ALICEM : le projet gouvernemental de biométrie de l'identité numérique critiqué

Stéphane Moussie |

Mi-mai, le gouvernement a publié un décret instaurant un nouveau moyen d'identification électronique, qui permettra de se connecter à différents sites du service public. Actuellement en phase de test, « Authentification en ligne certifiée sur mobile », abrégé ALICEM, prend la forme d'une application mobile disponible uniquement sur Android pour le moment.

Pour créer son compte ALICEM, il faudra prouver son identité en scannant, avec son smartphone, la puce de son passeport biométrique. La vérification du titre sera effectuée en interrogeant la base de données DOCVERIF. L'activation de l'application passe également par l'utilisation d'un système de reconnaissance faciale « statique », c'est-à-dire avec une photo, ou bien « dynamique », une vidéo où il faut faire des mouvements de tête.

La Quadrature du Net, association de défense des libertés numériques, a récemment attaqué ce décret devant le Conseil d'État en raison du caractère obligatoire de la reconnaissance faciale. « L’ouverture d’un compte ALICEM nécessite l’utilisation d’un dispositif de reconnaissance faciale, fondé sur le consentement de l’utilisateur ou de l’utilisatrice. [Or], il n’existe aucun autre moyen pour l’utilisateur ou l’utilisatrice de l’application ALICEM d’activer son compte sans passer par un dispositif de reconnaissance faciale », fait valoir l'association.

La critique est en fait la même que celle que la CNIL avait formulé l'année dernière. L'autorité indépendante rappelait déjà que le consentement n'était libre « que si le traitement de données est strictement nécessaire à la fourniture du service demandé par la personne, ou si une alternative est effectivement offerte par le responsable de traitement à la personne concernée. »

ALICEM ne propose d'alternative à la reconnaissance faciale, alors qu'il pourrait y en avoir, estime la CNIL, qui cite un face-à-face en préfecture ou en mairie, ou un appel vidéo en direct avec un agent, par exemple.

Le fonctionnement d'ALICEM rappelle en tout cas celui de l'« app Brexit » mise en place par le gouvernement britannique. Les citoyens européens qui veulent rester au Royaume-Uni après le Brexit peuvent soumettre leur demande de résidence permanente via une application mobile. Pour s'identifier, ils doivent scanner leur passeport biométrique puis prendre en photo leur visage.

L'application est uniquement disponible sur Android à l'heure actuelle, il faudra attendre iOS 13 pour qu'elle puisse être portée sur iPhone (il manque la possibilité de lire la puce d'un passeport). Cette application est optionnelle, les citoyens peuvent soumettre leur demande par voie postale ou bien en se rendant à un guichet dédié.

avatar SyMich | 

C'est exactement ma crainte... jamais je ne souscrirai à ce service d'authentification.

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