Le revirement d'Apple sur le ralentissement de l'iPhone « insuffisant » pour HOP

Stéphane Moussie |

Après plusieurs semaines de polémiques et de multiples actions en justice, Tim Cook a annoncé que le bridage des performances de l’iPhone en vue de préserver sa batterie vieillissante serait finalement optionnel. Même si elle ne le recommande pas, Apple permettra aux utilisateurs de restaurer toute la puissance de leur iPhone, quitte à entraîner des extinctions inopinées, avec une mise à jour d’iOS prévue le mois prochain.

« Cette mesure va dans le bon sens, mais elle est insuffisante », estime Laëtitia Vasseur, la cofondatrice de l’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP), interrogée par nos soins. Selon elle, l’utilisateur reste « totalement démuni », car le choix laissé par Apple est « soit un téléphone qui va ramer, soit un téléphone qui risque de s’éteindre à tout moment. » Il s’agit juste d’« une communication qui cherche à éteindre l’incendie », ajoute-t-elle. Face au scandale, Apple a baissé le prix du remplacement de la batterie à 29 € jusqu’à la fin de l’année.

HOP a porté plainte contre Apple fin 2017 pour délit d’obsolescence programmée, entraînant l’ouverture d’une enquête préliminaire de la direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). La loi punit depuis 2015 « le recours à des techniques par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d’un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie pour en augmenter le taux de remplacement ».

La « technique » visée par la plainte de HOP est le ralentissement de l’iPhone, ralentissement qui doit être comparé à une réduction de la durée de vie, selon l’association qui prend l’exemple d’une voiture qui serait bridée à 50 km/h du jour au lendemain.

Or, en permettant aux utilisateurs de retirer ce bridage — quitte à provoquer des arrêts soudains — Apple ne contrecarre-t-elle pas la plainte ? « Ce sera à la DGCCRF et au procureur de décider si pour eux les éléments ne sont plus assez percutants pour juger ce cas comme étant de l’obsolescence programmée », nous répond Laëtitia Vasseur. En tout cas, l’association ne compte pas retirer sa plainte.

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