et la forme qui met à contribution l'entrée du conduit auditif répartit mieux le poids, la tige allongée faisant balancier. Bien sûr, ce paramètre est hautement subjectif et dépendra de votre morphologie : certains n'arrivent pas à les garder en place, d'autres ont même du mal à les faire entrer (ils mesurent 16 mm x 17 mm, alors que les anciens avaient un diamètre de 15 mm).

Il faut dire que leur mise en position à coup sûr prend quelques jours : on a envie de les rentrer grille la première, mais il faut en fait les poser dans l'oreille comme des écouteurs classiques. La grille principale viendra alors se positionner naturellement à l'entrée du conduit auditif, la secondaire faisant face au pavillon.

Fiabilité : à voir

Il faudra quelques mois avant de pouvoir juger de la fiabilité de ces Earpods, mais leur construction inspire d'ores et déjà confiance. Apple a repris son câble certes fin, mais qui n'a jamais posé de problèmes particuliers. On regrette néanmoins qu'il n'ait pas été traité pour minimiser l'emmêlement (Apple fournit néanmoins un enrouleur dans la version en boîte) ou que son coloris n'ait pas été modifié pour être moins salissant.

Les Earpods conservent malheureusement une prise jack droite à la gaine courte : elle devrait donc rester sujette aux mêmes problèmes d'arrachement et de déchirement de la gaine voire de section du câble. On aurait préféré un jack coudé à l'embase renforcée, Apple en a décidé autrement sans doute pour des raisons de conditionnement.

Les oreillettes en elles-mêmes ne devraient pas poser de problèmes : leur construction simili-monocorps semble solide, à tel point que nous n'avons pas réussi à séparer les différentes parties facilement. On peut néanmoins parier qu'à long terme, le principal problème viendra du joint du câble à la base de la tige, qui devrait glisser puis se désolidariser sous les coups répétés. Reste à savoir si ce sera avant ou après avoir obtenu une nouvelle paire d'Earpods avec un nouvel appareil Apple.

On applaudit par contre la nouvelle télécommande, 7 mm plus grande et avec un dégagement suffisant pour bien poser le pouce et contrôler précisément clic, double clic et triple clic. Le microphone n'est plus souligné par une petite grille, mais n'en reste pas moins efficace et clair, en appel comme pour Siri. Il faut dire qu'il est positionné près de la bouche, haut sur le fil — un bon point pour la qualité de captation, un mauvais pour le confort de manipulation de la télécommande.

Qualité sonore : du mieux, mais pas de miracles

Il ne faut pas être audiophile pour constater la différence majeure entre les anciens écouteurs Apple et les Earpods : ils paraissent plus précis tout en apportant plus de basses, et sont clairement moins fatigants. Il faut néanmoins passer un peu de temps avec les Earpods dans les oreilles pour moduler cette première appréciation et comprendre leurs qualités… et leurs défauts.

Les anciens écouteurs ne manquaient pas de basses s'ils étaient bien orientés, et ils ne l'étaient jamais : les Earpods ont des basses et les mettent dans l'oreille, comblant ainsi le creux perceptible de leurs prédécesseurs. Le son apparaît donc plus « plein », plus naturel, alors que les anciens écouteurs donnaient l'impression de mauvais haut-parleurs d'une mauvaise radio AM.

Le surplus de basses n'est néanmoins bénéfique que s'il est maîtrisé, et ce n'est pas toujours le cas. Apple vante la construction hybride de ses oreillettes censée améliorer leur réponse, mais la membrane des minuscules haut-parleurs reste « paresseuse ». Résultat, les basses et le bas-médium sont parfois brouillons, emportant parfois même le reste du spectre.

Les aigus sont remarquablement similaires à ceux des anciens écouteurs, avec le même creux qui arrondit les chuintantes. Les Earpods s'effondrent moins rapidement dans le sur-aigu, mais on entend distinctement un pic qui peut rendre les sifflantes agressives.

Notre échantillon de test en AAC 256 et ALAC fait ressortir ces différents éléments. Sur Friday Night In San Francisco (John McLaughlin / Al di Meola / Paco de Lucia), les guitares exploitent un spectre de 70 à 1 000 Hz avec lequel les Earpods sont parfaitement à l'aise, alors que les anciens écouteurs peinaient à retransmettre les notes les plus basses. Vous aurez donc compris que les Earpods apporteront un gain non-négligeable de qualité en appel, à l'écoute de podcasts ou en lecture de vidéos, la voix humaine exploitant à peu près les mêmes fréquences.

Les notes les plus aiguës du piano de Keith Jarrett dans son fameux Köln Concert sont dans le creux de ces Earpods et donc quelque peu en retrait — un mal pour un bien, puisque l'on peut tolérer plus facilement de longues heures d'écoutes. À l'inverse, la basse puissante de Dusty Hill dans Futura est parfois brouillonne, au point de parasiter l'écoute et de provoquer une fatigue prématurée. La précision perçue des Earpods vient en fait de la balances des aigus et des basses, plutôt que d'une réelle articulation.

Notons enfin que le volume de sortie des Earpods est inférieur à celui des anciens écouteurs, ce qui est très loin d'être un défaut. Voilà qui évitera de se griller les tympans, le son étant de toute manière mieux conduit. N'espérez néanmoins rien de mieux côté isolation : contrairement à ce que prétend Apple, les Earpods laissent tout passer, au point que la musique fasse parfois simple ambiance de fond dans les transports en commun.

Pour conclure

Avec ces Earpods, Apple promettait donc « un confort exceptionnel » et « le meilleur son ». Rien à redire sur le confort, qui devrait en effet être excellent pour la plupart des oreilles. On sera plus modéré sur le son : oui, les Earpods sont de très bons écouteurs, mais ils pèchent presque par sur-compensation qu'autre chose, sans pour autant résoudre le problème de l'isolation. Notre conclusion finale sur ces écouteurs dépend donc de votre profil.

Fournis dans la boîte de l'iPhone 5, de l'iPod touch 5G et de l'iPod nano 7G, ils sont de superbes écouteurs par défaut, à des années-lumières de ce que peuvent fournir les autres fabricants (nous avons utilisé les kits du Samsung Galaxy Nexus et du Nokia Lumia 800 en comparaison). Si vous n'écoutez pas beaucoup de musique mais avez besoin d'un bon kit piéton, vous n'aurez aucun souci avec ces Earpods.

Si vous êtes absolument allergiques aux intra-auriculaires, vous aurez du mal à trouver d'aussi bons écouteurs à moins de 50 €, notamment pour l'écoute de podcasts, la lecture de vidéos et généralement pour l'écoute à volume modéré. Ils seront à coup sûr une bonne mise à jour depuis les anciens écouteurs Apple. On mentionnera néanmoins, pour le même prix, les Sennheiser MX 580, aux basses plus raisonnables certes, mais qui peuvent carrément disparaître si les écouteurs ne sont pas parfaitement alignés.

Les Earpods ne peuvent néanmoins s'affranchir des contraintes inhérentes du format écouteur bouton. Les haut-parleurs minuscules ne peuvent rivaliser avec les membranes de plusieurs centimètres des casques, et les intra-auriculaires fournissent toujours une meilleure isolation. Pour 30 €, l'increvable Koss Porta Pro sera un bon casque ; les A-Jays Three ou les Sony MDREX38IPB ne démériteront pas côté intras.

Bref, Apple a réussi son pari d'améliorer son casque par défaut ; elle n'en a pas pour autant révolutionné le genre.