Batteries : le bridage de l'iPhone pourra être désactivé, annonce Tim Cook

Mickaël Bazoge |

Une prochaine mise à jour d'iOS permettra d'avoir une meilleure visibilité de la santé de la batterie de l'iPhone. Le système préviendra quand les performances de l'appareil seront réduites pour éviter une extinction inopinée ; mais si l'utilisateur le souhaite vraiment, alors il lui sera possible de désactiver cette fonction de bridage des performances.

Tim Cook a donné ces précisions à ABC News, durant une interview où il présentait les dernières initiatives d'Apple pour l'investissement aux États-Unis (lire : Apple veut rendre l'Amérique encore plus grande).

Ces fonctions seront proposées dans une bêta d'iOS qui sera disponible pour les développeurs le mois prochain (sans doute après iOS 11.2.5 qui en est à sa sixième préversion), puis pour le grand public peu de temps après. Si l'on savait qu'Apple planchait effectivement sur une meilleure présentation de la santé de la batterie, en revanche le réglage qui permettra de désactiver le bridage du processeur est nouveau.

Apple donnera donc le choix à l'utilisateur : bénéficier des performances maximales mais risquer de voir l'iPhone s'éteindre d'un coup pendant un appel par exemple, ou accepter des performances réduites mais avec une batterie qui tiendra le choc plus longtemps. En fin de compte, cette solution ressemble au meilleur des deux mondes. Tim Cook ne recommande pas de désactiver le bridage néanmoins, « parce que nous pensons que les iPhone des utilisateurs leur sont vraiment importants, et on ne peut jamais dire quand [un appel] est urgent ».

Tim Cook a aussi ajouté que lorsque la mise à jour qui a commencé à brider les processeurs de l'iPhone a été mise en place, « nous avons dit ce que c'était ». Mais « je ne crois pas que beaucoup de gens ont fait attention ». Effectivement, il y a sans doute eu comme un problème de communication car ce n'était pas du tout clair.

Et si vraiment la batterie est flinguée, le programme de remplacement à 29 € est toujours là jusqu'à la fin de l'année. Et pourquoi pas des batteries gratuites ? Tim Cook considère que « beaucoup de gens s'attendent à [investir dans] une nouvelle batterie à un moment donné ».

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Apple a pensé qu'il fallait réduire un peu les performances pour empêcher les extinctions inopinées des iPhone, en raison d'une batterie faiblarde (lire : Pourquoi Apple ralentit les iPhone aux batteries vieillissantes). « Peut-être que nous aurions dû être plus clair sur ce que nous faisions », admet Tim Cook. « Nous nous excusons profondément auprès de tous ceux qui pensaient qu'il y avait une autre motivation » : manière de répondre aux accusations d'obsolescence programmée. « Notre motivation, c'est l'utilisateur », assure le patron d'Apple.

Quant au fait de proposer des iPhone plus abordables, le CEO a expliqué que les appareils étaient vendus à un niveau de prix « cohérent » avec la valeur du téléphone. « Nous mettons beaucoup d'innovation dans ces téléphones, et nous pensons qu'ils sont à un prix raisonnable », justifie-t-il.

Made in America

Autre sujet abordé durant cette interview, le rapatriement des fonds actuellement stockés en dehors des États-Unis, qui n'est pas une opération blanche pour Apple. L'entreprise profite certes de la réforme fiscale qui abaisse le taux d'imposition sur les sociétés (il passe de 35% à 20%) ainsi que la baisse des taxes sur les bénéfices réalisés à l'étranger. La Pomme va tout de même signer un gros chèque de 38 milliards de dollars pour solde tout compte.

Cet argent n'aurait pas été versé avec l'ancien système fiscal, reconnait Tim Cook. Il est de notoriété qu'Apple réclamait une réduction du taux de rapatriement de l'argent réalisé à l'étranger. Apple « n'a jamais pensé que l'ancien système était bon pour les États-Unis » ; il poussait les gens à « investir ailleurs plutôt qu'au pays ». Le CEO ne donnera pas son sentiment en ce qui concerne les effets de la réforme fiscale pour les individus.

Le centre de données d'Apple, à Reno. Cliquer pour agrandir

Tim Cook espère que cet argent va servir à l'éducation, à la création d'emplois et aux infrastructures du pays qui ne sont pas spécialement en bon état. Le fonds consacré par Apple à l'emploi manufacturier et à l'innovation industrielle va être multiplié par cinq (5 milliards de dollars) : le constructeur a déjà investi 200 millions chez Corning par exemple.

Le groupe va également construire un nouveau campus pour abriter une partie des 20 000 nouveaux salariés qui seront embauchés dans les cinq ans ; ce campus ne sera pas en Californie ni au Texas. En revanche, Tim Cook a précisé qu'il voulait encore étendre les lieux où Apple est déjà présente.

Donald Trump a salué, dans son style habituel, l'initiative d'Apple. « J'ai promis que ma politique permettrait à des entreprises comme Apple de ramener aux États-Unis d'énormes sommes d'argent. C'est formidable de voir qu'Apple profite des RÉDUCTIONS DE TAXES. Une grande victoire pour les travailleurs américains et pour les États-Unis ! ».

L'entreprise est cependant en face d'un sérieux problème. Il y a en effet une « énorme pénurie » de développeurs logiciels et informatiques. « La demande dépasse de loin l'offre disponible », se désole Tim Cook. « Voilà quelque chose où l'on peut constater un décalage entre les personnes formées et les besoins de nos entreprises ». Un message que le patron d'Apple n'est pas le seul à vouloir faire passer à des autorités qui par ailleurs, veulent réduire drastiquement l'immigration.

C'est aussi ce qui explique les 2 500 $ en actions donnés à chacun des employés d'Apple, une largesse rendue possible par le rapatriement des fonds de l'étranger. « Nous sommes une des rares, et probablement une des seules entreprises de notre taille, où chaque personne est propriétaire de l'entreprise ». Ces actions « gratuites », c'est aussi une manière de stimuler la loyauté des employés. « Plutôt qu'un bonus unique, nous voulions faire quelque chose qui dure un certain temps ».

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