L'Agence Nationale des Fréquences Radio (ANFR) a publié une première version de son rapport concernant Free Mobile. Le journal Le Point a mis la main sur ce document (PDF) qui se base sur l'étude de 459 stations Free Mobile, soit la moitié environ des stations déclarées par le nouvel opérateur. En attendant la version définitive attendue pour la fin du mois, ce rapport dévoile quelques informations intéressantes sur le réseau de Free Mobile.
Dans un premier temps, l'ANFR tient à conforter l'analyse de l'ARCEP qui confirmait à la fin du mois dernier que Free Mobile respectait bien ses engagements de couverture (lire : Free Mobile: compte-rendu de l'audition de l'ARCEP). L'agence réserve son jugement au rapport définitif et après analyse de l'ensemble des stations, mais Free Mobile devrait effectivement couvrir 27 % de la population.
Le réseau déployé par l'entreprise de Xavier Niel est toutefois atypique, et ce pour plusieurs raisons. La position géographique des antennes d'abord a surpris l'ANFR : comme cette carte le montre bien, Free Mobile a placé des antennes sur tout le territoire français plutôt que de se concentrer sur quelques zones de fortes densités comme les opérateurs historiques l'ont fait.
Alors que la pratique commune des opérateurs consiste à couvrir en priorité les grandes agglomérations et les principales voies de circulation, en favorisant la création de solutions de continuité entre leurs cellules, Free Mobile a implanté bon nombre de ses stations de manière très espacée.L'ANFR a également mesuré des comportements atypiques qui montrent que le nouvel entrant a tendance à favoriser l'utilisation du réseau d'Orange plutôt que ses propres antennes. Dans deux cas sur trois, le téléphone ne se connectera pas à une antenne Free pourtant disponible, mais au contraire sur une antenne Orange également à portée. Facteur aggravant, ce téléphone ne fera pas de nouvelle tentative avant 30 minutes : les terminaux chez Free Mobile n'effectuent une "tentative spontanée de recherche de son réseau qu'environ deux fois par heure". L'ANFR juge que c'est trop peu par rapport à la carte des antennes déployées et que ce comportement favorise la connexion systématique au réseau d'Orange. Nous l'avions constaté de manière empirique, mais évidemment pas systématique : quand un iPhone a le choix entre une antenne Orange et une antenne Free Mobile, il choisit plutôt celle d'Orange. Ce rapport confirme donc ce comportement, même si l'agence reste prudente et estime qu'elle devra mener des tests complémentaires pour mieux comprendre le phénomène.
Cet iPhone chez Free Mobile est connecté au réseau d'Orange (lire : Free Mobile : connaître le réseau utilisé par votre iPhone).
Au total, le rapport est assez dur pour Free Mobile. Certes, l'opérateur couvre bien 27 % de la population et il est ainsi en règle avec les exigences demandées quant à son ouverture. Reste que cette couverture théorique ne suffit pas à analyser ce réseau d'un genre nouveau :
La couverture théorique reflète mal la réalité du fonctionnement d'un réseau hybride, comme celui de Free Mobile, reposant très largement sur l'itinérance.Dans les faits, les terminaux sont incités à se connecter sur le réseau d'Orange et Free Mobile construit son propre réseau pour maximiser l'itinérance et non pour couvrir le maximum de population. On imagine que le nouvel entrant étoffera sa couverture avec le temps, mais on comprend aussi qu'Orange cherche à redéfinir son accord…